Insécurité au Sahel : Parcours d’un jeune burkinabè refugié au Niger pour vivre dignement

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Insécurité au Sahel : Parcours d’un jeune burkinabè refugié au Niger pour vivre dignement
Insécurité au Sahel : Parcours d’un jeune burkinabè refugié au Niger pour vivre dignement

Africa-Press – Niger. A 21 ans, le jeune Combari Magoulba coulait des jours heureux dans sa commune natale de Logoubou, dans l’Est du Burkina Faso, lorsqu’un soir de décembre 2021, une horde de terroristes s’empara de son école avant de la réduire en cendre et de menacer de mort celles et ceux qui voudront se rendre à « l’école des blancs ». En classe de terminale scientifique

« D » Combari a pris congé de ses parents, de son épouse et de leur petit garçon pour se lancer sur les routes de l’exil, à la recherche d’un monde meilleur. Partisan du dialogue et pacifiste affirmé, il savait que ses jours étaient comptés s’il devait rester sur place, dans le secteur de Diapaga, dans un territoire en proie aux assauts incessants des terroristes.

Se ruer vers la frontière la plus proche et le pays le plus stable de la région était « le seul salut possible » pour Combari Magoulba. « Dans notre commune, les djihadistes ont tué beaucoup de gens, à Diapaga aussi c’est comme ça. Même chez nous ils ont tout brûlé, les établissements scolaires, tout », explique le jeune refugié qui se rappelle avec tristesse et au détail près de la souffrance endurée. Le 10 janvier 2021, il trouve enfin refuge au Niger, dans le 5ème arrondissement communal de Niamey et s’efforce d’oublier au plutôt les nombreuses raquettes dont il a été l’objet du côté nigérien, lors des contrôles de sécurité. « La seule chose que j’avais en tête, c’était de vite trouver une source de revenu pour aider mes parents qui sont restés derrière », dit-il.

Sous notre insistance, il finit par se résoudre à retracer « cette seconde souffrance » qu’il a vécue sur la route de l’exil. « C’est à l’intérieur du Niger que ça a été difficile pour moi », se souvient-t-il encore aujourd’hui. L’absence d’une pièce d’identité nationale du Niger a joué à ses soucis, malgré l’appartenance de son pays natal et du Niger à des instances communes qui prônent la libre circulation des personnes et des biens. « On dit parfois de payer 5.000 FCFA, parfois 3.000FCFA, et si tu vois que la voiture va partir te laisser, tu es obligé de donner. J’ai dépensé au moins 20.000 FCFA pour venir ici avec les policiers », regrette Combari Magoulba. Mais pour lui, la page est tournée. Le Niger est désormais sa terre d’adoption.

« Depuis que je suis venu, je suis en bonne santé. Je gagne un peu pour manger », affirme-t-il avec philosophie. Avant l’installation du mois de Ramadan, il arrivait même à envoyer un peu de soutiens financiers à son père qui s’occupe aussi de sa femme et de ses deux enfants. Il s’accroche à l’idée de pouvoir, un jour, faire venir ces derniers au Niger sans que cela lui empêche de continuer à soutenir financièrement sa grande famille qui compte, avec les trois femmes de son père et ses frères et sœurs, une trentaine de membres. En tant que fils aîné, il s’assume devant cette lourde responsabilité qui lui incombe de par la coutume.

D’agent d’hôtellerie à vendeur de poisson, M. Magoulba prend en main son destin

C’est onze mois après avoir trouvé refuge au Niger, en décembre 2022, que Combari Magoulba se lance dans la vente de poisson de mer au quartier Seno, dans le 5ème arrondissement communal de la ville de Niamey. L’école d’à côté, lui rappelle quotidiennement, avec amertume, son ancienne école de Logobou brulée par les terroristes il y’a de cela un an, le Complexe scolaire privé Yentema. Surtout, le va-et-vient de ses jeunes clients scolaires lui rappelle l’opportunité détruite qu’il avait de réussir sa scolarité. Et, cette pensée le « motive davantage à réussir dans la quête de stabilité financière et à retourner sur les bancs de l’école un jour ».

« L’idée de vendre du poisson est venue à travers un ami d’ici, un cousin Zarma. C’est lui qui m’a conseillé de ventre du poisson de mer frit afin de gagner un peu de sous. C’est grâce à son conseil que j’ai commencé ça», confie le jeune refugié Burkinabè qui refuse de vivre en tendant la main comme le font la plupart des jeunes qui sont dans sa situation.

Chaque matin, avant le lever du soleil, il commence sa journée en allant à la recherche de sa matière première, le poisson de mer, avant de rejoindre son lieu de commerce où il commence à les frire. « C’est un peu compliqué à pareil moment. Les clients sont pressés d’être servis », lance-t-il, tout en continuant de servir les élèves avant que la cloche ne sonne le début de la journée de classe. Ce sera alors au tour des nombreuses femmes et jeunes du quartier de venir chercher leur petit-déjeuner et des poissons pour la sauce du déjeuner. « Je gagne un peu dans ça. Actuellement, je loue même une maison à 15.000 FCFA dans le quartier », se satisfait-il encore.

Avant de se poser au quatier Seno, Combari Magoulba qui a séjourné d’abord à Karey Gorou après avoir quitté sa commune meurtrie, a vécu un second traumatisme. Il était agent d’hôtellerie dans un centre où les jeunes de Niamey aimaient venir. Ce site a dû fermer pour cause de menaces terroristes. Le jeune refugié traversa alors la

« grande galère », mais refusa d’aller vers les humanitaires pour chercher secours. Convaincu que seul le travail façonne l’Homme, il refuse catégoriquement de tendre la main pour manger. « Par contre, si je gagne pour continuer mes études, je peux faire les deux ; je le sais », lance-t-il.

Tous les frères de Cambori Magoulba ont quitté Lougoubou pour partir en exil. Ils cherchent aussi à faire comme leur frère qui est Niger à partir de leurs différents pays d’accueil.

 

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