Intégration des jeunes diplômés à l’Ordre des Géomètres Experts du Niger : Les exigences requises créent l’incompréhension entre les jeunes et les ‘’séniors’’

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Intégration des jeunes diplômés à l’Ordre des Géomètres Experts du Niger : Les exigences requises créent l’incompréhension entre les jeunes et les ‘’séniors’’
Intégration des jeunes diplômés à l’Ordre des Géomètres Experts du Niger : Les exigences requises créent l’incompréhension entre les jeunes et les ‘’séniors’’

Africa-Press – Niger. Au Niger, la question de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés reste une problématique majeure au quotidien et dans les débats des citoyens. Malgré la multitude d’écoles de formation professionnelle et le foisonnement de centres d’apprentissage pour promouvoir l’entrepreneuriat, les jeunes nigériens peinent à s’auto-employer soit par leur désir ardent d’aller toujours plus vite ou par refus des anciennes générations de partager leurs expériences avec cette jeunesse souvent bardée de diplômes et sans un savoir-faire.

En effet, cette situation crée un état de conflit intergénérationnel entre la jeunesse qui veut s’intégrer au marché de l’emploi et les « seniors » qui ont commencé au plus bas niveau de l’échelle pour se hisser au sommet. Ainsi, entre les textes de certains corps de métiers exigeants et les ambitions des jeunes, un énorme fossé se creuse, car ils sont nombreux à se plaindre des législations qui régissent l’intégration à certains ordres professionnels.

Mansour Sidi est un jeune diplômé en topographie de l’institut universitaire de Zinder, et Directeur Général d’un cabinet de la place. Il est également le président de l’Association des Ingénieurs Géomètres du Niger qui est une structure qui regroupe plus de 130 diplômés.

Ce consortium de jeunes reproche à l’Ordre, des Géomètres Experts du Niger de freiner sciemment leur adhésion à l’Ordre les privant ainsi de pouvoir exercer en toute légalité. Selon Mansour Sidi, l’ordonnance de 2010 qui avait consacré la création de l’ordre détermine que seul un titulaire d’un bac plus cinq (Bac +5) est éligible à s’inscrire dans l’ordre. Mais dans les Universités du Niger, dit-il, la formation s’arrête au niveau Bac+3. « Même s’il y a des travaux qu’un titulaire de bac+3 ne peut pas faire, il est primordial qu’il puisse intégrer l’ordre pour avoir un corps qui le protège. Parce qu’il y a un tableau de métiers réservé pour les titulaires d’un bac plus deux jusqu’à cinq », explique-t-il.

Par ailleurs, M. Mansour Sidi dénonce la sourde oreille du Conseil de l’ordre qui avait catégoriquement refusé tout dialogue avec eux, car dit-il, depuis la création du département en 2011 à l’Université de Zinder, aucun jeune diplômé n’a pu s’inscrire dans l’ordre. Ainsi, ajoute-t-il, beaucoup d’entre eux sont exploités dans des projets de construction, sous la menace de faire ce qu’on leur demande et bien que les ouvrages ne respectent pas les normes standards. « Par rapport à cette question de l’intégration, nous avons écrit au ministre de l’Urbanisme et au Premier ministre, mais hélas, c’est resté sans suite », a-t-il relevé.

Selon le président de l’Association des ingénieurs géomètres du Niger le souhait de ces jeunes est d’être autorisés à s’inscrire dans l’ordre. « A défaut d’avoir le bac plus cinq, on peut aussi jouer sur le nombre d’années d’expériences au compteur pour permettre à tout un chacun de travailler. En 2021, il y a eu l’adoption d’un décret portant validation de l’ordonnance de 2010, nous voulons que ce dernier soit révisé par le Ministère de l’Urbanisme », a souhaité Mansour Sidi.

Le président de l’Ordre des Géomètres Experts du Niger, M. Sani Moussa Loutou souligne que, de par les textes qui régissent l’ordre à ce jour, il n’existe aucun géomètre qui ne fait pas partie de l’ordre des Géomètres Experts du Niger. « Pour être géomètre expert, c’est un parcours qui n’est pas facile compte tenu de la spécificité des rôles puisqu’il est question de trancher sur l’exactitude de la mesure de la terre. Or, ce n’est pas donné à tout un chacun de le faire », a expliqué, M. Sani Moussa Loutou, tout en insistant sur la particularité de la profession.

Selon lui, les jeunes d’aujourd’hui ont soif de créer des cabinets en leur nom. « Ça, c’est la nature de nous autres Nigériens », estime-t-il. Cette situation, explique-t-il, on ne la rencontre qu’au Niger, car dans les autres pays voisins qui nous entourent il n’y a pas ce cas de figure, les rôles sont clairement définis. « Notre souci aujourd’hui, c’est de faire travailler tout le monde parce que si on respecte tous ces textes, on allait faire travailler tous ceux-là qui s’agitent, à trouver de quoi faire. Malheureusement aujourd’hui, on veut faire comme l’autre qui a gravi tous les échelons possibles, tous les obstacles, sans suivre les étapes. Or, c’est ce qui garantit la fiabilité non seulement du travail, mais aussi la propriété foncière », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, le président de l’ordre a précisé que ces jeunes, notamment ceux qui sont sortis de l’Université de Zinder, ne peuvent travailler avec leur niveau actuel que sous la coupe d’un géomètre expert. « Ils ne peuvent pas signer un document de délimitation foncière de quelques natures que ça soit. S’ils signent en leurs noms, c’est du faux et juridiquement, il n’est pas valide et tôt ou tard ça va resurgir », prévient-il. D’après le président de l’ordre des géomètres, pour être inscrit au tableau de l’ordre, le jeune doit avoir un niveau d’étude de bac plus cinq et de deux ans de stage dans un cabinet de géomètre expert. À l’issue des deux ans de stage, il est inscrit sur le tableau de l’ordre des géomètres experts.

Mais cela ne suffit pas, ajoute-t-il, car aussitôt son dossier est transmis au Ministère de l’Urbanisme pour un agrément comme géomètre expert. « Le Ministère peut, nonobstant qu’on l’ait inscrit, décider de ne pas l’agréer », souligne-t-il, avant de poursuivre que l’arrêté de reconnaissance du Ministère à lui seul ne suffit pas pour être reconnu comme Géomètre expert, car il faut transmettre un autre dossier de requête au Ministère de la Justice pour assermentation de cet expert au niveau de la Cour d’Appel. « C’est seulement une fois qu’il prête serment qu’on peut l’autoriser à exercer la profession comme il se doit dans la mesure où le juge le renvoie à l’exercice de sa profession », explique le président de l’ordre de géomètre.

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