Africa-Press – Niger. Unique dans le Système solaire et l’un de ses plus beaux joyaux, la grande tache rouge de Jupiter fascine les astronomes par ses caractéristiques hors normes. Avec ses quelque 14.000 kilomètres de longueur, cet anticyclone dépasse ainsi le diamètre de la Terre. S’enracinant à plus de 300 kilomètres sous les plus hauts nuages de la planète jovienne, elle serait ainsi cent fois plus profonde en moyenne que nos océans. En périphérie, les vents soufflent par ailleurs à plus de 450 km/h !
Une exceptionnelle longévité
Mais ce phénomène météorologique intrigue aussi par son âge, son exceptionnelle longévité. Il existerait, en effet, depuis au moins le milieu du 17e siècle, période où l’astronome savoisien Jean-Dominique Cassini (par la suite naturalisé français) commença à l’observer avec son télescope. Et serait ainsi le plus grand mais aussi le plus ancien vortex du Système solaire !
A titre de comparaison, la tempête la plus longue jamais enregistrée sur Terre – baptisée Freddy et alimentée par des vents soufflant à plus de 220 km/h – aura duré 37 jours, début 2023, dans l’océan Indien.
Une somme de documents analysés
C’est, du moins, ce que les scientifiques ont longtemps imaginé. Car des chercheurs espagnols ébranlent cette idée communément admise. Publiés dans la revue Geophysical Research Letters, leurs travaux les poussent à conclure que l’œil rouge de Jupiter (dont la couleur résulterait de réactions chimiques entre certains composés remontant des profondeurs de la géante gazeuse et les rayonnements ultraviolets du Soleil) ne serait pas le même que celui découvert en 1665 par Jean-Dominique Cassini !
Pour cela, ils ont réuni et analysé quantités de documents historiques, des premiers dessins réalisés au 17e siècle jusqu’aux photographies prises tout récemment par la sonde Juno de la Nasa.
Dessins de la tache permanente réalisés au 17e siècle par Jean Dominique Cassini.
Iconique vortex
Lorsque Cassini identifie une gigantesque formation atmosphérique ovale et de couleur foncée aux mêmes latitudes que l’iconique vortex actuel, il lui donne alors le nom de « Tache permanente ». Lui et ses contemporains l’observent en effet de façon continue jusqu’en 1713, moment où ils en perdent la trace. Il n’existe par la suite aucun témoignage prouvant la persistance du phénomène.
Et ce n’est pas avant 1831 que des astronomes font à nouveau état d’une gigantesque structure ovale dans les mêmes régions de la planète jovienne. A la fin du 19e siècle, celle-ci apparait alors presque trois fois plus grosse que l’anticyclone actuel: 39.000 kilomètres de longueur, le vortex ayant en effet progressivement rétréci tout en adoptant une forme plus ronde ainsi qu’une couleur tendant davantage vers le brun.
Un phénomène âgé tout de même de 190 ans
« En se fondant sur les mesures de taille et de mouvements, nous déduisons qu’il est hautement improbable que l’actuelle grande tache rouge corresponde à la « Tache permanente » observée par Cassini », soutient ainsi Augustin Sanchez-Lavega, premier auteur de l’étude dans un communiqué de l’université du Pays basque. La Tache permanente aurait donc probablement disparu vers le milieu du 18e siècle. Et « nous pouvons désormais affirmer que la grande tache rouge est âgée au moins de 190 ans », souligne le chercheur, qui même rajeunie, demeure encore la plus ancienne et plus impressionnante tempête du Système solaire.
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