Notre stress pousse les chiens à prendre des décisions plus “pessimistes”, souligne une étude

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Notre stress pousse les chiens à prendre des décisions plus
Notre stress pousse les chiens à prendre des décisions plus "pessimistes", souligne une étude

Africa-Press – Niger. Des recherches ont pu, par le passé, prouver que les chiens perçoivent le stress humain. Cette capacité est-elle limitée aux odeurs de leur entourage ? Le stress a-t-il un impact sur l’apprentissage de ces animaux ? Une étude britannique publiée dans la revue Scientific Reports s’est penchée sur ces questions.

L’odeur de stress et de relaxation recueillie sur des tissus

La première étape de cette étude a consisté à recueillir l’odeur de personnes étrangères aux chiens lorsqu’elles étaient en situation de stress.

Pour cela, onze volontaires ont accepté de prononcer un discours face à des chercheurs aux visages stoïques. Ces personnes ont ensuite participé à une séance de relaxation pendant laquelle elles ont, pendant vingt minutes, regardé des images apaisantes de paysages naturels. De quoi les détendre.

Les odeurs émises par les sujets lors de ces deux mises en situation ont été recueillies avec des tissus en coton placés sous leurs aisselles avant chaque session, et par leur haleine après une bouffée d’expiration sur un tissu.

Finalement, ce sont les odeurs de trois participants (2 femmes et 1 homme, entre 18 et 26 ans) ayant un taux de stress élevé qui ont été retenues. Elles ont été estimées à partir du taux de cortisol – hormone produite lors d’un stress – présent dans leur salive.

Un emplacement spécifique pour les bols “positif” et “négatif”

La deuxième phase de l’expérience était l’observation du comportement de chiens en présence de ces deux odeurs différentes. Ce sont 18 canidés de races différentes (11 mâles et 7 femelles) qui ont participé à cette expérimentation lors de trois sessions.

Chaque propriétaire de chien était assis avec son animal en face d’une sorte de paravent en bois dont la partie inférieure s’ouvrait de cinq petites trappes. Les chaises sur lesquelles les maîtres avaient pris place était équipées, sur un de leurs pieds, d’un pot dans lequel était glissé l’un des trois tissus (sans odeur, avec odeur de stress ou avec odeur liée à la relaxation).

Ce pot restait ouvert pendant vingt secondes avant chaque session pour permettre à l’odeur d’être libérée et détectée par le chien (il pouvait renifler le pot directement).

Les chercheurs avaient mis sous les trappes soit un bol rempli de croquettes, pour celle située à l’extrême gauche (côté “positif”), soit un bol vide à l’extrême droite (côté “négatif”). Entre ces trappes se trouvaient trois autres trappes dites “ambiguës” dans lesquelles il n’y avait jamais de récompense.

Le premier test (session 1) a commencé sans odeur, avec pour but d’entraîner les chiens à distinguer le bol positif du bol négatif. Ensuite, lors de la phase de test (session 2 et 3), les animaux découvraient les positions dites “ambiguës”.

Naturellement, un chien entraîné se déplacera de bon gré vers le bol “positif” avec l’idée d’y trouver des croquettes, et évitera le bol “négatif” identifié comme vide.

Un stress qui affecte les chiens

Ensuite, une partie des chiens a d’abord expérimenté l’odeur relaxante (session 2) puis l’odeur stressante (session 3). L’autre partie a fait le contraire: d’abord l’odeur stressante puis la relaxante.

Résultats: les chiens ayant senti l’odeur de stress en second ont eu une réaction différente des membres de l’autre échantillon canin. Ils étaient, en effet, plus susceptibles de ne pas s’approcher du bol ambigu placé vers la trappe “négative” à l’extrême droite.

“Nos résultats indiquent que, par rapport à l’odeur de tissu vierge, la présence d’une odeur de stress humain au cours de la session 3 a incité les chiens à adopter des comportements de réduction des risques et à réagir de manière plus ‘pessimiste’ à l’éventualité d’une récompense à l’emplacement ambigu […]. Cela suggère que les chiens de ce groupe étaient dans un état affectif plus négatif en présence d’une odeur de stress qu’en présence d’une odeur de tissu vierge”, indiquent les chercheurs dans leur étude.

En outre, les chiens qui avaient senti l’odeur de stress à la fin de l’expérimentation se déplaçaient volontiers pour chercher leur récompense au bol positif mais pas au bol négatif, signe d’une meilleure mémorisation et donc d’un meilleur apprentissage des emplacements de ces récipients.

Le stress pourrait provoquer une réduction des risques

Selon les chercheurs, l’apprentissage s’est fait pendant les sessions et n’a pas eu d’influence sur les sessions suivantes, c’est-à-dire que les odeurs présentes lors d’une session ont pu influencer l’apprentissage du chien lors de son déroulement (comme c’est le cas du stress à la session 3) mais n’ont pas eu d’influence sur les autres sessions.

En effet, les chiens ayant été en présence de l’odeur stressante en premier (session 2) puis de l’odeur relaxante en deuxième (session 3) ont atteint leur maximum de mémorisation lors de la session 2 et elle s’est maintenue lors de la session 3. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas eu de différence flagrante dans la reconnaissance des bols.

Selon les chercheurs, “l’odeur de stress peut avoir influencé l’apprentissage au cours d’une session, mais pas le rappel de la mémoire lors de la session suivante”. Par contre, les chiens ayant expérimenté l’odeur stressante lors de la session 3 montrent une baisse de la mémoire au vu de leur réponse.

Réagir au signal “stress”: un comportement inné chez les chiens

Concernant la réticence des chiens à se diriger vers la trappe proche de celle contenant le bol négatif, il est possible de considérer que les animaux ont estimé qu’elle ne contenait tout simplement pas de nourriture, puisque selon les chercheurs, les chiens “évaluent le risque et donnent de la valeur à la récompense.”

Le stress pourrait de plus avoir provoqué un léger état émotionnel négatif. Il est possible selon l’étude “qu’ils aient été moins enclins à prendre le risque de s’approcher d’un endroit où ils considèrent qu’une récompense est peu probable”.

Comme le signal de stress est une odeur non familière, les chiens auraient la capacité de réagir au stress de tous les humains, et ce de façon innée, selon une étude publiée en 2023 par la revue Animal Cognition.

Cette étude pourra donc participer à une amélioration des entraînements canins grâce à la prise en compte de l’impact olfactif sur la mémorisation des chiens, notamment celui de personnes qui leur sont étrangères pendant leur apprentissage.

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