Plantes Augmentent Nectar en Réaction au Bourdonnement

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Plantes Augmentent Nectar en Réaction au Bourdonnement
Plantes Augmentent Nectar en Réaction au Bourdonnement

Africa-Press – Niger. Tous les insectes n’ont pas le même bourdonnement, et les plantes le savent bien. Dans une étude présentée dans le cadre de la 188e réunion de l’Acoustical Society of America, Francesca Barbero, professeure de zoologie à l’Université de Turin (Italie), et ses collaborateurs entomologistes, ingénieurs du son et physiologistes végétaux, démontrent que les plantes savent différencier les bourdonnements des différents insectes butineurs. Pour assurer leur survie, elles augmenteraient leur production de nectar sucré à l’approche d’un pollinisateur, et au contraire la réduiraient face aux insectes plus opportunistes.

Une relation coévolutive

« En général, l’interaction plante-insecte a été étudiée en tenant compte des signaux visuels et olfactifs, tandis que nous avons approfondi le rôle des signaux vibroacoustiques dans la pollinisation », précise la chercheuse.

Elle et son équipe ont utilisé le muflier (Antirrhinum litigiosum) comme espèce modèle Le muflier est visité par divers insectes pollinisateurs, mais parmi eux, l’abeille solitaire Rhodanthidium sticticum (parfois appelée abeille-escargot) est le plus efficace. Des enregistrements du bourdonnement produit par une abeille Rhodanthidium ont été diffusés autour des fleurs afin d’observer leurs réactions. Les chercheurs ont découvert que les sons des abeilles les incitaient à augmenter leur volume de sucre et de nectar, et même à modifier l’expression génétique qui régit le transport du sucre et la production de nectar.

« La plante économise des ressources lorsque le « méchant » insecte vole à proximité »

Parmi les butineurs, certains sont surnommés « voleurs de nectar ». Ces derniers prélèvent le nectar fourni par la plante, sans en assurer la pollinisation. La relation de symbiose entre la plante et l’insecte pollinisateur assure un échange mutuel: la plante fournit un nectar sucré à l’insecte comme ressource alimentaire. Ce dernier, bien nourri, transporte ensuite le pollen d’une fleur à une autre, favorisant ainsi la reproduction de la plante. En atteignant la plante sans toucher les organes reproducteurs, le voleur de nectar ne respecte pas les règles de la symbiose et empêche le transfert de pollen.

A. litigiosum est également fréquentée par ces insectes nectarivores. « Nous avons également utilisé les sons d’une espèce nectarivore, ainsi que deux sons témoins », précise Francesca Barbero. Aucune augmentation de la production de nectar n’a été détectée chez les plantes traitées aux sons des nectarivores ou aux sons témoins. « De plus, la reproduction des sons des nectarivores a révélé une diminution de la concentration en sucre. On peut penser que la plante économise des ressources lorsque le « méchant » insecte vole à proximité », ajoute-t-elle.

Les résultats de l’expérience montrent que le muflier peut détecter, discriminer et réagir aux sons d’un insecte qui s’approche.

Des preuves d’une communication inter-espèces

Bien que les preuves sur les mécanismes soient encore limitées, cette étude montre que les plantes peuvent détecter et réagir à leurs environnements malgré l’absence de cerveau. Par exemple, « en situation de déficit hydrique, les plantes peuvent également produire activement des sons par un processus appelé cavitation, explique Francesca Barbero. Le son est émis lorsque des bulles d’air interrompent le système conducteur de l’eau et créent une tension dans les tissus du xylème. »

D’autres chercheurs ont trouvé des résultats similaires chez l’onagre des plages (Oenothera drummondii), mais des recherches sur d’autres espèces sont nécessaires pour confirmer cette propriété.

Cette réponse des fleurs pourrait être une stratégie de survie et de coévolution, surtout si les plantes peuvent influencer le temps passé par les pollinisateurs dans leurs fleurs pour accroître leur fidélité. « Mais cette influence sur le comportement des insectes est moins évidente et doit encore être étudiée », poursuit la chercheuse. Si cette réponse des insectes est confirmée, les sons pourraient être utilisés pour traiter les plantes et accroître l’attraction de leurs pollinisateurs.

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