Francisco Tenreiro et la Dualité de Son Héritage Poétique

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Francisco Tenreiro et la Dualité de Son Héritage Poétique
Francisco Tenreiro et la Dualité de Son Héritage Poétique

Téla Nón

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Le ministère de l’Éducation et de la Culture m’a invité, à l’occasion du 82e anniversaire de la naissance de Francisco José Vasques Tenreiro, à évoquer cette figure éminente: poète, conteur, essayiste, géographe, professeur universitaire et intellectuel majeur dans le panorama littéraire portugais et africain du milieu du XXe siècle.

Face à ce défi, j’ai hésité avant d’accepter, conscient de l’importance de cette personnalité dans le processus de prise de conscience politique et culturelle mené par les élites africaines au Portugal avant les luttes de libération nationale. Cependant, deux raisons m’ont convaincu: l’opportunité rare de dialoguer avec la jeunesse étudiante sur ce sujet, et le plaisir renouvelé d’évoquer l’œuvre du poète incomparable de la négritude qu’était Francisco Tenreiro.

Je me souviens de l’avoir rencontré jeune, notamment en 1961 à São Tomé, où il passait ses après-midis à écrire et à lire dans le bureau où mon père travaillait. C’est à cette époque que j’ai découvert son immense savoir, lors d’une conférence mémorable sur la géographie humaine, où il captiva son auditoire pendant deux heures.

Francisco José Vasques Tenreiro, né à São Tomé le 20 janvier 1921, fut envoyé très jeune à Lisbonne pour y étudier. En 1942, à 21 ans, il publia Ilha de Nome Santo, considéré comme l’introduction de la négritude en langue portugaise. Ses poèmes, tels que Romance de seu Silva Costa et Romance de Sinhá Carlota, exaltent la terre africaine et ses valeurs, tout en dénonçant les injustices du colonialisme.

Parallèlement à ses activités littéraires, il s’engagea dans la recherche en géographie, collaborant avec des intellectuels comme Amílcar Cabral et Mário Pinto de Andrade. En 1951, il co-fonda le Centre d’études africaines, qui fut crucial dans l’émergence des mouvements de libération des colonies portugaises.

Son parcours illustre une dualité: d’une part, l’exaltation de ses racines africaines ; d’autre part, son éducation européenne, qui le liait à une vision de dialogue entre l’Europe et l’Afrique. Cette tension transparaît dans ses œuvres et reflète les contradictions d’un homme divisé entre deux mondes.

Francisco Tenreiro mourut en 1963, laissant un héritage poétique et intellectuel qui continue d’inspirer et d’interroger. Ses contributions à la négritude et au panafricanisme restent des éléments incontournables de l’histoire culturelle de São Tomé-et-Príncipe et de l’Afrique.

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