Afrique. Où la Chine pourrait-elle construire sa nouvelle base navale?

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Afrique. Où la Chine pourrait-elle construire sa nouvelle base navale?
Afrique. Où la Chine pourrait-elle construire sa nouvelle base navale?

Mustapha OUARAB

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Selon plusieurs analyses et rapports concordants, la question n’est plus si Pékin établira sa deuxième base navale en Afrique sur la côte atlantique, mais plutôt quand, et où ? Une éventuelle base qui fera partie de la volonté de la Chine de devenir une force militaire mondiale, capable de projeter sa puissance loin de ses côtes.

Mais malgré la discrétion (sinon la confusion) dont les Chinois entourent ce sujet sensible, les plans signalés par les observateurs avertis d’ajouter une autre base navale en Afrique, soulèvent déjà des questions sur la stratégie de plus en plus militarisée de la Chine, qui pourrait attiser parmi les Africains des craintes de voir leur souveraineté compromise, dans un contexte de nouvelle “ruée” des puissances mondiales vers leur continent.

Les Africains eux-mêmes premiers concernés par le sujet, sont fortement divisés sur l’établissement de bases étrangères sur leur sol. Ainsi, alors que certains gouvernements africains ont tendance à les considérer comme des opportunités, leurs citoyens ont tendance à être plus circonspects.

Toutefois, les spéculations vont bon train depuis quelques années déjà, sur les lieux possibles qui hébergeront la future nouvelle base navale de l’Armée populaire de libération Chinoise sur la côte Atlantique de l’Afrique.

Selon le classement 2023 établi par le site américain spécialisé Wisevoter, la Chine se positionnerait en tête des plus grandes puissances maritimes du monde, devant les États-Unis, la Russie, la Corée du Nord et le Japon ; respectivement deuxième, troisième, quatrième et cinquième dans le classement.

Pourtant, les États-Unis ont plus de bases militaires à l’étranger que toutes les autres puissances militaires réunies, selon un rapport du célébrissime magazine américain Foreign Policy. Elles sont estimées à 750, et se répartissent dans plus de 80 pays, plus que tout autre peuple, État ou empire de l’histoire de l’humanité.


Montée en force navale Chinoise

Dans le passé, la Chine communiste affichait qu’elle était très différente de l’Occident, et que par conséquent, elle n’avait aucun intérêt à projeter sa puissance militaire dans des mers lointaines, que ce soit sous forme de bases militaires étrangères ou à mener des actions similaires aux activités militaires de l’Occident, qu’elle a longtemps critiquées. Mais les choses ont radicalement changé, depuis l’avènement du 21ème siècle.

Cela fait deux décennies que les autorités de Pékin renforcent leur flotte et réduisent l’écart, et elles ont déjà comblé une bonne partie de leur retard, par leur programme de construction navale qui impressionne même les Américains.

Des rapports occidentaux ont révélé une nouvelle stratégie par laquelle la Chine s’emploie à construire et vite des destroyers, des navires de guerre amphibies, des porte-avions, des sous-marins nucléaires et des bateaux d’attaque rapide, en plus de nombreuses autres plates-formes navales dans le cadre d’un effort clair pour imposer son hégémonie régionale et sur le mers internationales, et de “remplacer” les États-Unis.

Cela intervient, bien sûr, dans le contexte de la nouvelle guerre froide entre Pékin et Washington, qui est entrée dans une phase très dangereuse depuis Joe Biden a pris ses fonctions à la Maison Blanche, et annoncé «le retour de l’Amérique au leadership mondial», alors que la Chine rejette l’actuel ordre mondial et œuvre à le remplacer par un ordre multipolaire.

«La Chine a surpassé l’US Navy en nombre de navires de guerre». C’est l’amer constat du Pentagone, qui a publié le premier septembre 2020 un rapport détaillant les divers aspects de la puissance militaire chinoise. La République populaire pouvait se targuer ainsi d’avoir(en 2020) 350 navires de guerre et sous-marins, alors que la marine américaine n’en possédait que 293. Cependant, le rapport du Pentagone estimait que l’avance technologique et logistique de l’US Navy sur la Chine se réduit d’année en année.

Pour ne citer que l’exemple des porte-avions, officiellement acheté à l’Ukraine en 2000 par un homme d’affaires de Macao pour être transformé en casino flottant, l’ex-porte-avions russe Varyag a bel et bien été achevé à cet homme d’affaire inconnu, comme porte-avions. Bien des années plus tard, il fut baptisé Liaoning par les Chinois, et remis en service le 24 septembre 2012 avec faste et en toute pompe par le président Hu Jintao. Ce bâtiment de guerre permet à la Chine de conforter son statut de grande puissance, car la possession d’un porte-avions étant l’apanage des nations importantes, et notamment celles qui sont membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Actuellement, Pékin possède deux porte-avions et en construit un nombre inconnu d’autres.

Selon l’ex secrétaire américain de la Défense, Mark Esper, le gouvernement de Xi Jinping a fait appel aux industries les plus innovantes du marché civil pour moderniser et repenser l’organisation de l’armée chinoise. Ainsi, Pékin n’aura pas seulement l’avantage du nombre dans le domaine maritime mais construira bientôt plus de missiles balistiques que les industries américaines. Des missiles qui pourraient porter facilement des armes atomiques. Le rapport du Pentagone précise aussi que même si l’armée chinoise n’est pas encore supérieure aux forces américaines, les États-Unis doivent réagir s’ils ne veulent pas perdre leur statut de première puissance militaire mondiale à l’horizon 2050.

La stratégie des «mers lointaines»

Le profil militaire grandissant de la Chine en Afrique suit son expansion économique sur le continent, comme en témoigne la base chinoise dite «de soutien logistique» à Djibouti. Ce profil s’oriente vers une définition, toujours de plus en plus large de ses intérêts mondiaux. En conséquence de cause, les activités économiques et commerciales en Afrique, poussent Pékin à créer de nouveaux mécanismes pour sécuriser ses intérêts, y compris le déploiement de sa propre puissance militaire croissante à l’étranger.

Les analystes militaires chinois avaient débattu des scénarios possibles de bases militaires navales à l’étranger, depuis le début des années 1990. Et tous les livres blancs sur la défense chinoise depuis lors, ont appelé à l’amélioration des installations logistiques à l’étranger pour accomplir des «tâches militaires diversifiées», y compris en ce qui concerne les forces des «mers lointaines».

Selon un rapport d’analyse, publié il y a peu de temps par le magazine américain Foreign Policy, la première étape d’une éventuelle présence militaire étrangère a été de reconnaître que la Chine a des intérêts en dehors de ses frontières. Dans une série de rapports au cours de la première décennie du 21e siècle, Pékin a affirmé que sa grande économie mondialisée et sa dépendance croissante vis-à-vis des marchés et de ressources étrangères créaient des intérêts bien au-delà de ses frontières.

Une fois cette proposition faite, Pékin a commencé à débattre d’une nouvelle question au début des années 2000 : la Chine doit-elle acquérir des bases militaires étrangères pour sécuriser ses intérêts régionaux et mondiaux ? Le débat fut bientôt tranché en faveur de la sécurisation des bases, et la Chine a construit sa première base à l’étranger, une zone de rassemblement pour la marine de l’Armée Populaire de Libération Chinoise, à Djibouti sur la stratégique corne d’Afrique en 2017.

Les dirigeants d’entreprises d’État chinoises à l’étranger font pression pour que l’armée de leur pays soit «plus expéditionnaire» en Afrique. En fait, le continent lui seul accueille plus de 10 000 entreprises chinoises, soit un million d’immigrants chinois et environ 260 000 travailleurs chinois, travaillant principalement sur la One Belt One Road (connue internationalement sous le nom de Belt and Road Initiative) – la stratégie de la Chine pour relier les corridors économiques mondiaux à la Chine.

Dans cette perspective, Pékin a eu recours à divers outils, afin de renforcer sa présence militaire dans cette région, ce qui l’a mise en concurrence avec d’autres forces internationales aspirant à y imposer leur hégémonie, USA en tête. C’est ce qui pousse Washington ces dernières années à mettre en garde contre les ambitions de la Chine, d’installer une base militaire sur la côte Ouest de l’Afrique, afin de renforcer sa présence dans les voies maritimes stratégiques passant par la région, par le biais du renforcement de ses investissements dans les ports de cette région du continent.

Importance de la côte atlantique Africaine

Dans le cas du continent Africain, qui nous intéresse ici, et plus particulièrement sa côte Ouest Atlantique, l’approche économique constitue, ainsi, un facteur important dans l’intérêt croissant de la Chine envers l’Ouest de l’Afrique. Ceci se reflète dans l’intensité de ses investissements dans la région, en particulier dans des projets d’infrastructure.

On peut mesurer l’explosion des relations sino-africaines en observant la tendance à la hausse de l’aide et du commerce depuis les années 1990. D’à peine 1 milliard de dollars américains en 1992, la valeur du commerce entre la Chine et l’Afrique a été enregistrée à 220 milliards de dollars américains en 2014. Et depuis 2020, elle devait dépasser les 400 milliards de dollars américains. De ce montant, environ 100 milliards de dollars américains sont des investissements directs.

En contrepartie, certains pays africains sont devenus la deuxième plus grande source d’importations de pétrole brut de la Chine, qui en reçoit plus de 1,4 million de barils par jour, soit 22% du volume total de ses importations.

En outre, les prêts chinois présentés aux gouvernements africains jouent également le même rôle, afin de combler le déficit de leurs budgets et financer des projets vitaux. Or, Pékin ne se contente pas de cette approche, mais elle intensifie aussi son intervention dans de nombreuses crises africaines, comme c’est le cas dans les questions relatives aux développements, au terrorisme et à la pauvreté. Ceci se reflète dans des réactions africaines positives envers la présence chinoise, contrairement à la présence occidentale, car la Chine n’impose pas de conditions politiques ou économiques, et n’intervient pas dans les affaires intérieures des États africains.

Le lien entre l’investissement commercial virtuel et les futures bases navales peut sembler étrange à ceux qui ne connaissent pas la manière chinoise de faire des affaires. Mais une société chinoise de construction ou d’exploitation de ports peut être cotée à la Bourse de Shanghai et être également une entité gouvernementale officielle.

La raison en est que la loi chinoise suppose que les ports normalement civils, fournissent un soutien logistique à la marine chinoise si et quand cela est nécessaire. Les relations financières établies à travers la construction et l’expansion des ports en Afrique de l’Ouest (comme ailleurs dans le monde) sont durables, avec un long cycle de vie.

Mais l’intérêt chinois s’explique aussi par la position stratégique de la région, qui s’étend plus généralement sur l’ensemble de la côte Ouest de l’Afrique sur l’océan Atlantique, qui est du point de vue géographique, relativement proche des Etats-Unis, principal concurrent de la Chine.

Il faut préciser que la politique chinoise en Afrique se base sur l’idée de relier les cinq régions du continent, à travers l’installation d’un réseau de routes. Ce projet fait partie de l’initiative Chinoise de «La Ceinture et la Route», lancée par Pékin en 2013 et à laquelle ont adhéré plus de 50 Etats africains.

En effet, la Chine considère l’Ouest de l’Afrique comme étant le point de jonction avec les autres régions stratégiques du Sud, du Centre et du nord du continent, ainsi qu’avec la région du Sahel. Ceci permettra aux Chinois de réaliser un certain équilibre avec les autres puissances actives dans la région, à savoir les États-Unis, la France, la Turquie et l’Union Européenne.

Inquiétudes Américaines

La peur de la propagation des bases militaires chinoises dans le monde est devenue une obsession qui hante les hauts responsables américains, qui l’ont dépeinte à maintes reprises comme étant un «épouvantail stratégique» qui menacera l’humanité, bien que Pékin ait déjà une base militaire hors de son territoire, qui se trouve à Djibouti dans la Corne de l’Afrique.

Les Américains avaient stoppé l’implantation d’une installation militaire chinoise à Abu Dhabi aux Émirats, il y a deux ans, alors qu’il y avait un contrat chinois pour y construire une installation civile. Mais l’imagerie satellite et d’autres sources de renseignements ont convaincu les décideurs Américains, qu’il s’agissait en fait d’une construction secrète par la Chine d’une installation militaire, à l’intérieur d’un port qui reçoit des cargos Chinois près de la capitale des Émirats arabes unis, Abu Dhabi.

Les États-Unis se sont officiellement saisis de la question auprès du gouvernement des Émirats arabes unis, qui est l’un de ses principaux partenaires militaires dans le Golfe, pour suspendre les travaux de l’installation, après d’intenses pressions des États-Unis d’Amérique fin 2021, selon CNN se basant sur des sources proches du dossier.

Suite à quoi, les autorités Américaines sont devenues très méfiantes. Il convient de rappeler qu’entre 2014 et 2019, la Chine avait participé à 39 échanges militaires avec des partenaires du golfe de Guinée, comprenant le déploiement de ses navires qui ont mené des opérations de lutte contre la piraterie.

Tout récemment, une flotte navale de l’Armée populaire de libération (APL) de Chine, dirigée par le destroyer (Nanning) est arrivée le 3 juillet dernier (2023) au Nigeria, pour une visite rare de cinq jours de l’armée chinoise sur la côte Atlantique de l’Afrique, où Pékin s’efforce depuis longtemps de se asseoir son emprise. Le destroyer était accompagné d’une frégate, ainsi que d’un navire de ravitaillement.

Des responsables nigérians et chinois affirmant que «cette visite vise à renforcer la sécurité maritime dans la région, en proie à la piraterie», Mais les responsables américains spéculent depuis longtemps sur le fait que Pékin en prévoit davantage.

Plus encore, en janvier dernier, le Nigeria avait ouvert le port en eau profonde de Lekki, qui a coûté un milliard de dollars construit par la Chine à Lagos. C’est l’un des plus grands de la région, qui est détenu à 75% par la société d’État Chinoise (China Harbour Engineering Co.)!

Le général Stephen Townsend, ancien commandant du Commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), avait déclaré en mai 2021 : «la côte atlantique me préoccupe beaucoup». Ses préoccupations sont fondées sur la courte distance qui sépare la côte Est Africaine de l’Atlantique et celle des États-Unis, d’où la possibilité pour les unités navales chinoises d’interdire le commerce occidental en cas de la rivalité commerciale actuelle se transformant en un scénario de guerre froide (ou pire). «En première priorité, nous devons empêcher ou dissuader un espace chinois sur la côte atlantique de l’Afrique», avait-il précisé.

Parce que, selon lui, «une base chinoise en Afrique de l’Ouest donnerait à Pékin une présence militaire outre-Atlantique, depuis la côte Est américaine, qui sera perçue comme une menace pour la sécurité nationale (Américaine)».

Townsend avait déclaré à l’époque, qu’il pensait que les Chinois favorisaient la Guinée équatoriale comme emplacement pour une base en Afrique de l’Ouest.

Bases navales contre les dettes lourdes ?

Venons-en maintenant à la question centrale du sujet : où la Chine établira-t-elle sa (ou ses) prochaine(s) base(s) navale(s) ?

Pour répondre à cette question, les chercheurs se sont appuyés sur l’ensemble de données de l’Institut AidData pour la transparence et le géocodage des technologies de l’information. Ces données portent sur la construction de ports et d’infrastructures à travers le monde, financées entre 2000 et 2001 par des entités publiques chinoises, dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et effectivement construits entre 2000 et 2023. L’ensemble de données détaillé comprend un total de 123 projets de ports maritimes dans 78 ports de 46 pays, d’une valeur totale de 29,9 milliards de dollars.

Sur la côte Ouest de l’Afrique, qui nous concerne ici, les regards se tournent depuis quelques années vers l’un des plus petits pays, que l’on dit candidat à jouer un rôle majeur dans le changement de la stratégie militaire mondiale de la Chine. Ainsi, de hauts responsables Américains n’ont cessé d’avertir que Pékin prévoyait d’établir une installation militaire permanente en Guinée équatoriale.

Si cela est vrai, au-delà des défis stratégiques évidents posés par la possession par la Chine d’une base navale sur l’Atlantique pour la première fois, cette décision alertera sur une nouvelle phase dans la politique africaine de Pékin, avec toutes les implications géopolitiques de grande envergure, que cela suppose.

Des sources du département américain de la Défense avaient déjà fait part de leurs inquiétudes, depuis deux ans, sur l’intérêt chinois pour une base dans le port de Bata, la première ville de Guinée équatoriale. La nouvelle est toujours confrontée à un silence total officiel de Pékin, ce qui ne règle pas nécessairement la question. Il est connu que Pékin évite scrupuleusement de placer une présence militaire lourde et manifeste sur le continent, comme celles maintenues par la France et les États-Unis. Au lieu de cela, Pékin intègre une composante militaire et sécuritaire dans ses partenariats économiques avec les États africains, faisant de toute présence de défense chinoise en Afrique une partie intégrante du développement du continent.

Une installation militaire chinoise permanente en Guinée équatoriale, dans un emplacement stratégique du golfe de Guinée, serait donc l’aboutissement de près d’une décennie d’investissements en Afrique —sous forme de crédits d’État—et ne sera pas la dernière de ces bases sur la côte atlantique du continent. Car le pays de Teodoro Obiang Nguema n’est pas le seul qui soit fortement endettés envers la Chine en Afrique, et dans lequel Pékin joue un rôle central dans le développement économique. Il est possible que d’autres bases navales chinoises apparaissent encore sur la côte atlantique du continent. Il y a plusieurs autres ports de la côte Ouest Africaine, qui sont souvent cités dans les spéculations médiatiques comme étant des candidats potentiels pour héberger des bases Chinoises.

C’est le cas, par exemple, du port de Kribi au Cameroun, qui a reçu de grands financements Chinois sous forme de crédits. Tel est le cas également pour le port de la capitale Mauritanienne Nouakchott, qui est situé à plus de 2 000 milles à l’Ouest de Bata, et qui est beaucoup plus proche de l’Europe et des points d’étranglement tels que le détroit de Gibraltar (à seulement deux jours de navigation à 20 nœuds). Les banques publiques chinoises avaient prêté 500 millions de dollars, pour agrandir le port de Nouakchott, alors que le produit intérieur brut de la Mauritanie ne dépasse guère 10 milliards de dollars.

Ailleurs, mais sur la même côte Ouest Atlantique d’Afrique, il y a aussi Cayo en Angola, Freetown en Sierra Leone, Abidjan en Côte d’Ivoire, et bien d’autres plateformes portuaires qui sont autant de possibilités privilégiées, pour y implanter des bases chinoises. Ce sera selon l’importance des crédits de Pékin.

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