Allergies : les cellules responsables identifiées et cartographiées

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Allergies : les cellules responsables identifiées et cartographiées
Allergies : les cellules responsables identifiées et cartographiées

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. D’ici 2050, 50% de la population aura développé une allergie”, avance Nicolas Gaudenzio, premier auteur de l’étude, pour Sciences et Avenir. “Nous sommes donc dès à présent en train d’anticiper cette pandémie.” Aujourd’hui, les allergies touchent 25 à 30% de la population selon l’Inserm. Elles vont de l’eczéma observé chez les enfants à l’asthme allergique en passant par l’allergie alimentaire.

Des chercheurs de l’Inserm ont identifié différentes populations de cellules, appelées mastocytes, à l’origine de ce dérèglement du système immunitaire. “Nous avons reconstitué une base de données informatique qui peut être interrogée par n’importe quel chercheur ou médecin dans le monde et que nous appelons « l’atlas des mastocytes »”, indique Nicolas Gaudenzio. Ces informations pourraient aboutir à l’élaboration de nouveaux traitements plus précis et plus efficaces pour lutter contre les allergies. Les résultats de cette étude, portant à la fois sur la souris et l’être humain, ont été publiés dans la revue Journal of Experimental Medicine.

Qu’est-ce qu’une allergie à l’échelle de l’organisme ?

L’allergie est le résultat d’une déficience au sein de notre système immunitaire. L’organisme identifie comme une menace, un antigène qui est normalement inoffensif, comme par exemple du pollen ou un aliment. Il existe diverses catégories d’allergies qui touchent différents organes : la langue, les poumons ou encore les intestins par exemple.

Les mastocytes et l’eczéma

Lors d’une précédente étude publiée en 2019, l’équipe de chercheurs de l’Inserm s’était intéressée à l’eczéma. Elle avait alors montré l’implication des mastocytes et des neurones sensitifs, notamment responsables de la transmission de sensation de douleur, chaleur et démangeaison, dans cette réaction cutanée. “Ce couple mastocytes-neurones sensitifs est nécessaire au développement de l’eczéma. Si nous bloquons leur communication, alors nous empêchons complètement la survenue d’eczéma”, s’enthousiasme le scientifique. Ces travaux ont permis de mettre en évidence de nouvelles cibles thérapeutiques pour l’eczéma, actuellement en cours d’essai clinique chez l’être humain.

D’après leur nouvelle étude, les mastocytes seraient également à l’origine des allergies. Mais à quoi servent ces cellules ? “Les mastocytes sont en temps normal situés dans des zones du corps qui sont à l’interface avec l’environnement extérieur”, précise Nicolas Gaudenzio. Ce sont des “sentinelles” qui alertent les autres cellules du système immunitaire en cas de danger. Elles sont même capables de lutter directement contre celui-ci.

Marquage des différentes populations de mastocytes (en vert et rouge), acteurs majeurs des réponses allergiques, au contact des neurones (blanc) dans la peau de souris. © Dr Marie Tauber et Dr Lilian Basso.

Des populations spécifiques de mastocytes

“Les maladies allergiques peuvent représenter des symptômes différents en fonction des organes dans lesquels elles se développent”, analyse le chercheur. Les biologistes ont donc étudié les cellules de plus de trente organes chez l’être humain, afin de discerner les différents sous-types de mastocytes. Pour cela, ils ont séquencé l’ARN individuel de chaque cellule, “afin d’en extraire leur carte d’identité”, résume l’équipe de l’Inserm.

Résultat ? Les chercheurs ont mis en évidence deux types de mastocytes chez la souris, mais chez l’humain, le fonctionnement est bien plus complexe. “En effet, nous avons découvert la présence d’au moins sept sous-types de mastocytes chez l’Homme avec des localisations anatomiques bien précises en fonction des organes”, indique Nicolas Gaudenzio. “A présent, nous comprenons bien mieux quels mastocytes sont impliqués dans l’eczéma (ceux trouvés au niveau de la peau), dans l’allergie alimentaire (ceux trouvés dans la paroi digestive) ou dans l’asthme (ceux trouvés dans les poumons et les voies aériennes supérieures)”. Ces travaux ont permis aux chercheurs d’élaborer une cartographie précise des différents types de mastocytes présents dans les organes humains.

Ce schéma représente, de manière simplifiée, la distribution des différents sous-types de mastocytes à travers différents organes du corps. Crédits : Inserm

Développer de nouveaux traitements

Cette cartographie est associée à une grande base de données qui répertorie les spécificités de chaque population de mastocyte en fonction de l’organe dans lequel elle se situe. Jusqu’à présent, les traitements ciblaient tous les mastocytes de l’organisme. “Grâce à cette carte d’identité, nous pouvons mettre à jour de nouveaux biomarqueurs des allergies et développer des thérapies qui cibleront directement des populations spécifiques ou des organes particuliers en fonction de la maladie allergique”, ajoute le chercheur. A terme, ces résultats conduiront donc à des thérapies anti-allergiques personnalisées plus précises, plus efficaces, et avec moins d’effets secondaires. Les biologistes évoquent même l’idée d’ajouter à cet “atlas” des données provenant d’autres maladies “afin de développer de nouveaux traitements pour toutes les maladies allergiques, cancéreuses ou inflammatoires dans lesquelles les mastocytes sont impliqués”, conclut Nicolas Gaudenzio.

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