Comment les chauves-souris se sont débarrassées du cancer

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Comment les chauves-souris se sont débarrassées du cancer
Comment les chauves-souris se sont débarrassées du cancer

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Parmi les mammifères, les chauves-souris sont connues pour leur longue espérance de vie et leurs systèmes immunitaires très robustes. On sait par exemple qu’elles tolèrent très bien les infections virales et qu’elles auraient peut-être joué un rôle dans l’apparition du SARS-CoV-2, le virus du Covid-19. Elles ont aussi été remarquées pour leur grande longévité, jusqu’à 40 ans – alors qu’en règle générale, plus un mammifère est petit et moins sa vie est longue. Surtout, les chauves-souris affichent des taux de cancers exceptionnellement bas. Et, pour la première fois, un article publié dans Genome biology and evolution explique pourquoi.

Chez la chauve-souris, des gènes pour réparer l’ADN abîmé

Pour tenter de percer les secrets des animaux nocturnes volants, une équipe de chercheurs a séquencé le génome de deux espèces de chauve-souris, Artibeus jamaicensis (qu’on appelle communément les rats-volants) et Pteronotus mesoamericanus (la chauve-souris mesoaméricaine à moustaches). Ils l’ont ensuite comparé aux génomes d’autres chauves-souris et de différents mammifères.

Comparé aux autres, ces deux types de chauves-souris présentaient des adaptations génétiques au niveau de six protéines liées à la réparation de l’ADN et de 46 protéines dont on sait qu’elles protègent contre le cancer.

En effet, le cancer survient lorsque notre ADN se détériore. Ces “anomalies qui se produisent sont des mutations génétiques, engendrées par des erreurs lors de la réplication – ou reproduction – de l’ADN, et donc des gènes, lorsque la cellule se divise. Si ces erreurs ne sont pas réparées, elles s’accumulent. C’est cette accumulation au fil des divisions qui est à l’origine du cancer. On considère qu’il faut environ une dizaine de mutations pour que le phénomène de cancérisation apparaisse”, explique l’Institut national du cancer (INCa). Or chez les chauves-souris, ces gènes ont évolué pour mieux réparer l’ADN cassé et avoir une meilleure immunité, ce qui les protège de la survenue de cancers.

En y regardant de plus près, les gènes protecteurs du cancer chez la chauve-souris étaient même deux fois plus importants que dans les autres groupes de mammifères. “Le nombre de modifications génétiques liés au cancer est bien plus important chez les chauves-souris que chez les autres mammifères. Cela suggère qu’ils évoluent différemment chez elles que chez les autres animaux”, explique Armin Scheben, spécialisé en biologie computationnelle au Cold Spring Harbor Laboratory et premier auteur de l’étude.

Une évolution génétique très lointaine

Ce patrimoine génétique a de quoi laisser songeur quand on sait que le cancer cause environ 10 millions de décès par dans le monde chez les humains. Chez la chauve-souris, ce changement ne s’est pas opéré en quelques dizaines d’années. Il est, au contraire, le fruit d’une longue évolution depuis l’apparition des premiers mammifères, alors même que la chauve-souris – telle qu’on la connaît aujourd’hui – n’était pas encore apparue. “Il est fort probable que les ancêtres des chauves-souris pouvaient souffrir de cancers”, souligne Armin Scheben. “Mais durant l’évolution des mammifères, le sous-groupe des chauves-souris telles qu’on les connaît aujourd’hui s’est créé, très probablement en ayant déjà ce trait de résistance à la maladie.”

Elles ne s’en sont donc pas débarrassé “récemment.” La recherche suppose que l’évolution rapide des gènes réparateurs de l’ADN et des gènes suppresseurs de tumeurs entrent aussi en jeu dans la résistance au cancer d’autres mammifères avec une longue espérance de vie, comme les baleines.

Enfin, la grande résistance des chauves-souris aux virus est sans-doute également liée à celle dont elle fait preuve face au cancer. “On sait que le cancer et l’immunité sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. De nombreux gènes impliqués dans la résistance au cancer jouent aussi un rôle dans l’immunité. Or, les chauves-souris tolèrent bien mieux les infections virales que les autres mammifères. C’est dû en partie à leur système immunitaire très robuste, qui entraîne des réponses inflammatoires bien moins importantes. Ce mécanisme ralenti et moins intense permet de ne pas abîmer leurs tissus.” En observant ces caractéristiques toutes particulières chez la chauve-souris, Armin Scheben espère un jour pouvoir transposer ses travaux à l’humain, afin de mieux comprendre l’apparition du vieillissement et de la maladie.

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