Découverte de dessins gravés à côté d’empreintes de dinosaures au Brésil

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Découverte de dessins gravés à côté d’empreintes de dinosaures au Brésil
Découverte de dessins gravés à côté d’empreintes de dinosaures au Brésil

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Des traces de pattes de dinosaures entourées de dessins gravés au sol: le site de Serrote do Letreiro, dans l’Etat de Paraíba, au nord-est du Brésil, représente un assemblage unique d’éléments paléontologiques et archéologiques. De grandes incertitudes demeurent sur l’époque à laquelle ces dessins ont été faits et sur leur finalité.

Mais pour les scientifiques, qui en présentent l’analyse dans un article publié dans la revue Scientific Reports, le doute n’est pas permis: les artistes qui en sont les auteurs les ont délibérément ciselés à proximité des empreintes.

Plusieurs espèces de dinosaures

Serrote do Letreiro se situe à quelques dizaines de kilomètres de la Vallée des dinosaures, une zone d’intérêt qui abrite de nombreuses empreintes de ces animaux dont certaines sont connues depuis la fin du 19e siècle. Certaines pistes de Serrote do Letreiro ont, elles, été mises au jour dès le début du 20e siècle mais elles n’ont vraiment fait l’objet d’études qu’à partir des années 1975.

Le site se divise en trois grands affleurements qui couvrent une superficie totale de 15.000 mètres carrés et renferment des ichnofossiles (des traces sans restes squelettiques) datant du Crétacé inférieur (il y a 145 à 100,5 millions d’années). Trois groupes de dinosaures y sont représentés: des théropodes et leurs empreintes de pattes proches de celles des oiseaux, avec trois doigts, des sauropodes dont les pas laissent des traces arrondies et des ornithopodes dont la signature est plus difficilement reconnaissable mais qui rappelle, parfois, celle d’un oiseau palmé.

A côté de ces empreintes, les scientifiques ont retrouvé des dizaines de pétroglyphes, plus ou moins effacés, réalisés par une population de chasseurs-cueilleurs qui vivaient dans la région il y a entre 9400 et 2620 ans. Cet intervalle, évalué par les chercheurs, repose sur la datation de sépultures trouvées dans la zone mais les dessins n’ont pas pu être datés précisément ; en l’absence de matériaux organiques susceptibles d’être évalués par la méthode du carbone 14.

De multiples symboles

Les dessins ont été réalisés par gravure directe de la pierre au sol. La plupart ont d’abord été sculptés par grattage, à l’aide un instrument abrasif, comme le révèlent les irrégularités observées sur les bords intérieurs des rainures. Mais de nombreux pétroglyphes ont ensuite subi un picage pour que la ligne de gravure soit affinée. Une technique qui se devine grâce aux marques d’impacts continus qui présentent dans certaines lignes et qui ont été réalisées à l’aide d’un instrument tranchant.

Les motifs le plus souvent représentés par ces pétroglyphes sont des cercles traversés par des lignes radiales qui les divisent en quatre ou cinq parties. D’autres ressemblent à des étoiles ou à des serpents et certains sont même très similaires à certaines empreintes de dinosaures. Toutefois, leurs fonctions, représentationnelles ou figuratives, demeurent inconnues. Dans leur article, les auteurs soulignent aussi le fait qu’en dépit du nombre important de pétroglyphes retrouvés, une grande partie a dû être totalement effacée par l’érosion et les différents aléas climatiques et géologiques, notamment des glissements de terrains.

Une relation intime entre archéologie et paléontologie

Mais quel que soit leur nombre initial, il faut noter qu’aucune de ces gravures n’endommage les empreintes préexistantes alors même que certaines sont très proches d’elles, parfois à tout juste cinq centimètres. “Cela suggère une prise en compte et une réflexion de la part des artistes…et établit une relation profonde entre archives paléontologiques et archéologiques”, écrivent les auteurs de l’étude.

“Observer une telle intentionnalité dans la gravure de ces pétroglyphes soulève la question de la reconnaissance et de l’interprétation des empreintes par les créateurs de ces symboles”, ajoutent-ils. Assurément, ces anciens occupants du Brésil n’avaient aucune connaissance sur les fossiles et les dinosaures telle qu’on peut la concevoir aujourd’hui. Néanmoins, il est fort possible que certaines de ces empreintes aient été reconnues: les traces déposées par les théropodes ressemblent fortement à celles laissées par le Nandou d’Amérique (Rhea americana), une sorte de grosse autruche d’Amérique du Sud.

Les pétroglyphes sont d’ailleurs particulièrement nombreux et concentrés au niveau de l’affleurement 1 où elles abondent. S’y retrouvent aussi des dessins qui ressemblent étrangement à ces empreintes tridactyles (voir l’image ci-dessous).

Quant à celles provenant de sauropodes, le lien est plus difficile à faire étant donné qu’il n’existe aucun animal actuel dans la faune de la région qui pourrait former une piste de pas arrondis. Les auteurs suggèrent pourtant qu’un animal, disparu aujourd’hui, a pu posséder des pattes et des pieds similaires à ceux des sauropodes. Il s’agit d’un mastodonte, un proboscidien (comme l’éléphant) appelé Notiomastodon platensis. Cette hypothèse demandera à être étayée par des éléments prouvant que cet animal fréquentait la région en même temps que les chasseurs-cueilleurs de Serrote do Letreiro.

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