Dépression : le jogging aussi efficace que les médicaments ?

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Dépression : le jogging aussi efficace que les médicaments ?
Dépression : le jogging aussi efficace que les médicaments ?

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Ce n’est plus un secret pour personne, le sport est bénéfique pour la santé physique et mentale. Mais est-ce suffisant pour traiter la dépression ? C’est la question que s’est posée la professeure Brenda Penninx de l’Université Vrije à Amsterdam (Pays-Bas). Avec son équipe, elle a comparé les effets des antidépresseurs à ceux du jogging sur un groupe de patients souffrant de dépression et d’anxiété. Les résultats ont été publiés dans la revue Journal of Affective Disorders.

Le même taux de réussite sur la santé mentale des patients

Après quatre mois de traitements, les deux approches ont montré le même taux de réussite sur la santé mentale des patients. Environ 44% d’entre eux – dans chacun des groupes – ont surmonté leur diagnostic de dépression et/ou d’anxiété. Toutefois, la santé physique s’est aussi améliorée chez le groupe de coureurs tandis qu’elle s’est légèrement détériorée pour les patients traités aux antidépresseurs.

En plus de la souffrance psychologique, la dépression entraîne des conséquences négatives sur la santé physique des patients. Et bien que les antidépresseurs soient efficaces, ils peuvent avoir des effets secondaires indésirables qui contribuent au déclin de l’état de santé du patient, tels que la prise de poids, l’augmentation de la pression sanguine et des troubles de la libido.

“Les conséquences des traitements psychiatriques sont encore peu étudiées, explique la professeure Brenda Penninx de l’Université Vrije à Amsterdam (Pays-Bas) lors du Congrès du Collège Européen de neuropharmacologie. C’est pourquoi nous voulions comparer les effets de l’activité physique et des antidépresseurs sur la santé générale des individus, pas uniquement sur la santé mentale”, ajoute la professeure.

Se dépasser et sortir de l’isolement

L’équipe de recherche a étudié 141 participants souffrant de dépression et/ou d’anxiété pendant 16 semaines. “Nous leur avons donné le choix entre l’exercice physique et les antidépresseurs”, explique la professeure Brenda Penninx. “Étonnamment, ils ont été plus nombreux à choisir le sport.” En effet, seuls 45 d’entre eux ont choisi les antidépresseurs, alors que les 96 autres ont opté pour le traitement basé sur le jogging.

Pour le traitement sportif, les patients devaient participer à des entraînements supervisés deux à trois fois par semaine. Les séances de jogging avaient lieu en groupe, à l’extérieur et avec des objectifs personnalisés pour chacun. “Ce n’est pas suffisant de dire aux patients d’aller courir, indique Mme Penninx. Pour modifier leurs habitudes d’activité physique, il faut leur donner des encouragements et une supervision adéquate.”

L’étude souligne une fois de plus que la santé physique peut influencer la santé mentale. “Cette approche répond directement au mode de vie sédentaire souvent associé à la dépression et l’anxiété en encourageant les patients à sortir dehors, à se donner des objectifs personnels, à participer à des activités de groupe et à améliorer leur forme physique”.

Plus d’abandon du traitement avec la course

Cependant, s’entraîner deux ou trois fois par semaine reste une habitude beaucoup plus difficile à garder que simplement prendre un médicament. Et surtout pour quelqu’un qui souffre de dépression. Malgré le soutien du groupe et l’encadrement des séances de jogging, uniquement 52% des patients ayant choisi le sport ont maintenu le programme dans son entièreté. En d’autres mots, près de la moitié d’entre eux ont abandonné. Puis d’entrée de jeu, 15% du groupe n’a participé à aucune séance de sport. Ces résultats montrent à quel point il peut être difficile de maintenir un tel traitement, et même de l’entamer, aussi efficace soit-il.

À l’inverse, 82% des patients médicamentés ont complété leurs 16 semaines de traitement : une proportion nettement supérieure. “Notre étude montre que beaucoup de gens aiment l’idée de faire sport pour guérir, raconte Brenda Penninx. Mais, on note que c’est plus difficile à appliquer, même si les bénéfices sont significatifs.” Tout de même, l’activité physique s’est révélée remarquablement efficace pour ceux qui ont réussi à compléter leur programme.

“On devrait considérer la thérapie sportive plus sérieusement”

Les auteurs de l’étude précisent que leurs résultats n’invalident en aucun cas la pertinence des antidépresseurs. “Ces médicaments fonctionnent pour la plupart des gens et nous savons qu’une dépression non traitée risque d’empirer et d’entraîner de graves conséquences”, explique la chercheuse hollandaise. Ce trouble de santé mentale n’est pas à prendre à la légère : on estime que près d’un Français sur cinq va en souffrir au cours de sa vie, et il représente la principale cause de suicide.

L’étude permet d’élargir l’arsenal de traitements que les patients et les cliniciens peuvent choisir pour vaincre la dépression. Un atout fort utile pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre d’antidépresseurs à cause des effets secondaires. “Nos résultats suggèrent qu’on devrait prendre la thérapie sportive beaucoup plus sérieusement. On voit qu’elle peut être une option efficace – voir meilleure – pour certains patients”, raconte la chercheuse. Certes, il ne s’agit pas d’un traitement miracle qui fonctionnera toujours, mais il pourrait certainement être bénéfique pour des sous-groupes de patients.

Pour la suite, les chercheurs souhaitent justement examiner quels sous-groupes de patients, selon certaines caractéristiques biologiques, pourraient mieux répondre à un traitement ou à un autre. D’ici là, la professeure Brenda Penninx pense fermement qu’ “il faut rendre la thérapie par la course plus accessible. Pour les personnes souffrant de dépression et d’anxiété, nous devons implanter davantage de soins de santé mentale qui interviennent sur le mode de vie.”

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