Des microplastiques dans l’air, une source de pollution insaisissable

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Des microplastiques dans l’air, une source de pollution insaisissable
Des microplastiques dans l’air, une source de pollution insaisissable

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Des microparticules de plastique flottent dans l’air ambiant. Elles font de quelques micromètres à près d’un millimètre avec une moyenne de 100 micromètres et sont donc bien plus grosses que les particules fines de 10 et 2,5 micromètres issus de la combustion des énergies fossiles et de diverses sources agricoles ou naturelles. Et elles sont — en l’état actuel des connaissances — moins nombreuses.

Une comparaison unique au monde entre deux situations très contrastées

“C’est un sujet de recherche qui a débuté vers 2015, soit bien après les travaux menés dans les océans par exemple, précise Max Beaurepaire, chercheur au Laboratoire eau, environnement, systèmes urbains (Leesu, École des Ponts ParisTech, université Paris-Est Créteil). C’est donc un domaine encore mal connu où le développement de méthodologies reste à faire mais qui fait l’objet d’un nombre croissant d’articles scientifiques provenant d’un peu partout dans le monde.” L’étude qui vient d’être publiée dans Environmental Pollution apporte un nouvel éclairage sur l’influence de l’activité humaine sur les transports de ces particules principalement composées de fibres textiles et de polypropylène retrouvé le plus souvent devant le polyéthylène et le polystyrène. On ne connaît pas à ce jour les différentes sources d’émission.

Pour détecter ces éléments, les chercheurs ont installé un collecteur de retombées atmosphériques sur l’un des toits du campus de Marne-la-Vallée. Les résultats ont ensuite été analysées par spectromètre à infrarouge. L’appareil a fonctionné lors du confinement total de mars 2020 et un an plus tard alors que l’activité humaine avait repris normalement.

Situé à 15 kilomètres de Paris, le site est au cœur d’un tissu urbain où la densité de population est de 3500 habitants au km2. Il est par ailleurs entouré de chantiers d’ampleur, dont celui du métro du Grand Paris. “C’était une réelle opportunité que de pouvoir comparer les deux situations car nous manquons de ce genre de mesures pour mieux comprendre le transport de ces polluants dans l’atmosphère”, poursuit Max Beaurepaire. Cette comparaison entre deux situations très contrastées est donc unique au monde. Elle montre une baisse de 80% de la présence de ces microplastiques dans l’air en absence d’activité.

La pollution de l’air diminue quand on coupe les sources d’émissions

L’information est importante pour comprendre le comportement de ces particules dans l’air. La météo, principalement la pluie qui “lessive” l’atmosphère des polluants en suspension, n’explique pas une telle différence et c’est donc bien l’activité humaine qui fait se déplacer ces minuscules fragments.

Sans air agité, ceux-ci se déposent au sol et ne se remettent en suspension que lorsqu’un mouvement naturel ou non — vent ou passage d’un véhicule — intervient à leur proximité. Plus il y a de l’agitation atmosphérique, plus ces microplastiques investissent les basses couches de l’atmosphère. Les transferts vers les sols non artificialisés et vers les rivières puis les océans seraient donc directement liés à l’importance de l’activité humaine.

Une prise en compte de ces facteurs permettrait donc d’améliorer la qualité de l’air en général. De nombreuses études portant sur la diminution de la pollution atmosphérique lors du confinement de 2020 l’ont constaté. Mais il n’est pas nécessaire d’imposer à toute la population de rester chez elle pour obtenir des améliorations importantes. Les progrès des moteurs, le passage du thermique à l’électrique, l’amélioration des procédés industriels, les normes d’émissions ont permis ainsi en France de réduire les émissions de particules fines d’une taille de dix micromètres de 2,9% tous les ans en moyenne entre 2005 et 2021.

Si le confinement de 2020 a permis une baisse ponctuelle de 5% des PM10 cette année-là, les résultats ont été plus spectaculaires avec les mesures de sobriété demandées à l’automne 2022 par le gouvernement aux industriels et aux ménages pour faire face à la hausse brutale du coût de l’énergie. C’est ce que nous apprend l’évaluation de l’impact de la crise énergétique de l’hiver 2022-2023 sur la qualité de l’air en France réalisée par l’Institut national de recherche sur les risques (Ineris).

Lors de cet hiver-là, la consommation nationale d’énergie a baissé de 9%. L’organisme en charge de la collecte des mesures des émissions polluantes, le Citepa, a constaté en conséquence une baisse de 8% des émissions de particules fines. L’Ineris s’est donc attaché avec ses modèles à distinguer la part de responsabilité de la météo de celle des politiques de sobriété. Résultat: une baisse de 9,2% des émissions provient bien des mesures d’économie adoptées. Plus qu’heureuse, la sobriété est vertueuse.

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