Echec annoncé pour les 17 objectifs de développement durable établis par l’ONU

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Echec annoncé pour les 17 objectifs de développement durable établis par l’ONU
Echec annoncé pour les 17 objectifs de développement durable établis par l’ONU

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Ces 17 et 18 septembre 2023, l’Organisation des nations unies (ONU) ouvre son assemblée générale annuelle. Ce rendez-vous traditionnel prend cette année une tournure particulière : les Etats sont à mi-chemin du parcours qui doit les mener à la réalisation complète en 2030 des 17 objectifs de développement durable et l’accomplissement des 169 “cibles” sectorielles qui les composent, décidés en 2015. Et rien ne va. Selon le rapport établi par les services onusiens, les résultats de la moitié de ces cibles sont faibles ou insuffisants pour être à l’heure et 30% stagnent ou reculent. A 7 ans de l’échéance, la communauté internationale se dirige vers un échec majeur. “Si nous n’agissons pas maintenant, le programme 2030 deviendra l’épitaphe d’un monde qui aurait pu être”, déplore le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Certes, le monde a dû faire face ces huit dernières années à la pandémie mondiale de Covid-19, qui a mis à mal les objectifs en matière de santé mondiale. Mais des sujets majeurs qui n’ont pas été affectés par des circonstances imprévisibles n’avancent pas, dont notamment la lutte contre le changement climatique. Et, plutôt que de s’unir devant le plus grave défi que l’humanité doit affronter, les guerres civiles et les conflits entre Etats se sont multipliés — le plus important étant celui entre la Russie et l’Ukraine —, perturbant profondément les secteurs de l’énergie et de l’alimentation, regrette l’ONU dans le rapport d’étape que l’institution vient de remettre.

Un secteur privé qui ne prend pas ses responsabilités

Les Etats ne sont pas seuls mis en cause. Le secteur privé n’a pas intégré les ODD dans ses pratiques managériales et dans la conception même des produits mis sur le marché. Le bureau d’études Impak Analytics a ainsi passé au crible des critères des ODD la stratégie de 600 grandes entreprises européennes cotées en Bourse. Ont été étudiés aussi bien les modifications des procédés industriels pour moins polluer et émettre moins de gaz à effet de serre, que les politiques d’égalité salariale, le respect de l’éthique dans les pratiques commerciales jusqu’aux violations des droits de l’homme dans la chaîne d’approvisionnement. Résultat : seulement 4% de ces grandes entreprises sont alignées sur l’ensemble des ODD et 15% ont au moins une action en cours. “Les entreprises concentrent leur contribution positive sur certains objectifs comme l’énergie propre et abordable (ODD 7 avec 39 % des entreprises y contribuant), la santé et le bien-être (ODD 3, 24 %) et l’action climatique (ODD 13, 15 %), négligeant d’autres objectifs comme la biodiversité (ODD 14 et 15), l’éducation de qualité (ODD 4) et l’égalité entre les hommes et les femmes (ODD 5), bien qu’il s’agisse de risques mondiaux”, note l’organisme.

La mesure des progrès des ODD a permis d’opérer un énorme pas en avant dans l’amélioration et la fourniture de statistiques au niveau mondial. De nouvelles méthodologies ont été mises au point dans les domaines où les statistiques faisaient défaut et de nombreux pays qui n’avaient pas de comptabilité nationale ont pu s’en doter ou au moins bénéficier de l’aide internationale pour mieux connaître la situation du pays. Les données internationales sont ainsi de plus en plus fiables. Crédits : ONU

Sciences et Avenir a sélectionné 7 ODD où le rôle de la science est important :

Ces 17 et 18 septembre 2023, l’Organisation des nations unies (ONU) ouvre son assemblée générale annuelle. Ce rendez-vous traditionnel prend cette année une tournure particulière : les Etats sont à mi-chemin du parcours qui doit les mener à la réalisation complète en 2030 des 17 objectifs de développement durable et l’accomplissement des 169 “cibles” sectorielles qui les composent, décidés en 2015. Et rien ne va. Selon le rapport établi par les services onusiens, les résultats de la moitié de ces cibles sont faibles ou insuffisants pour être à l’heure et 30% stagnent ou reculent. A 7 ans de l’échéance, la communauté internationale se dirige vers un échec majeur. “Si nous n’agissons pas maintenant, le programme 2030 deviendra l’épitaphe d’un monde qui aurait pu être”, déplore le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

Certes, le monde a dû faire face ces huit dernières années à la pandémie mondiale de Covid-19, qui a mis à mal les objectifs en matière de santé mondiale. Mais des sujets majeurs qui n’ont pas été affectés par des circonstances imprévisibles n’avancent pas, dont notamment la lutte contre le changement climatique. Et, plutôt que de s’unir devant le plus grave défi que l’humanité doit affronter, les guerres civiles et les conflits entre Etats se sont multipliés — le plus important étant celui entre la Russie et l’Ukraine —, perturbant profondément les secteurs de l’énergie et de l’alimentation, regrette l’ONU dans le rapport d’étape que l’institution vient de remettre.

Un secteur privé qui ne prend pas ses responsabilités

Les Etats ne sont pas seuls mis en cause. Le secteur privé n’a pas intégré les ODD dans ses pratiques managériales et dans la conception même des produits mis sur le marché. Le bureau d’études Impak Analytics a ainsi passé au crible des critères des ODD la stratégie de 600 grandes entreprises européennes cotées en Bourse. Ont été étudiés aussi bien les modifications des procédés industriels pour moins polluer et émettre moins de gaz à effet de serre, que les politiques d’égalité salariale, le respect de l’éthique dans les pratiques commerciales jusqu’aux violations des droits de l’homme dans la chaîne d’approvisionnement. Résultat : seulement 4% de ces grandes entreprises sont alignées sur l’ensemble des ODD et 15% ont au moins une action en cours. “Les entreprises concentrent leur contribution positive sur certains objectifs comme l’énergie propre et abordable (ODD 7 avec 39 % des entreprises y contribuant), la santé et le bien-être (ODD 3, 24 %) et l’action climatique (ODD 13, 15 %), négligeant d’autres objectifs comme la biodiversité (ODD 14 et 15), l’éducation de qualité (ODD 4) et l’égalité entre les hommes et les femmes (ODD 5), bien qu’il s’agisse de risques mondiaux”, note l’organisme.

La mesure des progrès des ODD a permis d’opérer un énorme pas en avant dans l’amélioration et la fourniture de statistiques au niveau mondial. De nouvelles méthodologies ont été mises au point dans les domaines où les statistiques faisaient défaut et de nombreux pays qui n’avaient pas de comptabilité nationale ont pu s’en doter ou au moins bénéficier de l’aide internationale pour mieux connaître la situation du pays. Les données internationales sont ainsi de plus en plus fiables. Crédits : ONU

Sciences et Avenir a sélectionné 7 ODD où le rôle de la science est important :
Objectif 3 : bonne santé et bien être

La santé mondiale s’est globalement améliorée depuis 2015. 146 Etats vont remplir la cible de réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, qui étaient encore de 5 millions de victimes il y a 7 ans. Les victimes du VIH ont diminué de 52%. 42 pays ont éliminé totalement au moins une maladie tropicale négligée. En revanche, d’autres cibles stagnent. Environ 800 femmes décédaient chaque jour de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement au début de la décennie. 70 % des décès maternels ont eu lieu en Afrique subsaharienne, suivie de l’Asie centrale et du Sud, avec près de 17 %. Les filles de 15 ans vivant en Afrique subsaharienne couraient le plus grand risque.

Par ailleurs, en 2019, 381 millions de personnes avaient basculé ou s’enfonçaient toujours plus dans l’extrême pauvreté en raison des dépenses directes de santé. La vaccination des enfants a connu la plus forte baisse en trois décennies et les décès liés à la tuberculose et au paludisme ont augmenté par rapport aux niveaux d’avant la pandémie. Un dernier chiffre : 68% de la population mondiale bénéficie de la couverture santé universelle qui répond aux besoins essentiels. Ce n’est que 3% de plus qu’en 2015.

Objectif 6 : eau propre et assainissement

En 2022, 73% de la population mondiale a eu accès à des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité, contre 69 % en 2015. La part des personnes ayant accès à des services d’assainissement sûrs est passée de 49 % à 57 %, et 75% de la population mondiale a désormais accès aux services d’hygiène de base, contre 67 % en 2015. Ces progrès signifient que 687 millions, 911 millions et 637 millions de personnes supplémentaires, respectivement, ont désormais accès à ces services essentiels. 419 millions de personnes n’ont pas de toilettes et continuent de faire leurs besoins à l’air libre, mais elles étaient 715 millions en 2015.

Mais ces succès ne doivent pas occulter les énormes efforts à accomplir. 2,2 milliards de personnes n’ont en effet toujours pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité, dont 703 millions sans service d’approvisionnement en eau ; 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité, dont 1,5 milliard sans aucun service d’assainissement de base. 2 milliards de personnes n’ont pas d’installation pour se laver les mains à l’eau et au savon à leur domicile, dont 653 millions sans aucune installation pour se laver les mains. L’Afrique subsaharienne connaît le plus grand retard en la matière.

Objectif 7 : énergie propre et d’un coût abordable

Les progrès sont patents mais insuffisants. Les sources d’énergie renouvelable (éolien, solaire, biomasse) représentent près de 30 % de la consommation d’énergie dans le secteur de l’électricité, mais des défis demeurent dans les secteurs du chauffage et des transports. Les pays en développement connaissent une croissance annuelle de 9,6 % des installations d’énergies renouvelables, mais en dépit de besoins énormes, les flux financiers internationaux pour l’énergie propre continuent de diminuer. Le taux d’accès mondial à l’électricité est passé de 87 % en 2015 à 91 % en 2021, soit 800 millions de personnes supplémentaires.

Cependant, 675 millions de personnes n’avaient toujours pas accès à l’électricité en 2021, principalement dans les pays les moins avancés où les investissements sont insuffisants. Au rythme actuel, 660 millions de personnes vivront toujours sans électricité à la fin de la décennie. En matière de cuisson des aliments, si les tendances actuelles se maintiennent, seulement 77 % de la population mondiale aura accès à des solutions de cuisson propre d’ici à 2030, laissant de côté près de 1,9 milliard de personnes, dont 1,1 milliard en Afrique subsaharienne.

Objectif 11 : ville et communautés durables

Plus de la moitié de la population mondiale réside actuellement dans des zones urbaines et ce taux devrait atteindre 70 % d’ici à 2050. Environ 1,1 milliard de personnes vivent actuellement dans des taudis et bidonvilles urbains, et on devrait en compter 2 milliards de plus dans les 30 prochaines années, soit 183 000 personnes supplémentaires par jour. 85% des habitants des taudis sont concentrés dans trois régions : l’Asie centrale et du Sud (359 millions), l’Asie de l’Est et du Sud-Est (306 millions) et l’Afrique subsaharienne (230 millions). En 2022, 51,6 % de la population urbaine mondiale avait un accès aisé aux transports publics.

Objectif 13 : mesures relatives à la lutte contre le changement climatique

En décembre prochain à Dubaï (Emirats arabes unis), lors de la COP28, les pays donneront l’état actuel de leurs émissions de gaz à effet de serre par secteur (habitat, transport, énergie, etc.) ainsi que leur trajectoire de réduction. En l’état actuel des “contributions déterminées au niveau national” (CDN) ,comme sont appelés ces scénarios de réduction, les émissions de gaz à effet de serre ne baisseront que de 0,3% en 2030, alors que le groupe intergouvernemental des experts du climat (Giec) a calculé qu’il faudrait les diminuer de 43% pour atteindre l’objectif de 1,5°C d’augmentation de la température mondiale. La trajectoire actuelle excède les 2,5°C alors qu’avec une hausse de 1,1°C, le monde expérimente déjà sécheresses intenses, vagues de chaleur, tempêtes et inondations catastrophiques. Sans un renforcement aux politiques actuellement menées, le chiffre de 1,5°C devrait être dépassé en 2035.

Objectifs 14 et 15 : vie aquatique et vie terrestre

Conséquence du changement climatique, les océans absorbent un quart des émissions annuelles de dioxyde de carbone. Les sites d’observation à long terme en haute mer ont montré une baisse continue du pH au cours des 20 à 30 dernières années, avec des impacts de grande portée. A l’heure actuelle, le pH moyen de l’océan est de 8,1, ce qui représente environ 30 % de plus qu’à l’époque préindustrielle. Le 10 juin 2023, l’eau de surface de l’océan a dépassé les 21°C, soit +1,2°C par rapport à la moyenne du siècle dernier. Cela a une conséquence sur la vie animale. Coraux, huîtres et zooplancton, entre autres, vont avoir de plus en plus de difficultés à fabriquer leur coquille à partir de carbonate dans une eau plus acide. Les chercheurs s’attendent également à une modification du comportement des poissons, et notamment une remontée vers les Pôles des espèces cherchant à éviter chaleur et acidification.

Sur les continents, la déforestation continue. Près de 100 millions d’hectares nets de forêts ont été perdus ces deux dernières décennies. La couverture forestière mondiale est passée de 31,9% en 2000 (4,2 milliards d’hectares) à 31,2% (4,1 milliards d’hectares) en 2020. L’expansion agricole est directement à l’origine de près de 90% de la déforestation mondiale (49,6% pour les terres cultivées et 38,5% pour les pâturages). Le rapport de l’IPBES de 2019 a confirmé la disparition de plus d’un million d’espèces animales et végétales du fait de la modification des milieux, des pollutions et du changement climatique. En réponse, la communauté internationale s’est engagée, par l’accord de Kunming-Montréal, à stopper l’érosion de la biodiversité d’ici à 2030. Mais aujourd’hui, le recul de la nature est toujours en cours.

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