Inégalités et Pollution Accélèrent le Vieillissement

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Inégalités et Pollution Accélèrent le Vieillissement
Inégalités et Pollution Accélèrent le Vieillissement

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. L’instabilité politique, les conditions environnementales et les inégalités sociales nous font vieillir plus vite, selon une large étude publiée dans la revue Nature Medicine. Réalisée à travers 40 pays, sur plus de 160.000 sujets, elle montre que la pollution de l’air, des institutions démocratiques faibles et les écarts de conditions de vie ont un effet mesurable sur l’organisme, au point d’accélérer visiblement le vieillissement.

Pour arriver à cette conclusion, l’équipe internationale a d’abord calculé l’âge biologique de chacun des participants avant de comparer s’il correspondait à leur âge réel. Dans les cas où cela ne correspondait pas du tout, « nous avons alors analysé quels facteurs physiques, sociaux et sociopolitiques pourraient avoir un lien avec cette différence », explique à Sciences et Avenir le Dr Agustin Ibanez, du Global Brain Health Institute et premier auteur de l’étude.

Jusqu’à 6 ans d’écart

Mais à quoi correspond la notion « d’âge biologique »? On pourrait penser, à tort, à la capacité à faire du sport où à des signes physiques comme les rides ou les cheveux blancs. En réalité, l’équipe a utilisé « des facteurs de protection (cognition, capacités fonctionnelles, niveau d’éducation, activité physique) et des facteurs de risque (état cardiométabolique, hypertension, diabète, troubles visuels, troubles auditifs, sexe) pour prédire l’âge d’une personne, puis nous avons examiné dans quelle mesure cet âge différait de son âge réel. Cette méthode permet des comparaisons à grande échelle, même sans avoir recours à des tests de laboratoire coûteux », explique le Dr Ibanez.

Dans les pays à faible revenu, les chercheurs ont observé un vieillissement accéléré significatif, se traduisant par une différence d’âge de plusieurs années. En Afrique du Sud, en Egypte et en Amérique latine, les participants ont montré un vieillissement bien plus important que les participants d’Europe, allant jusqu’à six ans d’écart entre leur âge biologique et leur âge réel.

Pollution et stress au quotidien

Les effets nocifs directs de la pollution de l’air ont déjà largement été démontrés sur la santé. L’exposition aux particules fines et autres oxydes d’azote est ainsi à l’origine de 6,7 millions de morts prématurés chaque année, selon une vaste étude du Lancet Planetary Health. En France, cela correspond à environ 7.000 décès évitables. La situation politique et des inégalités sociales induisent elles, un stress chronique, à l’origine de décès plus précoces.

« Ce stress chronique lié aux inégalités sociales, à l’instabilité politique et à l’absence de droits démocratiques peut nuire à la santé en suractivant les systèmes de stress de l’organisme. Cela déclenche une libération répétée ou prolongée d’hormones du stress, comme le cortisol, qui provoque de l’inflammation et mène à une surcharge allostatique, c’est-à-dire à une usure des systèmes corporels due à leur adaptation constante. Cette usure endommage les organes, perturbe les fonctions immunitaires et métaboliques, et accélère le vieillissement biologique, affectant la santé du cœur, d’autres organes, la cognition et le cerveau », explique le chercheur.

L’étude comporte plusieurs limites. Elle ne prend pas en compte le comportement individuel des participants, comme la consommation de tabac ou une alimentation de mauvaise qualité. Par ailleurs, elle n’inclut qu’une sélection de pays: 6 en Amérique latine et dans les Caraïbes, 27 en Europe, 4 en Asie et 2 en Afrique.

Si plusieurs facteurs modifiables peuvent influencer le « bien-vieillir », comme une alimentation équilibrée, continuer de bouger et d’avoir une vie sociale, cette étude met en lumière plusieurs facteurs nocifs difficiles, voire impossibles à éviter à l’échelle individuelle.

Les auteurs de l’étude en appellent aux pouvoirs publics pour améliorer la situation. « Alors que la démocratie recule à travers le monde, que la pollution de l’air atteint des niveaux critiques et que les écarts de richesse se creusent, ces données présentent les premières preuves que des expositions structurelles combinées, au-delà du mode de vie individuel, sont profondément ancrées dans notre processus de vieillissement.

À une époque de montée du populisme, de dégradation de l’environnement et de déplacements mondiaux, comprendre comment les environnements influencent le vieillissement de notre cerveau est un impératif scientifique, politique, éthique et sanitaire. » Les chercheurs appellent à favoriser les politiques améliorant l’éducation, réduisant les inégalités et renforçant la qualité de l’air, en particulier dans le contexte actuel de vieillissement de la population mondiale.

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