La fourmi de feu, invasive et redoutée, arrive en Europe

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La fourmi de feu, invasive et redoutée, arrive en Europe
La fourmi de feu, invasive et redoutée, arrive en Europe

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. La fourmi de feu s’attaque aussi bien aux cultures, qu’aux équipements électriques et de communication. On estime qu’elle est la raison de la perte de 6 milliards d’euros aux Etats-Unis”, déplore Mattia Menchetti, premier auteur d’une nouvelle étude sur cette fourmi sud-américaine. Avec son équipe, le chercheur espagnol a révélé la présence de colonies de Solenopsis invicta près de la ville de Syracuse, en Sicile.

En moins d’un siècle, la fourmi de feu s’est répandue du Mexique jusqu’en Australie, en passant par les Etats-Unis et les Caraïbes. Seule la Nouvelle-Zélande a réussi à l’éradiquer complètement. Les chercheurs de l’Institut de Biologie Évolutive de Barcelone se sont intéressés à son introduction en Sicile et sa propagation redoutée en Europe. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Current Biology.

“Des supercolonies de dizaines de milliers d’ouvrières chacune”

Solenopsis invicta peut facilement être confondue avec d’autres espèces par un œil non averti. “Leur piqûres douloureuses sont spécifiques, et les monticules sont caractéristiques de leurs nids, mais la confirmation d’un expert est essentielle”, précise le biologiste à Sciences et Avenir.

En effet, c’est dans une banlieue de la ville de Syracuse qu’ont été découverts leurs gigantesques colonies. Leurs nids peuvent être de deux formes : individuels, avec une seule reine, ou bien des supercolonies de dizaines de milliers d’ouvrières, dans lesquelles plusieurs reines cohabitent. Cela dépend de mutations génétiques. “Les analyses ont révélé que la variante de fourmi de feu découverte en Sicile est une population à supercolonies”, indique Mattia Menchetti.

Au total, 88 nids ont été mis au jour, concentrés sur 5 hectares de forêt. Mais comment cette espèce est-elle arrivée dans cette zone isolée de Sicile ? D’après les chercheurs, le point d’entrée de Solenopsis invicta devait être une zone de transit, avec une forte activité humaine. L’équipe s’accorde alors sur le port commercial de la ville de Syracuse : une hypothèse corroborée par l’analyse de la direction du vent.

En effet, certaines fourmis reines volantes auraient donc pu arriver du nord-ouest, où se trouve le port de Syracuse. “Cette espèce a la capacité de coloniser rapidement les zones perturbées et son expansion est favorisée par le commerce humain et les transports de terre ou de matériel végétal notamment”, analyse le biologiste.

La fourmi de feu est une espèce vorace

Solenopsis invicta est caractérisée comme un prédateur omnivore et généraliste, c’est-à-dire que son éventail de proie est large. Sa voracité se reflète dans sa capacité à ravager une grande variété de cultures. “Elle s’en prend directement à différentes parties de la plante telles que les racines, les fruits, les fleurs et les tiges”, résume Mattia Menchetti.

En outre, cette espèce cause aussi des dommages indirects sur les végétaux. En cause ? Sa relation mutualiste avec les insectes suceurs de sève, tels que les pucerons et les cochenilles. Celle-ci bénéficie réciproquement aux fourmis comme aux suceurs de sève. Et ce n’est pas tout : Solenopsis invicta limite également l’efficacité des programmes de lutte biologique en s’attaquant aux prédateurs des pucerons.

Une menace pour la biodiversité des écosystèmes

En présence de Solenopsis invicta, les écosystèmes perdent en biodiversité. En particulier des invertébrés et des petits vertébrés. “Lorsqu’elle envahit de nouveaux territoires, la diversité des animaux indigènes diminue considérablement”, appréhende le biologiste. Elles constituent pour eux une menace et sont capables d’infliger de graves blessures, voire même d’entraîner la mort, en particulier à des individus jeunes, faibles ou malades.

Ses piqûres sur l’Homme ne sont d’ailleurs pas anodines : douloureuses et irritantes, elles peuvent provoquer une éruption cutanée et des réactions allergiques, pouvant aboutir à un choc anaphylactique. “Nous sommes en train de mettre en place un plan d’éradication”, avance Mattia Menchetti. Mais cette espèce invasive est la 5e la plus coûteuse à combattre.

Les méthodes courantes de lutte contre ces fourmis comprennent le traitement des nids et l’utilisation d’appâts empoisonnés. A l’heure actuelle, l’Australie alloue des millions de dollars à son éradication, en vain. Seule la Nouvelle-Zélande a réussi à la faire disparaïtre, à trois reprises, mais sur des populations restreintes. “Dans le cas le plus récent, un seul nid avait été trouvé avec environ 30.000 fourmis ouvrières, et un programme d’éradication de trois ans a été mené dans un rayon de 2 km autour de l’emplacement du nid”, illustre le biologiste.

D’après les résultats de l’étude, Solenopsis invicta pourrait s’établir sur 7% du continent Européen, en commençant par les villes méditerranéennes, où les hivers sont cléments. “Les températures froides ne conviennent pas à cette espèce et à son établissement, c’est pourquoi le changement climatique favorise son expansion”, ajoute Mattia Menchetti. Pour mieux appréhender sa migration dans d’autres pays, l’équipe de l’Institut de biologie évolutive de Barcelone s’attelle à la création d’une bibliothèque de référence contenant l’ADN de toutes les espèces de fourmis européennes. “Cet outil sera utile, entre autres, pour la détection des espèces exotiques envahissantes”, conclut-il.

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