Les Groupes Sanguins, Témoins de L’Histoire Humaine

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Les Groupes Sanguins, Témoins de L’Histoire Humaine
Les Groupes Sanguins, Témoins de L’Histoire Humaine

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Malgré les avancées de la paléogénomique, la diversité génétique des groupes sanguins au sein des populations humaines anciennes reste mal connue. Une équipe marseillaise dirigée par Stéphane Mazières, anthropologue et généticien à l’université d’Aix-Marseille, a entrepris une étude comparative des systèmes sanguins de 22 Homo sapiens et 14 Néandertaliens ayant vécu entre 120.000 et 20.000 ans avant notre ère. Pour ce faire, ils ont récupéré les séquences d’ADN d’une soixantaine d’anciens humains (mises en ligne par d’autres chercheurs) et sélectionné celles qui livraient le plus d’informations sur les gènes codant pour les groupes sanguins.

De nouvelles formes de groupes sanguins

Les chercheurs se sont notamment concentrés sur le système Rh, les groupes ABO, et d’autres comme Kell et Duffy. « Il existe une quarantaine de familles de groupes sanguins, mais nous nous sommes concentrés sur la dizaine de groupes qui sont cruciaux en médecine transfusionnelle », explique Stéphane Mazières.

L’un des principaux enseignements de cette recherche est que les Homo sapiens ont développé de nouvelles formes de groupes sanguins après leur sortie d’Afrique, il y a environ 45.000 ans. En quittant leur berceau africain, ces premiers aventuriers ont affronté de nouveaux environnements ainsi que de nouveaux pathogènes dont quelques-uns ont peut-être favorisé la sélection et le maintien de mutations. En effet, certains groupes sanguins semblent associés à des risques d’infection moindre ou à des symptômes moins graves vis-à-vis de maladies, comme les médecins ont pu le constater lors de la pandémie de Covid-19. Certaines mutations sont aujourd’hui absentes des populations modernes. C’est le cas de celle identifiée chez Ust-Ishim, un fossile d’Homo sapiens trouvé en Sibérie et vieux de 45.000 ans et qui « est connu pour appartenir à une lignée génétique qu’on ne retrouve plus », précise Stéphane Mazières.

Les analyses des ADN des humains de Néandertal révèlent en revanche une longue stabilité des groupe sanguins sur une période de 80.000 ans, témoignant d’une « homogénéité génétique », reflétant sans doute une diminution des effectifs de ces anciens humains qui ont disparu il y a environ 40.000 ans. En revanche, les chercheurs ont repéré chez eux une forme particulière de groupe Rhésus positif incomplet chez les Néandertaliens, qui se retrouve aujourd’hui chez les populations d’Océanie.

Un outil pour tracer les migrations

Cette étude, publiée dans la revue Scientific Reports, confirme que Homo sapiens et les Néandertaliens se sont rencontrés et même mélangés. Elle permet aussi de suivre les pérégrinations des sapiens en Eurasie et d’autres investigations complémentaires pourraient aussi permettre de mieux comprendre le peuplement des Amériques. Les populations amérindiennes possèdent en effet un groupe O+ particulier qui n’est retrouvé que chez eux et qui est sans doute hérité d’un petit groupe d’humains originaire de Sibérie qui a gagné le nouveau monde il y a environ 20.000 ans.

Outre l’aspect anthropologique, l’étude offre également « une vision historique et évolutive des groupes sanguins qui posent problème pour les transfusions », souligne Stéphane Mazières. Ainsi, les personnes qui souffrent de drépanocytose, une maladie qui cause la déformation des globules rouges, sont souvent originaires d’Afrique sub-saharienne et possèdent des groupes sanguins rares en Europe. Or, une partie de leur traitement repose sur des transfusions fréquentes et identifier des donneurs compatibles est parfois bien difficile.

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