Passoires thermiques : le défi de Paris

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Passoires thermiques : le défi de Paris
Passoires thermiques : le défi de Paris

Africa-PressSão Tomé e Príncipe. Quand on parle d’efficacité énergétique, la France est clairement à la traîne sur ses voisins européens, en queue de peloton derrière l’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. Près de 7 millions de Français vivent dans ces fameuses “passoires énergétiques”, soit un logement sur six dont la performance est classée de F à G. Il y fait trop froid en hiver, trop chaud en été et surtout, cela alourdit considérablement l’empreinte carbone du pays.

Balade thermographique

La ville de Paris a promis de rendre tous ses bâtiments économes en énergie d’ici 2050. Dans les faits, il va falloir accélérer le rythme des rénovations, en passant de seulement une centaine de copropriétés par an à plus de 2 000.

Ça ne sera pas simple, parce qu’à Paris, le patrimoine architectural entre dans l’équation. Illustration par une balade thermographique avec Nabil Zenasni de l’Agence Parisienne du Climat. Il pointe sa caméra thermique sur les bâtiments : en rouge ou orange sur l’écran, la chaleur qui s’échappe du bâtiment. En bleu, les immeubles bien isolés. “C’est à partir de 1974 qu’une certaine isolation a été imposée aux bâtiments. L’écrasante majorité des bâtiments à Paris a été construite avant cette période et on a donc une énorme majorité de bâtiments qui ne sont pas isolés à Paris”, constate cet expert en énergie.

Le dilemme de la rénovation du patrimoine parisien

À Paris, “doit-on réhabiliter ou, démolir et reconstruire ? Systématiquement on se pose la question”, poursuit Hélène Schwoerer, directrice adjointe de Paris Habitat, organisme public qui gère les logements Bon Marché [les premiers HLM de Paris, ndrl] pour un Parisien sur neuf.

Pour des raisons patrimoniales, le défi est l’isolation par l’intérieur : pas question, par exemple, de modifier les façades en brique, caractéristiques de la ceinture rouge de la capitale. Dans ce bâtiment du Ve arrondissement, le choix s’est porté sur des matériaux biosourcés, comme le chanvre, le bois. “On est sur des patrimoines qui s’inscrivent vraiment dans la ville durable que l’on peut faire muter, évoluer et je l’espère qu’avec les travaux aujourd’hui réalisés, on est repartis pour un cycle de vie de cinquante, soixante, voire soixante-dix ans”, conclut Hélène Schwoerer.

Des algues pour garder la chaleur

Et si, dans 70 ans, la ville changeait justement de visage ? C’est le rêve d’Anouk Legendre, architecte à l’agence XTU. Son équipe a conçu des “biofaçades” composées de micro algues. “Ça fait un espace “tampon”, qui protège de la chaleur et du froid. Ça permet d’optimiser la thermique du bâtiment et de réduire la consommation de moitié”, explique l’architecte.

Toujours pour des raisons de patrimoine, la technique n’est applicable qu’aux façades des immeubles modernes, impossible sur des bâtiments haussmanniens. Le quartier de la Défense à Paris serait un laboratoire idéal pour cette idée, ou le XIIIe arrondissement de Paris, où l’équipe planche sur un projet, au bord du tramway, d’un immeuble d’habitation à biofaçades. La chaleur extraite des algues pourrait servir à chauffer les ballons d’eau chaude. Anouk Legendre envisage même que ces algues soient cultivées et récoltées par des agriculteurs urbains pour nourrir la ville de demain.

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