Vaccin : “Pas besoin d’une sexualité débridée pour être contaminé par le papillomavirus”

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Vaccin : “Pas besoin d’une sexualité débridée pour être contaminé par le papillomavirus”
Vaccin : “Pas besoin d’une sexualité débridée pour être contaminé par le papillomavirus”

Africa-Press – São Tomé e Príncipe. Depuis la rentrée scolaire 2023, les élèves en classe de 5e se voient proposer gratuitement un vaccin contre le papillomavirus (HPV). Ce dernier est à l’origine de plusieurs types de cancer, comme le cancer du col de l’utérus, mais aussi les cancers de la gorge, de l’anus ou du pénis. Au total, plus de 6.000 nouveaux cas de cancer par an dans l’Hexagone proviennent d’une infection au papillomavirus.

L’exposition au papillomavirus est très répandue dans la population : environ 80% de la population sera exposée à ce virus lors de sa vie et 31% des hommes de plus de 15 ans en sont porteurs. De plus, chez un homme sur cinq (21%), il s’agit d’un papillomavirus à haut risque, pouvant potentiellement provoquer des cancers, selon une large étude du Lancet Global Health. Sciences et Avenir fait le point sur l’intérêt de cette vaccination avec Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer.

“Le papillomavirus est très contagieux et touche les femmes comme les hommes”
Sciences et Avenir : Pourquoi la vaccination est-elle recommandée dès l’âge de 11 ans ?

Emmanuel Ricard : Etant donné qu’il s’agit d’une transmission sexuelle, il faut vacciner tôt. Lorsque l’on parle de virus sexuellement transmissible, on pense tout de suite à la pénétration. Or le virus résiste à l’air et – tout comme pour les verrues – il suffit de frottements corporels, de chatouilles ou de masturbations pour qu’il se transmette. On pensait aussi que les cancers de la gorge ne concernent que les personnes qui boivent et fument. Or, via les pratiques sexuelles orales voire même les baisers, le papillomavirus peut se transmettre et causer des cancers dans la zone ORL.

Une récente étude établit qu’un tiers des hommes sont porteurs du papillomavirus, dont une forme cancérogène dans 25% des cas. Les garçons sont donc bien, eux aussi, porteurs et vecteurs de ce virus ?

Cette étude ne nous a pas surpris, mais elle nous permet enfin d’avoir des chiffres. Les femmes et les filles ont été beaucoup étudiées, mais pas les garçons. Les résultats confirment que le HPV touche énormément de monde, qu’il est très contagieux, non seulement via les relations sexuelles mais aussi via le peau à peau. De garçon à fille, de fille à garçon, de garçon à garçon et de fille à fille, tous les types de relations sexuelles sont concernés. Le HPV est responsable de 6400 cas de cancers par an, un fardeau important. Mais c’est surtout le fait qu’un quart des hommes, dès leurs premiers rapports sexuels autour de 15 ans, sont porteurs d’un type cancérogène du virus, qui justifie l’extension de la vaccination aux garçons.

“Vacciner son enfant permet de le protéger dans sa vie future”
Environ 80% de la population, hommes et femmes confondus, va être contaminée par le papillomavirus lors de sa vie sexuelle. C’est donc bien un virus courant ?

Il ne faut pas penser que c’est un virus qui touche uniquement les gens ayant une sexualité débridée ou particulière : la grande majorité de la population y est exposée et elle transmet le virus très tôt dans la vie sexuelle active. Ce n’est pas une pratique de gens “bizarres”, ni une contamination faite consciemment. On ne sent rien, on ne voit rien, il n’y a pas de douleur : la contamination est totalement asymptomatique. D’où le fait que le HPV se transmette si facilement. Parmi les 80 % de la population qui va donc être contaminée, 90% possèdent un système immunitaire qui va se débarrasser du virus rapidement.

Mais quelques jours suffisent à transmettre le virus. Et chez les 10% restants, une inflammation peut générer des lésions précancéreuses. C’est pour cela que le vaccin est primordial. Il bloque l’infection avant même qu’elle n’arrive. En parallèle, le dépistage du cancer du col de l’utérus permet de repérer les lésions. Mais il n’existe aucun dépistage anal ou de la gorge, ni chez les filles, ni chez les garçons. Ce vaccin devrait être comme les autres vaccins de maladies transmissibles. Il est nécessaire de “casser” sa mauvaise image. Vacciner son enfant permet de le protéger dans sa vie future, cela ne lui donnera pas une image particulière.

En 2021, la couverture vaccinale des filles pour le papillomavirus était de 45% tandis qu’elle n’atteignait que 6% chez les garçons, rappelle l’Inserm. La France pourrait-elle mieux faire ?

Ce vaccin a mauvaise réputation. Une étude de la Ligue contre le cancer réalisée en 2022 montre que 10 à 15% des parents craignent l’apparition de maladies auto-immunes. Mais les études de l’Inserm ont totalement balayé ces allégations ainsi que celles sur la sclérose en plaques. Le fait d’être “patraque” après un vaccin est un phénomène classique. Au contraire, cela montre que l’immunité est en train de fonctionner.

La vaccination est-elle gratuite en France ?

La vaccination en 5e à la rentrée au collège est prise en charge à 100%. Elle sera proposée de façon systématique et nécessitera l’autorisation des deux parents. Mais en temps normal, chaque dose vaut 135 euros et n’est remboursée qu’à 65%. Les personnes qui n’ont pas de bonne mutuelle doivent payer le reste à charge. Avec l’inflation, certaines familles font déjà attention à la nourriture qu’elles achètent. Un vaccin à 135 euros représente donc un véritable investissement pour elles ! D’où l’importance de la gratuité pour les enfants en classe de 5e.

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