La supraconductivité échauffe les esprits

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La supraconductivité échauffe les esprits
La supraconductivité échauffe les esprits

Africa-Press – Senegal. Un matériau capable, à température ambiante, de conduire du courant sans lui opposer de résistance ? Ce serait la perspective de transporter et de stocker l’électricité sans aucune perte, ou de multiplier les trains à sustentation magnétique (Maglev) qui, portés par un puissant champ magnétique, ne touchent pas la voie. De quoi susciter le buzz à chaque annonce, même prématurée ou infondée, de la découverte d’un nouveau supraconducteur.

Le LK-99

Ainsi, en juillet dernier, des scientifiques sud-coréens ont-ils présenté le LK-99, un matériau composé de cuivre, d’oxygène, de phosphore et de plomb. À leurs dires, il n’opposerait pas de résistance électrique jusqu’à 400 kelvins (127 °C). Un vrai miracle, puisque le record en la matière, vieux de trente ans, est de seulement 133 K (environ -140 °C) à la pression ambiante – il s’agit d’un cuprate associant du cuivre, de l’oxygène et d’autres éléments.

Surpris des performances présumées du LK-99, des physiciens ont immédiatement tenté de le “cuisiner”. Résultat: ce nouveau plat coréen est retombé comme un soufflé. Ce n’est qu’un isolant ne possédant aucune aptitude à la supraconductivité. Et pourtant, l’annonce a fait le tour du monde !

“Un côté un peu magique”

“La supraconductivité a un côté un peu magique, et l’intérêt qu’il suscite se renforce avec le réchauffement climatique et le renchérissement de l’électricité”, explique Marc-Henri Julien, du Laboratoire national des champs magnétiques intenses, à Grenoble. Aujourd’hui, les supraconducteurs les plus courants sont des alliages métalliques associant du titane à du niobium ou à de l’étain, refroidis à l’hélium liquide autour de -270 °C. On peut en faire des câbles, par exemple pour construire de puissants électroaimants pour l’imagerie médicale (IRM), la physique des particules ou les Maglev. C’est aussi la technologie retenue pour les aimants de confinement magnétique du futur réacteur expérimental sur la fusion (Iter), en construction en France, qui pourront créer un champ de 10 teslas.

“Aux États-Unis, reprend Marc-Henri Julien, la start-up de fusion CFS et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont produit un champ deux fois plus intense. Cela permet de diviser par seize le volume de confinement ! ” C’est dire les enjeux que portent ces matériaux et la compréhension de leur fonctionnement…

Pour le chercheur, il ne fait guère de doute qu’on disposera un jour de matériaux supraconducteurs utilisables à la température ambiante. “En revanche, personne n’a idée de l’échelle de temps. Il faut continuer à chercher, mais sans compter dessus pour résoudre nos problèmes urgents de transition énergétique !”

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