Présidentielle au Sénégal : ce qu’il faut retenir de l’examen des parrainages

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Présidentielle au Sénégal : ce qu’il faut retenir de l’examen des parrainages
Présidentielle au Sénégal : ce qu’il faut retenir de l’examen des parrainages

Africa-Press – Senegal. 21 candidats sur 93 ont passé la première étape de validation de leurs dossiers. L’opposition dénonce les écueils du système de parrainages citoyens.

Le Conseil constitutionnel a procédé à un premier écrémage, et il est – a priori – irréversible. Sur les 93 personnalités qui avaient déposé un dossier de candidature, 21 ont validé leurs parrainages, dont deux femmes : la femme d’affaires Anta Babacar Ngom et Rose Wardini, membre de la société civile. Selon le code électoral, les aspirants à la magistrature suprême devaient présenter au Conseil les signatures d’au moins 44 231 de leurs concitoyens, de 13 parlementaires ou de 120 grands électeurs.

Neuf candidats ont vu leurs dossiers validés dès la première phase d’examen de leur dossier. Parmi eux, plusieurs poids lourds : le Premier ministre Amadou Ba, le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade, et l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall. Ils avaient choisi l’option du parrainage parlementaire et n’ont eu aucune difficulté à franchir ce premier filtre.

Plusieurs candidats réputés proches de l’opposant Ousmane Sonko et membres de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wii (YAW) ont également passé l’étape des parrainages dès le premier tour. C’est le cas de Boubacar Camara (qui a quitté YAW en 2022), de Cheikh Tidiane Dieye, de Déthié Fall et d’Habib Sy.

Couacs et recours

Parmi les 23 candidats qui avaient la possibilité de régulariser leurs parrainages, seuls douze ont été repêchés. L’ancien ministre Idrissa Seck, à qui il manquait 8 000 parrains, a pu passer au second tour, tout comme plusieurs dissidents de la majorité présidentielle, dont l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne ou l’ex-ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye. L’ancienne Première ministre Aminata Touré n’est en revanche pas parvenue à présenter les signatures requises.

Près de 60 candidats avaient vu leur dossier rejeté dès le premier tour. C’est le cas d’Ousmane Sonko, dont le dossier a été jugé « incomplet » faute d’avoir pu fournir une attestation de versement de caution. Ses avocats ont annoncé un recours, mais les possibilités pour l’opposant de participer à l’élection présidentielle du 25 février prochain semblent désormais très minces.

Débuté le 30 décembre dernier, l’examen des parrainages a mis en lumière un nombre surprenant de couacs en tout genre : fichiers inexploitables, parrains inventés, tableaux mal remplis… Une poignée de candidats, qui n’ont même pas réussi à faire étudier leurs parrainages, se sont constitués en alliance des candidats aux fichiers jugés inexploitables et ont dénoncé leur « ajournement arbitraire » par le Conseil. « Il est possible que certains aient commis des erreurs techniques, en décidant de changer de clé sur un format non-adapté », avance toutefois un candidat de l’opposition.

Le système tel qu’il existe permet-il un examen transparent et démocratique des soutiens des aspirants candidats ? Lundi 8 janvier, 28 d’entre eux – menés par Aminata Touré – ont déposé un recours collectif pour réclamer un examen du fichier électoral. « Nous nous sommes appelés le Collectif des candidats spoliés parce ce que nous avons tous eu un nombre important de nos parrains disqualifiés. Ils nous ont parrainés sur la foi de leur carte d’électeur et nous avons consigné les informations qui se trouvaient sur ces documents. À l’arrivée, nous avons tous des parrains qui ont été déclarés non identifiés dans le fichier électoral », a dénoncé l’ancienne Première ministre.

Fiabilité du fichier électoral en question

Un candidat aurait même déposé son dossier alors qu’il n’était pas inscrit sur le fichier. L’ancien ministre Mary Teuw Niane, dont la candidature a été rejetée, a affirmé que sa propre signature en tant que parrain avait été déclarée invalide par la commission chargée d’étudier les parrainages. « Les fichiers utilisés sont entachés d’irrégularités, insiste un proche d’Ousmane Sonko. Comment expliquer que, moins de deux mois avant les élections, la Cena [Commission nationale électorale autonome] n’ait pas le fichier, alors même que le Conseil constitutionnel étudie les parrainages, basés sur ce même fichier ? »

À ce jour, le fichier électoral actualisé reste indisponible – la Cena a prévenu que le document en ligne sur son site n’était pas à jour, sans préciser quand elle comptait mettre la version achevée à disposition du public.

Il reste désormais dix jours au Conseil constitutionnel pour étudier les éléments restants des dossiers des différents candidats et en prononcer la liste définitive. Sitôt validés, certains d’entre eux sont immédiatement repartis sillonner le pays dans l’attente de la campagne officielle. Ils savent que, désormais, tout risque d’aller très vite.

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