Africa-Press – Senegal. Le Parti socialiste (PS) est monté au créneau ce week-end pour alerter l’opinion publique sur ce qu’il qualifie de “dérives financières dangereuses” de la part du gouvernement. Dans une déclaration transmise à la presse et signée par son porte-parole Abdoulaye Vilane, la formation politique rejette fermement le projet d’instauration d’une taxe sur les transferts d’argent, ainsi que les initiatives liées aux Diaspora Bonds et Patriotes Bonds.
Une taxe sur les transferts jugée “injuste et inefficace”
Le gouvernement envisagerait d’instaurer une taxe de 50 F CFA pour chaque 10 000 F CFA transférés entre citoyens. Pour le Parti socialiste, cette mesure équivaut à une “double imposition”.
“Cet argent a déjà été soumis à l’impôt sur le revenu, aux cotisations sociales, à la TVA et autres prélèvements. Le taxer à nouveau lorsqu’il circule d’un citoyen à un autre, c’est prélever deux fois sur la même somme”, dénonce Abdoulaye Vilane.
Au-delà de l’aspect fiscal, le PS met en avant le risque d’un affaiblissement de la solidarité familiale et communautaire, considérée comme un pilier de survie pour des millions de ménages sénégalais.
Selon le communiqué, une telle taxe frapperait surtout les foyers modestes, risquerait de pousser les citoyens vers des circuits informels, et renforcerait la méfiance entre l’État et la population.
L’exemple du Ghana brandi comme avertissement
Pour étayer sa position, le Parti socialiste cite le cas du Ghana, qui avait tenté d’appliquer une taxe similaire sur les transferts électroniques (l’“e-levy”).
“Les recettes attendues se sont effondrées, la population a rejeté la mesure et les transactions ont chuté. Ce qui devait rapporter a finalement appauvri les citoyens et miné la confiance envers l’État”, rappelle le texte.
Diaspora Bonds et Patriotes Bonds: “une hérésie économique”
Le PS met également en garde contre les projets gouvernementaux visant à lancer des Diaspora Bonds et Patriotes Bonds, qu’il assimile à une dérive du Trésor public vers le rôle de banque commerciale.
“En cherchant à capter l’épargne des ménages et des entreprises, l’État détourne des ressources normalement destinées à l’investissement productif et à la consommation. C’est une concurrence déloyale et économiquement dangereuse”, souligne Abdoulaye Vilane.
Le parti estime que ces mécanismes reviennent à “ponctionner à nouveau des revenus déjà imposés”, tout en fragilisant les banques et les entreprises qui devraient au contraire être soutenues.
Un appel à une fiscalité plus juste
Fidèle à sa ligne idéologique, le Parti socialiste rappelle que sa priorité reste la lutte contre les inégalités. Il invite le gouvernement à abandonner ces pistes et à concentrer ses efforts sur:
la lutte contre l’évasion fiscale des grandes entreprises,
la suppression des exonérations jugées abusives,
la lutte contre la corruption,
et une concertation élargie avec la société civile et les acteurs économiques.
“Taxer les transferts familiaux, c’est taxer deux fois les mêmes revenus. Lancer des Diaspora Bonds ou Patriotes Bonds, c’est détourner l’épargne nationale et fragiliser l’économie”, résume Abdoulaye Vilane.
Le Parti socialiste appelle enfin l’exécutif à instaurer une fiscalité fondée sur la justice et la confiance, plutôt qu’un système perçu comme “un instrument de prédation”.
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