Senegal – Africa Press. La Banque mondiale approuve un financement d’urgence de 50 millions de dollars pour le relogement de 10 000 personnes menacées par la montée du niveau de la mer à Saint-Louis.
Selon des documents consultés par Jeune Afrique, le conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé début août une enveloppe supplémentaire de 50 millions de dollars (25 millions sous forme de prêt ainsi qu’un don d’un montant similaire) en faveur du gouvernement sénégalais.
Ces ressources viennent compléter le financement déjà approuvé en 2018 par l’institution dirigée par l’Américain David Malpass en faveur du « Projet de relèvement d’urgence et de résilience à Saint-Louis ». Le coût total de ce projet est de 85 millions de dollars, entièrement financé par la Banque mondiale, dont deux tiers sous la forme de don.
Prévu pour s’achever en 2025, ce programme comporte notamment un volet de relogement de 15 000 personnes au total vivant dans des quartiers fortement exposés à l’érosion côtière le long de la Langue de Barbarie – une mince péninsule près de la ville de Saint-Louis dans le nord du pays – ainsi que dans plusieurs localités de l’ancienne capitale du Sénégal, pays par ailleurs touché, comme l’ensemble de la région, par d’importantes inondations ces derniers jours.
Selon les analyses de la Banque mondiale, « au cours des dernières années, l’érosion côtière le long de la Langue de Barbarie s’est accélérée, affichant une perte de 5 à 6 mètres de plage par an ». La péninsule abrite environ 80 000 personnes, dont une part significative de pêcheurs.
Exposée aux aléas du changement climatique, la Langue de Barbarie subit aussi la décision prise en 2003 par le gouvernement du président Abdoulaye Wade d’ouvrir une « brèche » devant faciliter la lutte contre les inondations et l’accès des pêcheurs à la mer. Une décision catastrophique. « Cette brèche, de 4 mètres au départ, a atteint 5 200 mètres de large en février 2015, changeant les caractéristiques biophysiques de la zone », rappelait début septembre Djiby Bambou, enseignant chercheur à l’Université Amadou Makhtar Mbow de Dakar. Elle atteint plus de douze kilomètres de large aujourd’hui.
« Les terres du Gandiol, un terroir situé un peu au sud de Saint-Louis, qui étaient jadis propices au maraîchage, sont affectées par la salinisation à cause de l’intrusion du biseau salé. Les villages de Doun Baba Dièye et de Keur Bernard ont disparu », précisait encore l’enseignant chercheur.
Le financement initialement approuvé par la Banque mondiale visait le relogement, d’urgence dans un premier temps, puis permanente de populations dont les habitations avaient été détruites par une série de tempêtes en 2017 et 2018 ainsi que le déplacement par anticipation des résidents situés en zone inondable tant sur la « Langue de Barbarie » que dans la ville de Saint-Louis.
Les ressources supplémentaires approuvées début août 2020 vont non seulement permettre de combler le déficit de financement de 15 millions de dollars existant en 2018, mais aussi d’accroître significativement le nombre de personnes pouvant bénéficier de ce relogement. Il s’agit selon la Banque mondiale de « fournir des logements permanents à 10 081 personnes supplémentaires sur le site de relocalisation permanent, pour un total de 15 081 personnes dans le cadre du projet parent ».
Le programme prévoit, en outre, le développement de solutions de « gestion soutenable des risques côtiers pour protéger la Langue de Barbarie », ainsi que celui d’un plan de résilience urbaine pour l’agglomération de Saint-Louis.