Akaa expose l’art contemporain africain dans sa diversité

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Akaa expose l’art contemporain africain dans sa diversité
Akaa expose l’art contemporain africain dans sa diversité

Africa-Press – Senegal. EN VOGUE. Pour cette 8e édition, la foire Akaa dédiée aux artistes d’Afrique et de ses diasporas a placé haut la barre avec un programme riche et réjouissant.

En octobre, les grands rendez-vous de l’art contemporain africain s’enchaînent. Pas de répit. Après la foire 1-54 à Londres, du 12 au 15, c’est Akaa, (Also Known as Africa) au Carreau du Temple à Paris, la semaine suivante, du 19 au 22. Ces événements qui mettent en avant les artistes africains et des diasporas se tiennent aussi en parallèle de grandes foires commerciales qui exposent les stars de l’art contemporain, la Frieze à Londres et Art Basel à Paris, là où les prix des œuvres atteignent des sommets stratosphériques.

« Pour cette 8e édition, nous accueillons 37 galeries, 40 exposants dont nous sommes particulièrement fiers », se félicite Victoria Mann, directrice et fondatrice d’Akaa. Ce sont 120 artistes exposés qui viennent du monde entier, beaucoup d’Afrique, mais aussi des diasporas. « La grande diversité de médias représentés : peinture, photo, sculpture, céramique, travail textile, révèle la richesse et la créativité de cette scène contemporaine », ajoute-t-elle.

Sur les stands, de nombreux artistes présents sont heureux d’échanger sur leur travail. Beaucoup de monde se presse sur le stand Talents 237. Fruit du partenariat entre Bandjoun Station [résidence d’art du très reconnu plasticien Bartholomey Toguo, NDLR] et de l’Institut français de Douala, Talents 237 accompagne huit jeunes artistes camerounais. Bienvenue Fosto se propose tout de suite de présenter le travail de ses collègues : ainsi William Bakaimo évoque dans ses toiles le problème de l’excision, Madeleine Wilfried Mbinda s’inspire des intérieurs, Roméo Temwa dénonce la manipulation médiatique et elle-même peint des plantes médicinales pour évoquer des savoir-faire traditionnels qui se perdent.

De très belles surprises

Certaines galeries viennent pour la première fois. Pour le visiteur assidu, c’est l’occasion de découvrir de nouveaux talents. Chez Afronova, une galerie sud-africaine, Émilie Demon présente à côté de la photographe Alice Mann, déjà entrée dans de grandes collections, deux artistes émergents. Le photographe Sibusiso Bheka qui capte l’ambiance du township la nuit dans des lumières cinématographiques et Dimakato Mathopa présente sur le salon et vient pour la première fois en Europe. Cette dernière imagine une archive autour de sa grand-mère très respectée du temps de l’apartheid en tant que guérisseuse, aussi bien par sa communauté que par la famille blanche qui l’employait, et dont elle a reçu en lègue la terre et la maison. Elle crée des archives en imaginant sa grand-mère, à travers des petits monotypes à l’aquarelle ou la technique ancienne prend des airs d’Instagram.

Fondateur de la galerie en ligne Kub’Art ouverte pendant la période du Covid, Yann Kwete qui présente des artistes congolais et de sa diaspora « est enthousiaste ». Alors même qu’il s’apprête à ouvrir une galerie physique à Kinshasa, il a fait le choix, pour sa première foire commerciale de venir à Akaa. « C’est important pour les artistes congolais que nous représentons d’être sur la scène internationale. Akaa est une bonne vitrine pour l’Afrique et avec la foire Art Basel qui se déroule en même temps, c’est vraiment le bon moment pour être là. Cela nous semblait un bon tremplin » analyse-t-il. Sur le stand trois artistes congolais – les photographes Rachel Malaika et Prisca Munkeni Furie, le peintre Eddi Budiongo – se partagent l’espace.

Pour la première fois à Akaa, la galerie marocaine MCC présente le travail d’Amine El Gotaibi, après une autre première, la grande installation de ce même artiste dans la grande cour du Somerset House à la foire 1-54 à Londres. « C’est pour nous, jeune galerie, une grosse visibilité. À Marrakech, dans notre espace, nous travaillons sur des expositions d’un an autour d’un artiste, avec une résidence, des conférences, des visites de curateurs internationaux. Nous organisons aussi des concerts, des vernissages, en lien avec l’univers de l’artiste », explique Fatima-Zohra Bennani Bennis fondatrice de la galerie. Artiste marocain, Amine El Gotaibi déploie de grands formats, comme Désert de laine où il mêle la laine et le cuivre, des éléments naturels que l’artiste relie à une réflexion historique et sociétale sur son pays et l’Afrique.

Basée en Italie et maintenant aussi à Paris, Lis 10 Gallery expose ses artistes pour la première fois à Akaa : les Ivoiriens Armand Boua et Yeanzi. Autre galerie italienne, Primo Marella, présente quatre artistes, dont deux très connus : le Malien Abdoulaye Konaté et le Malgache Joël Andrianomearisoa. De son côté, la galerie parisienne 193 a, elle, opté pour un solo-show avec une artiste de la scène des Bahamas. Connue aux États-Unis, April Bey l’est beaucoup moins en Europe. Elle construit un monde futuriste et kitsch en mixant tapisserie, photographie et broderie. Dans son monde, Atlantica, le racisme, les féminicides et la misogynie n’existent pas.

« Ici, il y a des artistes que l’on peut découvrir, et puis il y a ceux que l’on peut retrouver année après année et forger une amitié », évoque Bénédicte Alliot, directrice générale de la Cité internationale des arts de Paris et membre du comité de sélection. C’est aussi l’occasion d’assister à des performances qui donnent encore une autre dimension à l’événement. Lauréat du prix ellipse 2023, dédié cette année à la scène artistique togolaise, Ras Sankara (son nom de scène) a su dans une belle performance emmener le public à réfléchir sur les déplacements des peuples, les frontières, les inégalités, les diversités culturelles.

Une foire devenue incontournable

« À la veille de la clôture, nos impressions sont très positives. Nous avons eu beaucoup de promesses de vente. Cela nous a permis de constituer une bonne base de données de collectionneurs intéressés. Le marché français est très différent du marché américain, où quand une personne aime une œuvre elle l’achète tout de suite. En France, le collectionneur cherche à comprendre le positionnement de l’artiste », observe Yann Kwete de Kub’Art Gallery. « En discutant avec d’autres galeristes, il ressort que tu peux vendre après, dans la foulée, si tu fais bien le suivi avec les collectionneurs. En résumé, c’est une belle foire, bien animée », ajoute-t-il.

De son côté, Émile Demon se dit ravi pour cette première participation de la galerie Afronova : « J’ai pu rencontrer de nouveaux collectionneurs français et internationaux avec qui j’ai eu des échanges passionnants, une très belle couverture presse, sans oublier une équipe Akaa hyper-réactive et dynamique. Les jeunes artistes sud-africains présentés ont pu rejoindre des collections prestigieuses. »

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