Africa-Press – Senegal. Le bassiste et compositeur Alune Wade a salué l’apport dont bénéficient les artistes sénégalais grâce à des instrumentistes camerounais, congolais, béninois et nigérians, arrivés au Sénégal depuis une dizaine d’années et qui selon lui ‘’enrichissent aujourd’hui’’ la musique du pays.
‘’La musique sénégalaise sera bientôt très riche grâce à ces instrumentistes arrivés au Sénégal depuis une dizaine d’années maintenant. Ils viennent avec leur connaissance, ils ont souvent joué dans les églises et ont ce côté gospel. Et je crois qu’avec eux la musique sénégalaise va s’enrichir encore’’, a expliqué l’artiste sénégalais.
Il présentait, dimanche, lors d’une conférence de presse virtuelle, son nouvel album ‘’Sultan’’ dont la sortie digitale est prévue le 6 mai prochain. Le disque physique, lui, sera sur le marché 14 jours plus tard.
Dans son nouvel album, Alune Wade évoque ‘’l’exil’’ de musiciens sénégalais comme lui, un phénomène qu’il explique par ‘’une soif d’apprendre, de voyager et de rencontrer d’autres musiciens’’. ‘’Ce voyage fait du bien à la musique sénégalaise, voire africaine (…)’’, a-t-il souligné.
La réalisation de ce cinquième disque d’Alune Wade enregistré à Tunis (Tunisie), a débuté en 2021 à Paris, Dakar et New-York.
Selon lui, le socle de cette production repose sur le ‘’mélange naturel’’ de différentes cultures, grâce à la collaboration avec des musiciens venant de ces trois pays.
Ainsi, l’album traverse beaucoup de sonorités berbères, ‘’Gnawa’’, avec un clin d’œil ‘’naturel’’ au Mali, à Marcus Muller et Miles Davis (1926-1991), deux virtuoses du jazz américain.
‘’Je fréquente depuis cinq voire six ans Marcus dont j’étais le directeur artistique de l’album +Afrodeesia+ (2015) et cela a beaucoup joué dans ma façon de voir. Dans toutes mes productions, il y aura toujours du Marcus’’, a-t-il promis. Il rappelle qu’il est un fan de Miles Davis dont les mélodies l’inspirent.
‘’J’apprends beaucoup d’eux’’, insiste-t-il, estimant que le jazz est aujourd’hui plus ‘’un concept’’ qu’une musique d’accords et de notes.
Dans le morceau ‘’Dalaka’’, Alune Wade appelle à ‘’ouvrir les frontières’’ pour permettre aux gens de voyager librement, dénonçant ainsi ces morts dans la Méditerranée, en raison de la fermeture des frontières.
A travers le titre ‘’Nasty sand’’ (sable sale en français), il rappelle ces richesses du continent noir (ressources minières et pétrolières) qui ‘’ne profitent pas à l’Afrique’’.
Wade exhume aussi dans cet album, une autre facette de la civilisation millénaire africaine, convaincu qu’il est que ‘’c’est aux Africains de faire connaître Ceerno Souleymane Baal, meneur de la révolution Toorodo ou encore, la reine de Saba et l’empereur Haïlé Salassié, le roi Samory Touré ou les vérités du philosophe Makhtar Seck Mboro’’.
Alune Wade, comme dans son précédent album « African Fast Food » (2018), est accompagné d’une palette d’instrumentistes et de chanteurs, parmi lesquels le chanteur de jazz tunisien Mounir Troudi dont ‘’les capacités vocales ne sont plus à démontrer’’.
Dans « Portrait de Maure », la griotte mauritanienne Noura Mint Seymali entonne en featuring avec Wade un chant de louange à l’Afrique.
Il y aussi des habitués des aventures du bassiste sénégalais : le batteur ivoirien Paco Sery ou encore le pianiste cubain Harold López-Nussa.
De son premier album « Mbollo » (Union en wolof, 2006) à sa participation à l’album « Afrodeesia » (2015) de l’Américain Marcus Miller, Alune Wade continue de tisser des liens musicaux sur le continent, en expérimentant à fond le métissage culturel.
L’artiste prépare une série de concerts à Dakar, à l’occasion de la prochaine Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, où il jouera en ouverture le 19 mai prochain.
Il présentera ensuite son nouvel album, le 28 mai, lors d’un concert à la gare ferroviaire de Dakar, et le lendemain au village de la Biennale. Le 4 juin, il participera au Festival international de jazz de Saint-Louis.
Alune Wade se rendra ensuite à Conakry et Abidjan, les 10 et 11 mai prochains, puis à Tunis du 23 au 25 juin.
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