Un nouvel ouvrage réhabilite Carabane en île-mémoire

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Un nouvel ouvrage réhabilite Carabane en île-mémoire
Un nouvel ouvrage réhabilite Carabane en île-mémoire

Africa-PressSenegal. L’universitaire sénégalais Raphaël Lambal, auteur d’un album cartonné de 130 pages consacré à l’île de Carabane, s’inscrit par ce livre dans une entreprise de valorisation du patrimoine en danger de la Casamance, la région méridionale du Sénégal. Intitulé “Carabane l’île mémoire”, cet ouvrage publié aux éditions “L’harmattan France”,

le 6 juin dernier, est désormais disponible au Sénégal. Il est présenté comme un livre d’art, mais

surtout un ouvrage de valorisation de la mémoire de l’île de Carabane, “un lieu chargé d’histoire tombé dans l’oubli”, en Basse Casamance.

Selon Raphaël Lambal, ce livre se veut aussi “une réponse au besoin urgent de savoir et de mémoire et surtout de valorisation du patrimoine en danger de Carabane et de la Casamance”.

Tout est parti d’une visite effectuée par l’auteur à Carabane, en 2011, en compagnie d’invités venus participer à un colloque sur Andrée Malraux à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.

“J’ai organisé une visite découverte de la Casamance avec ces homologues, on est parti à Carabane. J’étais très déçu une fois sur les lieux, car on n’a pas trouvé sur place une personne-ressource pour parler de l’histoire de Carabane, c’était très gênant”, se rappelle l’universitaire dans un entretien avec l’APS.

Raphaël Lambal a alors décidé d’écrire sur Carabane. “Pourtant, je ne suis pas historien de formation”, précise l’auteur, enseignant-chercheur de littérature française moderne et contemporaine et critique littéraire à l’Université Assane Seck de Ziguinchor.

Et pendant sept ans, il s’est documenté sur la question, s’imprégnant aussi de ce lieu pour mieux saisir ce qu’il représente en termes d’histoire, comme mémoire.

Car du milieu du XIXe siècle jusque dans la première moitié du XXe siècle, Carabane était considérée comme l’île de toutes les rencontres, de tous les échanges et brassages en Sénégambie méridionale entre l’Europe et l’Afrique.

Le livre préfacé par le professeur Ibrahima Thioub, historien et ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, retrace “la trajectoire de cette île au passé légendaire dont l’histoire et la mémoire comptent pourtant parmi les racines de notre présent”.

La première partie relate l’histoire de Carabane, de la naissance de l’île et de sa création comme capitale administrative de la Basse Casamance jusqu’à son déclin en 1908, au moment du transfert de la capitale de Sédhiou à Ziguinchor.

La nouvelle capitale va connaître un essor important entrainant ainsi la chute de Carabane et son oubli.

La deuxième est consacrée à l’héritage patrimonial de l’île, car “l’histoire de Carabane a laissé sur place des bâtiments, des places culturelles et religieuses parce que c’est à partir de Carabane que le christianisme est entrée en Basse Casamance et l’islam aussi”, explique Raphaël Lambal.

Le livre rangé dans la catégorie des “beaux livres d’art”, a une triple dimension, un volet historique à travers l’évocation de la mémoire de ce lieu, une dimension valorisation du patrimoine et de cultures et une dimension littéraire.

Le Sénégal, dans ses premiers contacts avec l’artillerie occidentale, n’aurait retenu que deux points, Gorée à l’Ouest, et Saint-Louis au Nord, “mais en écrivant ce livre, je me suis rendu compte qu’il y a trois points de contacts, Saint-Louis, Gorée et Carabane qui a joué le même rôle que les deux premiers”, explique-t-il.

Il soutient que ce livre est “fondamental parce qu’il est à la fois de l’histoire et également de la mémoire”.

Aussi interpelle-t-il l’Etat pour une requalification de Carabane afin que l’île puisse jouer le même rôle que Gorée et Saint-Louis.

“Aujourd’hui, on parle de Gorée et de Saint-Louis parce qu’on les a inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, Carabane a eu le chemin inverse, il est complétement plongé dans l’oubli”, a-t-il relevé.

“Nous avons un devoir de mémoire, il faut réhabiliter ce site pour qu’il ait un statut comme Gorée et Saint-Louis, parce qu’il a agi au même titre que ces sites”, plaide Raphaël Lambal, selon qui la requalification de Carabane devrait lui ouvrir de nouvelles perspectives en termes de valorisation de cette île “porteuse de notre histoire”.

Dans le cadre de ce travail sur Carabane, l’auteur a bénéficié du soutien de l’université Assane Seck de Ziguinchor, de la direction du livre et de la lecture, des municipalités de Oussouye et Djimbéring et de l’Agence sénégalaise de la promotion touristique (ASPT).

Raphaël Lambal, docteur ès Lettres de l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, est aussi un spécialiste de André Malraux, écrivain et homme politique français, également ancien ministre de la Culture.

Il a inauguré avec Léopold Sédar Senghor le premier Festival mondial des arts nègres, le 30 mars 1966.

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