Construction d’infrastructures: la Turquie est-elle devenue incontournable au Sénégal?

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Construction d’infrastructures: la Turquie est-elle devenue incontournable au Sénégal?
Construction d’infrastructures: la Turquie est-elle devenue incontournable au Sénégal?

Africa-Press – Senegal. Si Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de Dakar, prend les formes d’une ville nouvelle, c’est grâce aux entreprises turques bénéficiaires de marchés publics d’infrastructures. Au Sénégal, l’offensive de la 13e puissance économique mondiale porte ses fruits, comme ailleurs en Afrique.

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Assis dans la très confortable loge présidentielle du nouveau stade Abdoulaye-Wade de Diamniadio, le Président turc Recep Tayyip Erdogan, flegmatique comme un Anglais, bouillit intérieurement de fierté, sans doute. Il a à l’esprit, à un moment ou à un autre, que c’est une entreprise turque, Summa, qui a sorti de terre cette infrastructure footballistique de dimension mondiale sans précédent au Sénégal. Le coût déclaré de l’ouvrage: 238 millions d’euros (environ 156 milliards de francs CFA).

Ce montant est à rapprocher de la dynamique des échanges commerciaux entre les deux pays. Ils ont atteint 550 millions de dollars (317 milliards de francs CFA) en 2021, a indiqué Erdogan lors du Forum d’affaires tenu à Dakar le 21 février 2022. Les importations sénégalaises chiffrées à 450 millions de dollars (environ 259 milliards de francs CFA) font pencher la balance commerciale du côté de la Turquie.

L’implantation des Turcs dans le tissu des infrastructures sénégalaises ne se dément pas. Avant le stade national de Diamniadio, les entreprises du pays d’Erdogan avaient déjà montré leur savoir-faire. C’est le consortium Limak-Summa qui a finalisé, en décembre 2017, l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD), laissé en jachère par les Saoudiens de Binladin Group. Auparavant, le Centre international de conférences Abdou-Diouf (CICAD) avait été livré par les Turcs pour un coût de 100 millions de dollars (environ 58 milliards de francs CFA). Dans cette même ville nouvelle de Diamniadio, en attendant de livrer l’université Amadou-Makhtar-Mbow, les businessmen turcs sont les artisans du complexe sportif Dakar Arena, du Parc des expositions, du Marché d’intérêt national, etc. Cette coopération avec la Turquie permet sans doute au Sénégal de garnir, pour s’en glorifier, une galerie d’infrastructures qui demandent à être rentabilisées. Mais en attendant, le déficit commercial sénégalais va s’aggraver.

“Le challenge pour l’Afrique: le transfert de technologie”

L’offensive économique turque n’est pas limitée au Sénégal, c’est une stratégie globale qui est déroulée à l’échelle du continent africain grâce à un réseau dynamique d’ambassades de plus en plus nombreuses et adeptes d’une diplomatie économique agressive et efficace. En prenant part à l’inauguration du stade Abdoulaye-Wade, le Président Erdogan en était à sa cinquième visite au Sénégal et plus en Afrique. Lors du Forum d’affaires Sénégal-Turquie du 21 février, il a révélé que “les échanges commerciaux entre son pays et l’Afrique sont passés de 5,4 milliards de dollars [3.151 milliards de francs CFA, ndlr] en 2003 à 34,5 milliards de dollars [plus de 20.000 milliards de francs CFA, ndlr] en 2021”.

Fournisseur d’armes, notamment de drones, à l’État central éthiopien dans sa guerre contre la rébellion tigréenne, perturbateur des plans du chef de guerre Khalifa Haftar en Libye, la Turquie intervient dans les secteurs de la santé et du matériel médical, dans l’agriculture, le développement durable, les infrastructures en Angola, au Togo, au Nigeria, en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau… Avec le Sénégal, un accord relatif à la lutte anti-terroriste et à la coopération sécuritaire devrait être paraphé d’ici le mois de mars. À cet effet, le ministre sénégalais de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome était à Ankara au mois de janvier 2022. Mais avec la 13e puissance économique mondiale et ses 80 millions d’habitants, “il faut savoir faire des affaires”.

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