Africa-Press – Senegal. Après avoir échoué à remporter la mairie de Thiès, le ministre de l’Économie numérique ne coordonnera pas le parti Rewmi aux élections du 31 juillet. Explications.
La cinglante défaite d’Idrissa Seck dans la région de Thiès pourrait-elle entraîner une recomposition de Rewmi ? Membre de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) depuis novembre 2020, arrivé troisième à la dernière présidentielle, il dominait cette zone depuis plus de vingt ans. Son parti a pourtant échoué dans la ville de 350 000 électeurs, ainsi que dans les communes de Thiès-Ouest, Thiès-Est et Thiès-Nord.
Son candidat, Yankhoba Diattara, ministre de l’Économie numérique depuis 2020, a été battu par celui de l’opposition, Babacar Diop, aux locales de janvier. Secrétaire national chargé de la vie politique et directeur des structures du parti, le « rewmiste » fut le premier adjoint d’Idrissa Seck à la mairie de Thiès de 2009 à 2014. Ce dernier lui a toutefois préféré Mor Sène, l’ancien président du conseil régional de Thiès, pour coordonner la formation au niveau départemental lors des législatives prévues le 31 juillet.
Yankhoba Diattara n’était d’ailleurs pas présent lors des réunions ayant entériné ce choix.
« Campagne de dénigrement »
Selon les détracteurs du ministre, ce choix s’explique par sa défaite à Thiès et son incapacité à fédérer des figures locales autour de sa candidature. Ses proches assurent au contraire que ses relations avec son mentor sont au beau fixe, et qu’il reste au cœur des décisions prises par le parti. Ils dénoncent d’ailleurs la « campagne de dénigrement » dont le bras droit d’Idrissa Seck ferait l’objet et qui serait menée par des membres « hostiles » de Rewmi.
Selon nos informations, Idrissa Seck verrait également d’un œil inquiet l’importance qu’a prise Yankhoba Diattara au sein du gouvernement. C’est pourtant lui qui avait proposé son nom à Macky Sall lorsque les deux hommes ont scellé leur alliance en 2020, de même que celui d’Aly Saleh Diop, l’actuel ministre de l’Élevage.
Dans l’entourage présidentiel, certains s’agacent également des efforts du ministre pour se faire bien voir auprès du président. En mars, dans le cadre des missions de BBY dépêchées à l’intérieur du pays, Yankhoba Diattara avait été choisi par Macky Sall pour dissiper les frustrations dans le département de Oussouye, en Casamance. Ass Babacar Guèye, le chef de cabinet d’Idrissa Seck, se chargeait quant à lui de faire taire les querelles dans les différentes sections locales du parti à Thiès.
Craintes d’un remaniement
Enfin, dans les rangs de l’Alliance pour la République (APR, formation présidentielle), certains regrettent la mainmise de Rewmi sur la région de Thiès pour l’organisation des élections locales. Déçu de ne pas avoir été investi par la coalition BBY, le maire sortant, Talla Sylla, avait ainsi décidé de quitter la majorité pour présenter sa propre liste : une stratégie qui ne s’est pas révélée payante.
Une victoire d’Idrissa Seck dans son fief de Thiès apparaissait pourtant comme un élément clé de son compagnonnage avec Macky Sall, avec qui il a entretenu des relations en dents de scie au cours de sa carrière politique. Le chef de l’État n’a pourtant – pour l’instant – procédé à aucun changement dans ses équipes, et a repoussé à plus tard la formation d’un nouveau gouvernement.
Le siège de Yankhoba Diattara pourrait donc être menacé dans le cadre du remaniement attendu après les législatives. Il en est de même pour les ministres qui ont eux aussi échoué lors du scrutin de janvier, tel celui de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr (candidat à Dakar), ou celui de l’Économie, Amadou Hott (Yeumbeul-Sud). Ceux-ci étaient également pressentis pour le poste de Premier ministre, qui n’a toujours pas été pourvu.
Jeune Afrique
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