Les présidentielles sénégalaises 2024 sans la participation du président sortant Macky Sall : liste des candidats et résultats possibles

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Les présidentielles sénégalaises 2024 sans la participation du président sortant Macky Sall : liste des candidats et résultats possibles
Les présidentielles sénégalaises 2024 sans la participation du président sortant Macky Sall : liste des candidats et résultats possibles

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Senegal. Les élections présidentielles au Sénégal sont programmées pour le 25 février 2024, sans la participation du président sortant Macky Sall, un précédent inhabituel dans le paysage électoral sénégalais.

Selon les données relayées actuellement par les divers médias du pays, cinq dirigeants politiques se sont porté candidats à la prochaine élection présidentielle au Sénégal, à savoir :
• Amadou Ba
• Khalifa Sall
• Idrissa Sek
• Karim Wade
• Aminata Touré

Quant au principal candidat de l’opposition, Ousmane Sonko, ce dernier sera empêché de se présenter en raison de ses antécédents judiciaires, alors que les chances du candidat de la majorité « Amadou Ba » de remporter le prochain scrutin semblent élevées, même si la possibilité d’organiser un deuxième tour électoral, dans lequel l’opposant Khalifa Sall pourrait bien l’emporter, et c’est envisageable.

Notre article met en lumière les évolutions de la scène politique sénégalaise à l’horizon des prochaines élections et les résultats attendus de la course présidentielle, qui auront des effets qualitatifs sur l’avenir de la situation politique dans ce pays charnière d’Afrique.

Retour sur les évolutions apparues sur la scène politique sénégalaise

Lors d’un discours adressé à la nation, le 3 juillet 2023, le président sénégalais Macky Sall avait mis fin à la polémique interne autour de sa candidature aux présidentielles 2024, en annonçant ses réticences à se présenter malgré l’interprétation constitutionnelle qui lui permet de participer à cette importante échéance.

Cette annonce a constitué donc un événement important au Sénégal, qui est l’unique parmi les pays africains dans la mesure où il n’a connu aucun coup d’État militaire dans son histoire. Les années 2000 et 2021 ont également été marquées par une passation pacifique du pouvoir après des élections démocratiques transparentes et équitables, mais pour la première fois de son histoire, un président sortant s’est abstenu de se présenter à l’élection présidentielle.

La démarche du président Macky Sall est indissociable du climat politique tendu depuis les élections législatives organisées le 31 juillet 2022, où la coalition des partis majoritaires soutenant le président Macky Sall a perdu la majorité parlementaire absolue, quasiment à égalité avec les partis d’opposition, et au final, il a conservé une majorité simple de 83 sièges maximum sur un total de 165 sièges.

Les partis d’opposition ont considéré que les résultats des élections ont marqué fin proche de l’ère du président Macky Sall, et ont fait de l’empêchement de sa candidature le titre de leur activité politique, fondé sur la constitution, qui ne permet pas au président de la République d’exercer plus de deux mandats consécutifs.

La stratégie du président Sall reposait sur trois déterminants fondamentaux :

• L’organisation d’un dialogue politique avec les forces politiques

Ce dialogue a débuté le 31 mai 2023, avec la participation de la plupart des forces partisanes, civiles et religieuses, et le boycott du parti d’opposition le plus important, à savoir le « Parti des Patriotes Africains », dirigé par Ousmane Sonko.

Le principal résultat de ce dialogue est peut-être la révision de la loi électorale pour permettre à deux personnalités de l’opposition de présenter leur candidature à la présidence, à savoir Karim Wade, fils de l’ancien président (Abdoulaye Wade), et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, qui ont déjà été condamnés dans des dossiers de gestion financière avant qu’ils ne soient graciés. Cette mesure apaiserait la tension dans la rue sénégalaise et détruirait l’unité et l’harmonie de l’opposition.

• La radiation par le pouvoir judiciaire du candidat de l’opposition radicale

En effet, Ousmane Sonko, principal candidat de l’opposition, a été jugé par contumace dans une affaire morale (accusation de viol et menace de mort) le 23 mai 2023, et le tribunal avait prononcé à son encontre, le 1er juin de la même année, une décision de jugement le condamnant pour « corruption de la jeunesse » à une peine de deux ans de prison, l’empêchant de participer aux prochaines élections.

Le 28 juillet 2023, Ousmane Sonko fût arrêté et inculpé de rébellion contre l’État et d’appel au chaos, et trois jours après, soit le 31 juillet 2023, le gouvernement sénégalais décida de retirer le visa d’exercer au « Parti des Patriotes africains » dirigé par Sonko.

Bien qu’un tribunal de la ville de Ziguinchor ait statué le 13 octobre 2023 autorisant Sonko à participer aux prochaines élections présidentielles, et que la Commission électorale indépendante ait exigé, sur la base de cette décision, que Sonko puisse déposer son dossier de candidature, le gouvernement a refusé de se conformer à ces décisions, au moment où le Président Macky Sall a publié un décret portant reconstitution du Conseil de la Commission Electorale Indépendante, le 4 novembre 2023, qui a été interprété comme une clôture définitive de la candidature de Sonko, ce que de nombreux sondages d’opinion indiquent comme étant le candidat le plus probable aux prochaines élections, et il pourrait gagner au premier tour.

• La présentation d’un candidat de son alliance politique et lui préparer le terrain de la victoire

Le 17 septembre 2022, le président Macky Sall avait nommé à la tête du gouvernement son ancien ministre des Affaires étrangères, Amadou Ba, qui occupait auparavant le ministère des Finances, de l’Économie et de la Gestion des domaines de l’État.

Le 9 septembre 2023, prés d’un an après le Premier ministre sénégalais devenait le candidat officiel de la majorité soutenant le président Macky Sall à l’élection présidentielle de février 2024. Malgré quelques défections au sein de l’alliance présidentielle, Macky Sall n’a pas rencontré de difficultés majeures pour s’imposer comme candidat aux prochaines élections.

Découvrons ensemble les principaux candidats aux prochaines élections présidentielles de 2024

Bien que 206 candidats aient accompli les formalités pour se présenter aux prochaines élections présidentielles, seuls quelques-uns d’entre eux pourront obtenir les recommandations nécessaires qui, selon la loi électorale sont : 0,6% de la base électorale, soit 13 députés, ou 120 maires et chefs de conseil local.

Soixante-quinze candidats ont déjà commencé à rechercher les recommandations requises, et selon les informations rendues publiques, les principaux candidats aux prochaines élections (si l’on exclut Ousmane Sonko, qui ne semble pas être autorisé à se présenter) sont les dirigeants et personnalités suivants :

• Amadou Ba (62 ans)

Il est issu de l’ethnie peule, dont descend lui-même le président Macky Sall, une minorité ethnique active qui contrôle la région du fleuve Sénégal. Amadou Ba est un technocrate connu pour ses compétences techniques qui a rejoint le président Sall depuis son arrivée au pouvoir en 2012, où il a occupé les portefeuilles de l’économie, des finances et des affaires étrangères avant d’être nommé Premier ministre.

Amadou Ba jouit d’une grande popularité dans la région du fleuve et dans la capitale Dakar, il bénéficie également du soutien des plus grands chefs religieux influents sur la scène électorale sénégalaise et est considéré comme proche des autorités françaises, qui ont de nombreux intérêts au Sénégal.

• Khalifa Sall (67 ans)

C’est un ancien maire de Dakar et ancien dirigeant éminent du Parti socialiste sénégalais, qui a gouverné sous les présidents Senghor et Abdou Diouf. Il a été arrêté en 2017 pour corruption financière alors qu’il était maire de la capitale, Dakar, et condamné à cinq ans de prison avant d’être libéré en septembre 2019 grâce à une grâce présidentielle. Le Conseil constitutionnel a rejeté sa candidature à l’élection présidentielle de 2018 en raison de sa condamnation judiciaire.

Khalifa Sall jouirait d’une grande popularité dans les rangs du Parti socialiste sénégalais, malgré le soutien de la direction du parti au candidat du président Macky Sall, ainsi que d’un grand soutien dans la capitale, Dakar, dont le conseil municipal est présidé par son allié Barthélemy Diaz.

• Idrissa Seck (64 ans)

Premier ministre de 2002 à 2004, ancien maire de la ville de Tiyas et l’un des plus proches collaborateurs de l’ancien président Abdoulaye Wade avant la rupture avec lui en 2005, qui a conduit à son arrestation et son accusation dans un dossier de gestion financière. Il a participé aux élections de 2007 et 2012, et il est arrivé deuxième aux élections de 2019, puis a rejoint les rangs du président Macky Sall, qui l’a nommé président du Conseil économique et social en novembre 2020. Il a démissionné de ses fonctions en avril 2023 pour se consacrer aux élections présidentielles. On pense qu’il bénéficie d’un fort soutien dans sa ville natale de Tiyas (la deuxième ville du Sénégal) et de certains liens avec le coin politiquement influent de Touba.

• Karim Wade (55 ans)

C’est le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade et ancien ministre de la Coopération et des Transports sous le règne de son père. Il a été arrêté en 2013 pour des accusations financières, avant que le président Macky Sall ne lui accorde sa grâce en 2016 dans le cadre d’un accord spécial avec le gouvernement du Qatar. Depuis, il a déménagé à Doha, où il vit toujours. Il bénéficie d’un fort soutien de la part de son père et de son parti, le Parti démocratique du Sénégal, mais il est éloigné de la scène politique depuis six ans.

• Aminata Touré (61 ans)

Elle est l’ancienne ministre de la Justice et Premier ministre de 2013 à 2014, et l’une des personnalités politiques les plus marquantes proches du président Macky Sall avant leur rupture à la suite des élections législatives de juillet 2022, à l’issue desquelles elle devrait être nommée cheffe du Parlement. Son siège parlementaire retiré en janvier 2023, elle rejoint l’opposition radicale et se rapproche d’Ousmane Sonko.

Perspectives de la scène électorale au Sénégal

Pour résumer un peu la situation attendue les prochains mois au Sénégal, on peut affirmer qu’à trois mois des prochaines élections présidentielles au Sénégal, il semble probable que le principal candidat de l’opposition, Ousmane Sonko, soit « définitivement » exclu de la course, à laquelle participeront les cinq personnalités susmentionnées. Selon les estimations disponibles, deux scénarios fondamentaux peuvent être clarifiés :

• D’abord la victoire du candidat officiel du pouvoir en place lors du premier tour des élections, à l’image de celles de 2019 remportées par le président Macky Sall. Il semble que le candidat de la majorité au pouvoir, Amadou Ba, parie sur cette possibilité, qui constitue sa véritable chance de l’emporter. Pour que ce scénario se réalise, la base électorale d’Ousmane Sonko doit boycotter la course à la présidentielle ou répartir ses voix entre les autres candidats, et le rôle des services gouvernementaux de l’État doit être efficace et influent.

• Puis l’organisation d’un second tour où l’opposition se rassemblerait autour d’un candidat provenant de ses rangs, à l’instar des élections de 2000 remportées par Abdoulaye Wade et des élections de 2012 remportées par Macky Sall. Dans ce scénario, les chances de Khalifa Sall semblent grandes, compte tenu de son expérience politique et de sa capacité à constituer un front majeur pour le soutenir.

Selon les indicateurs actuels, encore provisoires et non concluants, le premier scénario apparaît comme le plus fort, mais les interactions du dossier Sonko auront un impact fondamental sur la nature du parcours électoral sénégalais.

Il faudrait donc attendre le 25 février 2024 pour connaître la réalité des choses sur cette importante échéance électorale au Sénégal.

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