À Dakar, Aïsha Dème fait des étincelles dans le monde de la culture

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Cette hyper-urbaine, qui a réveillé les nuits de la capitale pendant des années en partageant ses bons plans, ses idées de sorties, de concerts et d’expositions, vient pourtant d’une famille rurale originaire d’un village du Saloum, près de la frontière gambienne.

Aïsha Dème est née et a grandi à Dakar. Élève studieuse au lycée Lamine-Gueye, c’est en allant voir jouer la pièce Lu eup turu (« trop c’est trop »), avec Awa Sène Sarr, au théâtre Sorano, au Plateau, qu’elle prend conscience de sa passion pour les arts et la culture.

La voix de la jeunesse

Comme beaucoup de jeunes de son âge, elle fréquente régulièrement, dans les années 1990, le centre culturel français, où elle aime passer des heures à lire et à relire Cheik Anta Diop, Victor Hugo, Daniel Pennac et, surtout, les auteurs contemporains ouest-africains : Boubacar Boris Diop ou Ken Bugul.

C’est aussi là, quelques années plus tard, qu’elle croise la génération Galsen (« Sénégal », en verlan) et ses rappeurs – Positive Black Soul, Daara J, Faada Fredy, Pee Froiss, Rapadio… –, dont la plupart s’engageront en 2011 dans le mouvement Y’en a marre pour protester contre le président Abdoulaye Wade. L’objectif est alors de faire entendre la voix de la jeunesse pour faire bouger politiquement et culturellement un Sénégal qui a trop longtemps regardé en arrière et un Dakar qui manque de cinémas, de théâtres, de salles de concert…

Alors qu’elle est informaticienne dans une banque, Aïsha Dème démissionne en 2009 à l’occasion de la préparation du Festival mondial des arts nègres à Dakar (qui se tiendra en décembre 2010). Avec son ami Alassane Dème, qui rentre des États-Unis, elle crée le webzine agendakar.com (qui a fermé en 2014). Elle y passait au crible une foule d’évènements culturels passionnants, dont nombre étaient jusqu’alors ignorés s’ils n’entraient pas dans les radars de la culture institutionnelle. « Le site a explosé, car nous apportions beaucoup d’informations vérifiées en temps réel, c’était une révolution au Sénégal. »

« Bons plans »

Aujourd’hui, avec Siriworo, celle qui se définit comme une « activiste culturelle » et une « boulimique de culture » veut, comme le souhaitait Senghor, démocratiser les arts. « La culture ne doit pas être élitiste, elle doit être étudiée à l’école. Elle est génératrice d’emplois. Elle peut éviter à nos jeunes d’avoir envie de prendre la pirogue… Tous les samedis, je tweete pour donner envie aux gens de sortir. »

Aïsha Dème accompagne aussi nombre de projets artistiques (expositions d’arts visuels, concerts, rendez-vous de poésie, soirées slam, festivals, etc.) et continue d’échanger ses « bons plans culture » sur les réseaux sociaux. Elle y est très active, notamment pour inciter les Sénégalaises, qui, selon elle, « se sont un peu endormies sur leurs lauriers depuis les glorieuses générations féministes des indépendances », à s’impliquer davantage dans l’éducation et la culture.

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