Africa-Press – Senegal. Ce qui devait être, aux yeux de nombreux Sénégalais, et même d’une partie de l’Afrique, la plus grande victoire politique du siècle, s’est transformé en une profonde désillusion ». C’est le bilan que le patron de la République des valeurs (RDV) tire des deux ans de Diomaye au pouvoir.
« Une victoire bâtie sur des promesses exaltantes: éthique, transparence, fraternité, égalité des droits, don de soi pour la patrie. Autant de valeurs brandies comme les fondements d’un nouveau projet de société », a dit Thierno Alassane Sall devant la presse.
À l’en croire, très vite, la réalité a rattrapé le discours. « Ce qui se révèle aujourd’hui n’est pas une gouvernance tournée vers l’intérêt général, mais un petit clan, incapable de s’accorder sur la manière de diriger le pays, davantage préoccupé par la conquête et la conservation du pouvoir que par le sort des Sénégalais. »
Une guerre au sommet de l’État sans précédent
« Pour la première fois dans l’histoire récente du Sénégal, une guerre larvée, ouverte et assumée s’installe durablement entre les deux têtes de l’exécutif. Une confrontation qui ne porte ni sur le devenir du pays, ni sur les attentes des étudiants, des travailleurs ou des familles éprouvées, mais sur une seule question: qui exercera réellement le pouvoir et qui sera candidat en 2029 » accuse le député.
Cette situation, dit-il , marque une rupture grave dans la tradition de stabilité institutionnelle du Sénégal, longtemps cité comme modèle, malgré les vicissitudes de son histoire politique. « Comme le rappelle un vieil adage, les hommes d’État pensent aux générations futures, les politiciens à leurs prochaines élections. Jamais cette maxime n’a semblé aussi actuelle. Aujourd’hui, au sein du Pastef, des plus instruits aux plus ordinaires, le débat central n’est pas le projet national, mais la prochaine échéance électorale », se désole-t-il.
Un pays à l’arrêt, une économie fragilisée
Cette crise politique permanente n’est pas sans conséquences selon toujours le député « Dégradations de notations, incertitude économique, frilosité des investisseurs, le pays est à l’arrêt. Le tourisme, les services, l’investissement privé, tous les secteurs sont affectés ». Il ajoute que l’incertitude est totale. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Et dans ce climat délétère, au lieu de remettre le pays en marche, le pouvoir s’enferme dans des calculs politiciens ».
Népotisme et licenciements massifs
Par ailleurs, il mentionne « la brutalité sociale avec laquelle l’État traite ses propres citoyens. Des centaines, voire des milliers d’agents ont été licenciés dans des entreprises et agences publiques, souvent sans procédure claire, pour être remplacés par des proches du régime ». Et de s’interroger: « Où est l’éthique? Où est la fraternité? Où sont les appels à candidatures promis »?
Des exemples précis sont cités: recrutements sans avis de vacance de poste, retour de « copains » venus de France, mise à l’écart de compétences sénégalaises reconnues. Des propos assumés, parfois même revendiqués, au nom de l’amitié militante. Des structures comme la Caisse des dépôts et consignations, Dakar Dem Dikk, l’Office des lacs du Sénégal ou encore des programmes de formation professionnelle sont évoquées comme symboles de ce népotisme institutionnalisé par Thierno Alassane Sall. Dans ces conditions, parler d’État de droit relève de l’utopie. Car sans le droit, le citoyen reste toujours plus faible que le pouvoir.
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