Ça pue la drogue, ça empeste les stupéfiants jusque dans les couloirs du palais de justice dont les murs se sont effondrés, non sous l’effet des fortes pluies de cet hivernage, mais sous l’ampleur des pressions internationales qui ont fini de remettre en question l’indépendance de la justice de notre pays. L’affaire de la drogue dure saisie au port de Dakar, un sujet de d’évaluation sur lequel peuvent méditer les enseignants et étudiants en droit, s’avère être une marée noire dans l’océan des décisions d’une justice soumise à des œillères. On ne sait pas par quelle magie ils s’en sont tirés indemnes, après le « naufrage » du chalutier échoué au large de Dakar et contenant à son bord, des véhicules neufs dans lesquels étaient dissimulées des quantités de drogue qui dépassent l’entendement. 1036 kilogrammes de cocaïne, une saisie record. Mais rien d’étonnant dans un pays où la justice est aux ordres, où les citoyens ne se reconnaissent pas dans les décisions prises par un procureur de la république qui ne représente plus la république, mais celui qui l’a nommé à son poste et qui peut le démettre à tout moment. Révoltant, la libération des « otages » européens incriminés dans cette affaire d’une part, et d’autre part la détention de nationaux, qui restent en prison faute de bras assez longs, suppose-t-on. Deux poids, deux mesures. C’est cette même justice qui a refusé la liberté à un trafiquant de médicaments, Bara Sylla, dont la peine ferme de 7 ans a été confirmée par la Cour d’appel de Thiès pour en faire un exemple. Entre la drogue et les faux médicaments, l’Etat, du moins la justice sénégalaise a fait son choix. Un message reçu 5/5 par les petits « faxmen » qui purgent des peines lourdes pour des larcins. Et qui devraient songer à se reconvertir ou déposer un CV chez Grimaldi… Pour dire qu’il reste encore du chemin au régime du président Macky Sall qui estime avoir fait des pas de géant en matière d’indépendance de la justice, ce dont d’ailleurs l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) est loin d’être convaincue. L’affaire Grimaldy, c’est la justice des riches, en d’autres termes.

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L’ancien directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest, Alioune Tine, s’est dit «préoccupé» par le cas Adama Gaye, journaliste sénégalais, qui a entamé une grève de la faim, ce lundi matin, à Rebeuss. «Nous sommes gravement préoccupés par la décision que le journaliste Adama Gaye a prise de faire une grève de la faim totale avec son état de santé.

Nous pensons qu’il faut absolument le libérer, il n’aurait jamais dû être en prison, il a nié certains écrits qu’on lui reproche, son compte Facebook ayant fait l’objet d’un piratage», a-t-il déclaré dans un bref entretien téléphonique avec Seneweb. Le droit-de-l’hommiste considère en effet que le délit d’offense au chef de l’État est obsolète. «Nous le combattons depuis les années 90. Il est totalement absurde dans un contexte où le Président est très fort et chef de parti», a ajouté le président du laboratoire Afrikajom Center.
Par ailleurs, Alioune Tine pense que les longues détentions préventives prouvent à la fois les «défaillances et les dysfonctionnements» de la justice pénale à savoir, d’après lui, le manque de personnel, de moyens humains, matériels et financiers.
«Une justice pénale qui fonctionne exclusivement sur l’enfermement qui aurait dû être l’exception et qui est devenu la norme. Il nous faut repenser collectivement notre justice pénale, adopter une loi sur la présomption d’innocence permettant de faire de l’enfermement une exception», a notamment plaidé l’ancien président d’Amnesty pour l’Afrique de l’Ouest qui invite à faire recours à de nouvelles alternatives à la prison, des peines alternatives, des prisons en milieu ouvert, recours à des contraventions pour certains délits et des travaux d’intérêts publics. Car, dira-t-il, «avec des prisons surpeuplées, il faut construire de nouvelles prisons, respecter les règles minima et la dignité humaine des détenus.
Nos prisons ont été construites pendant la période coloniale et elles sont une reproduction pâle et archaïque d’une vision très dépassée d’une politique pénale répressive et peu soucieuse du respect de la dignité humaine».

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