Africa-Press – Senegal. Un groupe de graffeurs sénégalais a réalisé des dessins pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Palestine, au Soudan et en République démocratique du Congo, ainsi que pour protester contre le « don » que le Sénégal a reçu d’Israël.
Réalisés sur les murs du point de passage touristique de l’île de Ngor, à Dakar, ces graffitis visent à sensibiliser le public aux violations des droits de l’homme en Palestine, au Soudan, en Haïti et en RDC.
Parmi les messages, l’importance du boycott rappelée par le graffiti « Un Coca est une bombe pour Gaza », réalisé en coopération avec le Collectif panafricain d’artistes graffeurs (RBS), le Collectif d’artistes africains anti-apartheid et l’Institut Symbiose opérant à Ngor.
D’autres messages font référence au travail des enfants dans la production de cobalt en RDC au profit des entreprises telles que Google et Apple, ainsi que les graffitis de moutons critiquant le « don » d’animaux sacrificiels par l’ambassade d’Israël à Dakar.
– « Nous condamnons avec la plus grande fermeté la distribution de moutons de sacrifice au Sénégal par des individus qui commettent un génocide en Palestine »
Tabara Korka Ndiaye, membre du collectif d’artistes africains anti-apartheid, a expliqué à Anadolu que les dessins avaient pour but de rendre visible et de faire connaître la lutte des peuples opprimés, mais aussi de sensibiliser l’opinion publique à cette question.
« L’État d’Israël distribue chaque année des moutons aux familles sénégalaises à faible revenu. D’une part, il bombarde et affame les Palestiniens sur leur propre terre et, d’autre part, il fournit une soi-disant aide sacrificielle à un autre pays musulman. Nous n’accepterons jamais cette situation. Nous nous opposons à leur aide depuis des années, mais nous condamnons de la manière la plus ferme la distribution de moutons au Sénégal alors qu’ils commettent un génocide en Palestine. L’existence même de l’ambassade d’Israël est un sujet de débat en soi. Nous demandons la fermeture de l’ambassade d’Israël à Dakar et l’expulsion immédiate de l’ambassadeur d’Israël. Nous demandons également au peuple sénégalais de n’accepter aucune aide de l’État sioniste », a-t-il dit.
Tabara Korka Ndiaye a exprimé sa volonté de continuer à raconter l’histoire des peuples opprimés dans les espaces publics.
– Israël « donne » des moutons en sacrifice depuis 2006
Le don de 77 moutons par l’ambassade d’Israël à Dakar à des familles à faibles revenus pour l’Aïd al-Adha a suscité de vives réactions dans le pays.
Des photos de la cérémonie de donation ont été partagées sur le compte X de l’ambassade, et des organisations de la société civile ont appelé au rejet de cette aide.
« Manger les moutons offerts par l’ambassade d’Israël revient à manger la viande d’enfants tués en Palestine. Il ne s’agit pas d’une œuvre de charité, mais d’une opération de relations publiques génocidaire », a-t-il dénoncé.
Depuis 2006, l’ambassade d’Israël à Dakar mène cette activité en faisant des dons aux nécessiteux avant chaque Aïd al-Adha.
– L’ambassadeur d’Israël hué à l’université
Quelques jours avant la cérémonie de don de moutons, l’ambassadeur d’Israël à Dakar, Yuval Waks, a été hué par des étudiants lors d’une table ronde à laquelle il était invité à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 27 mai.
Yuval Waks a dû quitter l’université avant d’avoir pu prononcer son discours, car les étudiants ont réagi en brandissant des drapeaux palestiniens et en scandant le slogan « Palestine libre ».
Yuval Waks, qui est également accrédité auprès de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert et du Tchad, a remis sa lettre de créance au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye le 8 mai.
– L’amitié historique entre le Sénégal et la Palestine
Les liens entre les deux pays remontent aux années 1960.
Le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, dont le soutien à l’indépendance palestinienne est largement reconnu, a participé à une mission de médiation en Israël au nom de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), aux côtés de ses homologues du Nigeria, du Cameroun et de la République démocratique du Congo (ancien Zaïre).
Le Sénégal préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien depuis 1975 sans interruption.
Le Sénégal est l’un des premiers pays africains à avoir permis à la Palestine d’ouvrir une mission diplomatique sur son territoire en 1989, et l’un des premiers pays à avoir délivré des passeports diplomatiques à l’ancien président palestinien Yasser Arafat.
Le Sénégal a rompu ses relations diplomatiques avec Israël après la guerre israélo-arabe de 1973, et ce jusqu’en 1992. Le pays est reconnu comme l’un des plus proches amis de la Palestine en Afrique.
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