Africa-Press – Senegal. Dans un rapport publié par The Guardian, la tragédie des habitants de Bargny au Sénégal est exposée, où ils souffrent de graves changements environnementaux et de l’émigration massive des jeunes.
Fatou Samba, une habitante de la région, est assise sur une chaise en plastique, regardant la mer qui fut autrefois sa source de revenus.
Devant elle, d’énormes navires étrangers dominent les eaux, tandis que des dizaines de pirogues sénégalaises vides flottent sur une mer appauvrie en poissons.
« Ici, il y avait une mosquée », dit Samba en désignant un tas de décombres sur la plage.
Elle ajoute: « Le 19 août, la mer a emporté ma maison, ses murs et mon lit. Bientôt, la mer engloutira tout, y compris cette maison construite par mon grand-père. »
L’érosion côtière à Bargny, où des générations de pêcheurs ont grandi, a été aggravée par les travaux de dragage pour préparer un port en eau profonde pour les navires commerciaux, entraînant la perte de maisons et de biens sur la côte.
Samba explique que 17 familles voisines ont perdu leurs maisons à cause de la montée des marées.
Cette situation est devenue familière dans la région, alors que le niveau de la mer continue de monter, aggravant la souffrance des habitants.
La plus grande douleur de Samba est le départ de son fils Thierno, 22 ans, pour l’Espagne en novembre dernier.
« J’étais ici à le regarder partir, nageant vers le bateau », dit-elle, soulignant l’impact des pressions sociales sur la jeunesse sénégalaise. Elle ajoute: « Ses amis lui envoyaient des messages depuis Madrid, et il avait honte de rester ici. »
La traversée de l’océan Atlantique vers les îles Canaries est l’une des routes migratoires les plus dangereuses du monde, les migrants voyageant sur de petites embarcations dans une mer agitée, s’exposant à d’énormes dangers.
En 2023, environ 32 000 migrants ont atteint les îles Canaries, tandis que le record de 2024 dépasse les 46 000, selon l’agence européenne Frontex.
Pendant ce temps, de nombreux décès ne sont pas enregistrés, les migrants mourant en mer sans que leurs noms soient répertoriés.
La question migratoire a été un sujet central lors des élections présidentielles sénégalaises de mars dernier.
Le président élu, Bassirou Diomaye Faye, a exhorté les jeunes Sénégalais à rester dans leur pays et à ne pas se laisser séduire par « l’illusion » d’une vie meilleure à l’étranger.
Cependant, la situation sur le terrain continue de voir un nombre croissant de migrants emprunter la voie maritime.
Dans la communauté de Samba, la perte est devenue une partie du quotidien. Elle a indiqué que 13 personnes de ses connaissances se sont noyées en mer au cours des trois derniers mois.
Ses amis disent: « L’année dernière, la situation était meilleure, maintenant les gens partent en toute discrétion. »
Les risques augmentent en raison de l’équipement dégradé utilisé par les migrants et du mauvais encadrement des traversées.
Ndèye Sall, qui a perdu son mari Ousmane en pleine mer, raconte également sa souffrance liée à la migration.
Ousmane était parti sur une petite embarcation et s’est noyé après avoir souffert de délires dus au manque de nourriture et d’eau pendant le voyage.
En larmes, Sall dit: « Je lui ai dit de ne pas partir, mais il était épuisé par ses tentatives de gagner sa vie. »
La ville de Kayar, autrefois un centre de l’industrie de la pêche, a connu une dégradation majeure de ses infrastructures, les maisons abandonnées et les installations fermées faisant désormais partie du paysage.
Djibril Soupray, un homme politique local, déclare: « En octobre 2023, un bateau de la ville a disparu, transportant de nombreuses personnes, et à ce jour, aucune information sur leur sort. »
Malgré les conditions difficiles, de nombreux jeunes gardent espoir en un avenir meilleur à l’étranger, malgré les risques énormes qu’ils encourent lors de leur périple.
Le rapport publié par The Guardian révèle une profonde crise humanitaire et environnementale qui affecte considérablement la vie de milliers de Sénégalais, à un moment où les pressions économiques et environnementales augmentent.
Cette tragédie met en lumière les défis auxquels le peuple sénégalais est confronté face aux changements climatiques et à la migration illégale, reflétant une dure réalité qui nécessite des actions urgentes pour limiter l’émigration et promouvoir un développement local durable.
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