Plan de Redressement ou Raidissement: Critique D’Abdou Mbow

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Plan de Redressement ou Raidissement: Critique D'Abdou Mbow
Plan de Redressement ou Raidissement: Critique D'Abdou Mbow

Africa-Press – Senegal. Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko présentait, ce vendredi, son très attendu Plan de redressement économique et social, baptisé « Jubbanti Koom », au Grand Théâtre de Dakar, les réactions ne se sont pas fait attendre. Parmi elles, celle du député Abdou Mbow, du groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal, qui, dans une tribune incisive, dénonce un plan qu’il qualifie de « plan de compression déguisé » et fustige une approche centrée sur une « fiscalisation généralisée ».

Le député Mbow exprime une profonde déception face aux annonces du Premier ministre, qu’il accuse d’avoir manqué l’occasion de proposer des réformes structurantes. « Nous attendions, avec des Sénégalais en mode survie, des réformes sur le train de vie de l’État, la réduction des agences parapubliques, l’abandon des caisses noires, naguère dites ‘haram’, la mise en place de politiques tournées vers l’emploi des jeunes et des nouvelles pistes d’investissements structurants », écrit-il. Ces attentes, selon lui, incluaient également des mesures pour relancer le secteur du BTP, renforcer le secteur privé, et offrir des perspectives à une jeunesse confrontée à l’émigration clandestine.

Au lieu de cela, Mbow reproche à Sonko de s’être « replongé dans sa déformation professionnelle » en adoptant une approche qu’il résume par l’expression « taxer et encore taxer ». Il qualifie cette stratégie de « faute professionnelle », arguant qu’« imaginer que l’on peut redresser une économie à bout de souffle par la pression fiscale est une faute ».

« Adu Kalpe »: Une fiscalité punitive plutôt qu’un redressement

Le terme « Adu Kalpe », utilisé par Mbow pour caricaturer le plan, reflète son rejet d’une politique qu’il perçoit comme oppressive. « La taxation doit être la conséquence d’une dynamique économique et non son point de départ », martèle-t-il, soulignant que taxer un « tissu économique exsangue » fragilise davantage les acteurs économiques. Selon lui, les nouvelles taxes annoncées – notamment sur le numérique, le mobile money, les jeux de hasard, et le foncier – seront inévitablement répercutées sur les consommateurs, déjà « en mode survie ». Il ironise même sur les abonnés à Netflix, qui « ont dû rigoler » face à ces mesures.

Abdou Mbow conteste également l’idée de mobiliser des ressources internes dans un contexte où « les gens vivent au jour le jour ». Cette fiscalisation, qu’il qualifie de « généralisée qui ne dit pas son nom », risque, selon lui, d’« appauvrir les couches vulnérables ».

Un plan de compression plutôt qu’une relance

Pour le député, le plan présenté par Sonko n’est pas un véritable plan de redressement, mais « un plan de compression déguisé, habillé de mots forts mais sans les injections vitales que réclame notre économie ». Il reproche au gouvernement de ne pas avoir proposé une stratégie globale de relance, centrée sur « la reconstruction des moyens de subsistance, la réhabilitation des actifs productifs, l’amélioration de la prestation de services, l’amélioration de l’accès au financement et aux marchés et l’autonomisation des communautés ». Ces éléments, selon lui, sont essentiels pour promouvoir une croissance durable et inclusive dans un pays en développement comme le Sénégal.

Le député critique également le recours récurrent à des slogans et des promesses non tenues. « On a commencé avec ‘Solutions’, continué avec ‘Le Projet’, viré avec ‘Vision 2050’, fait du sur-place avec ‘Plan de redressement’ », ironise-t-il, suggérant que le gouvernement multiplie les annonces sans résultats concrets. Il prédit un « prochain rendez-vous dans 6 mois ou un an » qui servira à « maintenir les chimères » pour masquer « l’incapacité de relancer l’économie ».

Une rhétorique souverainiste pour masquer les faiblesses

Le député n’épargne pas la rhétorique souverainiste de Sonko, qu’il accuse d’utiliser comme un « prêche » pour détourner l’attention des véritables enjeux. « Il est plus facile de continuer à accabler ses prédécesseurs, et à cogner sur le FMI », écrit-il, en référence aux critiques du Premier ministre contre les institutions financières internationales. Sonko avait en effet dénoncé la responsabilité du FMI dans la crise économique sénégalaise, affirmant que ses retards de décaissements contribuaient à « asphyxier le pays ».

Abdou Mbow, quant à lui, considère que ces discours masquent l’absence de solutions concrètes. Il appelle à des réformes basées sur « du travail, de la croissance, de la formation, et un marché libre et concurrentiel ». Il conclut en prédisant un prochain rendez-vous au Grand Théâtre, qu’il baptise ironiquement « Le Grand Réveil », tout en soulignant que « les Sénégalais ne semblent pas encore trouver le sommeil tant ils sont préoccupés ».

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