Africa-Press – Senegal. Il y a bientôt deux ans, précisément le 29 septembre 2020, le chef de l’Etat lançait en grande pompe le PAP2A (Plan d’Actions prioritaires de la phase II du Plan Sénégal émergent (PSE) pour, supposément, contenir les impacts néfastes de la pandémie à coronavirus.
L’ambition était noble, d’autant plus qu’il était question de faire la part belle au secteur privé national, parent pauvre des politiques publiques et qui n’aura pas fait montre de résilience face à ce choc exogène, à cause d’un manque de patriotisme économique.
En clair, les entreprises sénégalaises, qui prononçaient alors la prière de l’agonisant, étaient jusque là mal servies. Les marchés, pour la plupart, étaient captés par des entreprises marocaines, turques, indiennes, chinoises et, comme de bien entendu, françaises…
Alors que Amadou Ba était ministre en charge de l’Economie, la partie la plus significative du secteur privé national alertait sur la concurrence des entreprises étrangères qui héritent de la part du lion relativement aux marchés publics, dans un contexte de lancement de grands travaux de l’Etat.
Les Assises de l’entreprise tenues au mois de février 2017 servent de tribune à Baïdy Agne du Conseil national du patronat pour, de but en blanc, interpeller le Premier ministre sur le rôle que doit jouer le privé national dans la construction de la Nouvelle ville de Diamniadio.
En novembre 2017, feu Mansour Kama, prenant la parole au Conseil présidentiel sur l’investissement, ne met pas de gants pour dire au président Macky Sall : « Le secteur privé national…n’acceptera pas d’être victime consentante d’un marché monopolisé par les étrangers. Les Grands Projets TER et AIBD sont donnés aux étrangers ».
Le Sénégal s’est alors lourdement endetté et malgré cet alourdissement de la dette, le taux de productivité était de 18%. Un résultat faible.
Dès avril 2017, la Banque mondiale, en marge du lancement du rapport d’Africa’s Pulse, avait attiré l’attention des autorités sénégalaises sur les dangers liés à un endettement élevé.
De l’huile au coude de Me Wade qui ne va pas s’en servir avec une maladresse d’ours. Conduisant à Touba à la veille du Grand Magal 2017 une délégation de la coalition Wattu Senegaal, le pape du Sopi use du talent de l’agrégé en sciences économiques qu’il est pour disserter sur la dette. « Le pays s’est beaucoup dégradé depuis que je suis parti. Le taux d’endettement est de 65%. J’ai été professeur d’économie et tous les livres que j’ai explorés enseignent que le taux ne doit jamais excéder 17%. La situation financière est carabinée », avertit l’ancien président de la République.
Au la veille du départ de Amadou Ba, on parle de tension de trésorerie et il intervint une augmentation sur le prix de l’électricité. Ce réajustement à la hausse irrite l’opposition et poussera Guy Marius Sagna et Cie à marcher devant les grilles du palais.
On comprend, dès lors, que les calculs politiciens ont finalement eu raison de la logique d’efficacité et d’efficience. Comment Macky a-t-il pu choisir Amadou Ba, à l’heure où les conséquences de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui exacerbent les effets sociaux de la vague pandémique, prédisposent à une vision sombre de l’avenir de l’économie sénégalaise ?
Par Thierno DIOP, journaliste
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