
Africa-Press – Senegal. Dans une déclaration publiée ce soir 3 avril après le message à la nation du Président Faye, Thierno Bocoum, ancien parlementaire et président du mouvement AGIR, a lancé un appel pressant au Président Bassirou Diomaye Faye pour qu’il adopte une gouvernance plus structurée face aux défis économiques et sociaux du Sénégal. À la veille du 65e anniversaire de l’indépendance, Bocoum critique les discours présidentiels qu’il juge trop solennels et déconnectés des attentes populaires, exhortant le chef de l’État à passer des paroles aux actes.
Thierno Bocoum déplore que les interventions de M. Faye se limitent à des « déclarations d’intention et formules diplomatiques élégantes », mais « restent vides de sens et ne répondent pas aux aspirations profondes de nos concitoyens ». Il reconnaît la baisse de certains prix, qu’il attribue « en grande partie à la dynamique économique mondiale », mais insiste: « elle ne constitue qu’un aspect parmi d’autres. L’enjeu principal réside dans la relance de l’emploi et dans la mise en place de stratégies durables pour lutter contre la perte d’emplois qui érode le pouvoir d’achat ». Selon lui, « le lien est simple: sans pouvoir d’achat, il n’y a pas de consommation. Et sans maîtrise des coûts de production, il est illusoire de prétendre maîtriser les prix ».
L’ancien parlementaire met en garde contre les dérives populistes, affirmant: « Le populisme, aussi séduisant soit-il, ne pourra masquer l’essoufflement de cette approche lorsqu’il faudra rendre des comptes ». Il appelle à un changement de paradigme, estimant que « se concentrer uniquement sur des solutions ponctuelles, sans aborder les causes profondes des difficultés économiques, revient à gaspiller du temps et de l’énergie ». Bocoum insiste sur la nécessité d’un « diagnostic sérieux » avant de financer des initiatives individuelles, rappelant que « plusieurs décennies de financements étatiques […] n’ont produit que des résultats politiques éphémères et peu probants ».
Dans ce contexte, il souligne l’urgence d’une mobilisation des ressources: « Monsieur le Président de la République doit comprendre que nous vivons désormais dans un contexte où la mobilisation des ressources est primordiale pour faire face à une dette publique élevée et à des charges fixes croissantes ».
Thierno Bocoum interroge directement le Président sur plusieurs engagements en suspens. Il demande des éclaircissements sur « la promesse de suppression des fonds politiques, ou plutôt des réformes associées, ainsi que de la réduction du train de vie de l’État et de la rationalisation de ses structures ». Il pose également la question des stratégies fiscales: « Quelles sont les stratégies pour élargir l’assiette fiscale sans alourdir davantage le fardeau fiscal d’une minorité déjà exsangue ? » Enfin, il appelle à une vision diplomatique claire: « Quelle est la stratégie pour renforcer les relations bilatérales et multilatérales, afin de permettre à nos compatriotes d’accéder à de nouveaux marchés, attirer les investissements étrangers et renforcer les partenariats économiques ? »
Un an après l’élection de Bassirou Diomaye Faye le 24 mars 2024, avec 54 % des voix, les attentes restent élevées. Sur X, des voix expriment une déception croissante face aux promesses non tenues. Bocoum s’aligne sur les récents propos du Président relayés sur la même plateforme, où Faye a affirmé que « la discipline budgétaire est indispensable » pour redresser les comptes publics, mais il insiste: « Ce sont des mesures structurelles et diversifiées et non des solutions superficielles, qui permettront de rétablir une véritable stabilité économique et de répondre aux attentes profondes du peuple sénégalais ».
En conclusion, Thierno Bocoum exhorte Faye à « élever la solennité à la hauteur de sa fonction présidentielle » et à s’attaquer aux causes profondes des difficultés, pour garantir un avenir stable et prospère au Sénégal.
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