Coupe d’Afrique des nations : comment la CAN 2022 l’a échappé belle

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Coupe d’Afrique des nations : comment la CAN 2022 l’a échappé belle
Coupe d’Afrique des nations : comment la CAN 2022 l’a échappé belle

Africa-Press – Senegal. Plus menacée que jamais, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a tenu tête. Confrontée à la crispation des clubs européens, exacerbée par le retour croissant de l’épidémie de Covid-19 et dans un contexte de grandes tensions financières, la CAN 2022 a échappé à un nouveau report, et se tiendra bien du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Un long parcours du combattant pour les Lions indomptables, organisateurs du tournoi, pour qui les défis demeurent multiples.

En janvier 2019, la Confédération africaine du football (CAF) avait estimé que le pays n’était pas prêt pour accueillir la compétition et en avait attribué l’organisation à l’Égypte. La CAN devait finalement se tenir au Cameroun en 2021, mais avait été repoussée d’un an en raison de la pandémie. Et en 2022, la gestion de l’événement par les Lions indomptables a failli connaître une funeste destinée. Mi-décembre, l’Association européenne des clubs (ECA) avait alerté la Fifa par courrier de l’absence de protocole médical et opérationnel adapté pour la compétition. Sans ce dernier, de nombreux clubs menaçaient alors de ne pas « libérer les joueurs pour le tournoi », mettant en péril la raison d’être de la compétition continentale.

Le football africain face à la grogne des clubs européens

Au-delà des difficultés d’organisation liées au Covid-19 et son nouveau variant Omicron, la CAF s’est vue confrontée à la colère de certains clubs, majoritairement anglais, qui souhaitaient pouvoir conserver leurs meilleurs éléments sur leur sol. Les joueurs africains appelés par leur sélection étaient alors en effet dans l’obligation d’effectuer une quarantaine à leur retour au Royaume-Uni, les éloignant des terrains britanniques pour une durée plus longue. Nombre d’entre eux rechignaient ainsi à laisser leurs meilleurs éléments rejoindre leur équipe nationale. Surtout sans savoir quand ils rentreront… et dans quel état de santé.

Une préoccupation partagée par le président de la Fifa, Gianni Infantino, qui avait lui-même avancé plusieurs arguments favorables au report de la compétition en 2023 : incertitudes concernant les infrastructures camerounaises (comme en 2019), dégradation de la situation sanitaire en Afrique, propagation virale du variant Omicron en Europe et possible refus des clubs de laisser partir leurs joueurs. Une posture bien différente – plus réticente – de celle adoptée lors de l’organisation de l’Euro ou encore de la Copa America en 2021, malgré une épidémie croissante et des conditions de voyages très complexes.

Yes we CAN !

Mais si le football européen a tout fait pour tenter de faire capoter la CAN 2022, c’était sans compter sur la détermination du patron du football africain, Patrice Motsepe, qui a su tenir son cap. Sommé par la Fifa et Gianni Infantino en personne de reporter ou d’annuler la Coupe d’Afrique des nations, le président de la Confédération africaine de football (CAF) s’était montré rassurant dès le mois de décembre lors de sa visite des installations à Yaoundé. « Nous serons tous présents au Cameroun dans quelques semaines. Parce que cette Coupe africaine est un tournoi pour le peuple camerounais et le peuple africain. Je suis si fier du travail effectué. On peut se rendre compte de l’ampleur des engagements pris pour que les problèmes évoqués ces derniers jours soient réglés. »

Une détermination partagée par Paul Biya (88 ans), président du Cameroun depuis près de quatre décennies, qui avait fait de l’organisation de la CAN une priorité de son nouveau mandat) malgré « l’indécence » du coût de l’organisation, dénoncé par l’opposition, dans un pays où le taux de pauvreté atteint près de 40 %. Des investissements massifs avaient ainsi été débloqués pour la construction et la rénovation de stades, avec deux infrastructures spectaculaires : les stades d’Olembe (Yaoundé) et de Japoma (Douala). Une instrumentalisation politique de l’événement, décisive pour le dirigeant autoritaire africain en vue de redorer son blason, notamment après sa victoire contestée à la présidentielle de 2018 et la répression quasi systématique de l’opposition politique dans le pays.

Le foot européen n’aura donc pas eu le dernier mot, mais aura su « emmerder » – pour reprendre un terme usité ces derniers jours – le voisin africain dans un ultime élan de panache. Les clubs du Vieux Continent, après s’être assurés qu’il n’y aurait pas de quarantaine à l’aller comme au retour, au gré d’un accord entre la CAF et la Fifa, ont ainsi pu libérer leurs joueurs le 3 janvier. Le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2022 (Cameroun-Burkina Faso) aura donc bien lieu dimanche, à 17 heures, et sera à suivre en direct sur le site du Point. Désormais, les Lions indomptables espèrent une réussite sur le plan sportif, cinq ans après leur dernier sacre continental.

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