entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, le stade de la réconciliation définitive?

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entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, le stade de la réconciliation définitive?
entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, le stade de la réconciliation définitive?

Africa-Press – Senegal. Baptiser un joyau architectural sportif de 238 millions d’euros du nom d’un adversaire politique vivant n’est pas forcément innocent. Le Président sénégalais l’a fait mardi pour son prédécesseur. Et il en attend peut-être des dividendes.

À part ses échecs aux élections locales du 23 janvier 2022, la grève continue des enseignants du cycle secondaire et la hausse vertigineuse des prix, le chef d’État sénégalais Macky Sall surfe sur un nuage. Président en exercice de l’Union africaine depuis le 5 février 2022, parrain des Lions du Sénégal vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) à Yaoundé le 6 février 2022, il a inauguré ce 22 février le stade flambant neuf érigé dans la ville nouvelle de Diamniadio à 45 kilomètres de Dakar. Un joyau de 50.000 places sorti de terre avec 238 millions d’euros (environ 156 milliards de francs CFA) grâce aux compétences turques. Une cérémonie sous le sceau d’une réconciliation politique espérée avec son prédécesseur. C’est en effet à Abdoulaye Wade qu’a été attribué le nom du nouveau stade appelé à abriter dorénavant les grandes rencontres internationales du Sénégal.

Entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, les histoires ne finissent jamais, toujours centrées sur des rapports de forces politiques sur fond d’ententes tactiques scellées par l’entremise de mystérieux émissaires, mais jamais dévoilées. Cinq ans après avoir refusé que son nom soit associé au nouvel aéroport international de Diass, Wade est allé à Canossa, sans tambours ni trompettes. Il a félicité « le Président Macky Sall pour cette réalisation » et s’est dit « honoré par ce geste et cette marque de reconnaissance qu’il accepte », dans un courrier rendu public par son parti. Un revirement qui interroge.

Célèbre autant pour ses chroniques politiques et sociales que par ses publications, Mody Niang rappelle que les relations entre Wade et Sall « n’ont jamais été au beau fixe, en tout cas au moins depuis que Karim Meïssa Wade, fils bien aimé de son père, a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite ». D’ailleurs, « leurs relations ont été si mauvaises que le +père+ [Abdoulaye Wade, ndlr] a eu à traiter publiquement et sans état d’âme le +fils+ [Macky Sall, ndlr] d’+esclave+ et d’+anthropophage+. Le +fils+ ne peut pas oublier, non plus, la manière dont le +père+ l’a fait chasser de la présidence de l’Assemblée nationale » en 2008, début de la longue marche de Sall vers la présidence.

Exilé au Qatar depuis 2016 après une grâce présidentielle, puis déchu de ses droits civiques et politiques, Karim Wade est devenu un mystérieux objet politique, de même que son père d’ailleurs. Leur trajectoire commune est souvent considérée comme illisible par de nombreux observateurs. Que cherchent-ils en réalité dans des postures variant de l’ambiguïté à la radicalité face au pouvoir de Macky Sall?

La cérémonie d’inauguration du stade Abdoulaye-Wade a rassemblé plusieurs milliers de personnes et des invités de marque pour le Président Macky Sall. Ses homologues Paul Kagamé du Rwanda, George Weah du Liberia, Adama Barrow de la Gambie, Umaru Sissoco Embalo de la Guinée-Bissau ainsi que les Présidents turc Recep Tayyip Erdogan et allemand Frank-Walter Steinmeier étaient dans la loge présidentielle. Un match de gala a opposé des légendes du football africain à des anciennes gloires sénégalaises.

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