Africa-Press – Senegal. Le diable se situe toujours dans les détails, y compris dans la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Une étude pour le moins originale récemment présentée à une conférence internationale se déroulant à Phoenix (Etats-Unis) a eu l’idée d’évaluer le rôle du positionnement de la tête chez des patients présentant un AVC ischémique, les plus fréquents (80%), ceux se produisant quand une artère cérébrale se bouche, un mécanisme différent des AVC hémorragiques, en lien eux par exemple avec une rupture d’anévrisme.
AVC et horizontalité prolongée
Les chercheurs se sont ici intéressés à la position de la tête du patient entre son arrivée aux urgences et le transfert vers un centre de radiologie interventionnelle pour la réalisation de la thrombectomie, le geste mécanique associé à la thrombolyse, consistant à aller chercher le caillot pour l’extraire.
Ils ont eu l’idée de comparer deux groupes de malades, ceux avec et sans oreiller disposé sous leur tête, pendant l’attente de la thrombectomie. Les scientifiques ont pour la première fois mené un essai clinique randomisé auprès de 92 patients répartis dans 12 centres différents à travers les Etats Unis.
Et leur étude dite ZODIAC ( ZerO Degree head positionning In Acute large vessel) a utilisé dans les deux groupes une échelle (National Institutes of Health Stroke Scale, NIHSS) évaluant régulièrement la conscience, la vision, la parole, le déficit moteur et sensitif.
“Une manœuvre de sauvetage, pas un traitement”
A lire les premiers résultats de ZODIAC présentés oralement à Phénix mais non encore publiés dans une revue, il semble que les résultats soient meilleurs en cas de position horizontale de la tête (0°) en comparaison à celle du groupe “oreiller”, l’horizontalité prolongée assurant ainsi un meilleur flux sanguin au niveau des vaisseaux cérébraux.
“Le positionnement de la tête à 0° n’est évidemment pas un traitement de l’AVC , a réagi l’auteur principal de l’étude, le Pr Anne Alexandrov de l’université du Tennessee (Memphis). Il s’agit juste d’un moyen de préserver la fonction cérébrale en optimisant le flux sanguin jusqu’à ce que la thrombectomie puisse être réalisée. C’est une manœuvre de sauvetage, pas un traitement”. “Cette étude semble très intéressante, commente pour sa part le Pr Jean Philippe Désilles, neuroradiologue à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild (Paris), mais nous devons attendre sa publication pour en analyser les résultats avec précision”.
Première conclusion en tout cas: l’oreiller ne semble pas vraiment indispensable et mieux vaudrait carrément s’en passer et ne pas céder au confort apparent, histoire d’optimiser la circulation artérielle pendant le temps d’attente qui peut parfois être long.
Et le spécialiste parisien de poursuivre: “Si le geste de la thrombectomie a lui toujours lieu avec la tête positionnée à 0°, reste à savoir quelle position est la plus appropriée au décours de la thrombectomie”. A suivre donc.
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