Découverte d’un gisement fossilifère exceptionnel dans l’Hérault

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Découverte d’un gisement fossilifère exceptionnel dans l’Hérault
Découverte d’un gisement fossilifère exceptionnel dans l’Hérault

Africa-Press – Senegal. C’est sur le versant sud-est de la Montagne Noire, tout près de Cabrières, dans l’Hérault, qu’ont été découverts des centaines de fossiles datant du début de l’Ordovicien (-485,4 à -443,4 millions d’années). “On y retrouve tous les groupes d’invertébrés marins ainsi que beaucoup d’algues et les fouilles ne font que commencer !”, se réjouit Bertrand Lefebvre, paléontologue à l’Université de Lyon et qui a participé à l’exploration des sites et à la publication d’une première étude présentant leur riche contenu dans la revue Nature Ecology and Evolution.

Il y a 470 millions d’années, cette partie de la France était proche du pôle Sud

On doit cette découverte à la persévérance de Sylvie et Eric Monceret, un couple de naturalistes amateurs qui sillonne la région depuis près de 30 ans (avec plusieurs autres trouvailles à leur crédit). Ils ont repéré des premiers fossiles dans cette zone en 2015/2016. Des pièces reconnues d’intérêt en 2018, photographies à l’appui, ce qui a conduit une équipe internationale à mener une première campagne de fouilles et de récoltes de spécimens fossilisés. Un travail pas simple, “puisqu’on parle de petits sites disséminés dans une colline boisée sans sentiers”, raconte le paléontologue. De quoi éviter les curieux le temps que les fouilles soient achevées.

Il y a 470 millions d’années, cette partie de la France n’avait pas du tout sa position géographique actuelle: elle était en bordure du supercontinent Gondwana et tout proche du pôle Sud. La faune de Cabrières représente même l’environnement le plus proche du pôle Sud jamais observé pour cette époque. “La température était toutefois bien plus élevée, d’environ 10°C par rapport aux moyennes actuelles, en raison d’un puissant effet de serre. Durant cette période, on a les plus hauts niveaux de mer jamais enregistrés”, précise Bertrand Lefebvre.

Une grande diversité

Algues, éponges, vers, échinodermes, arthropodes… Entre 50 et 100 taxons ont déjà été identifiés dans la faune de Cabrières et elle pourrait en receler au moins autant, pas encore mis au jour. Tous ces organismes, mous ou biominéralisés, sont particulièrement bien préservés et certains spécimens sont partis à l’étude dans des laboratoires spécialisés à Lyon, Brest ou à Lausanne. Une caractéristique commune semble déjà ressortir: les spécimens héraultais sont plus petits que ceux que l’on retrouve dans d’autres gisements datant de la même époque, comme celui de Fezouata, au Maroc. La raison en est encore indéterminée. En revanche, la grande biodiversité constatée confirme que tout ce beau monde a migré vers l’hémisphère sud pour fuir les températures trop élevées des zones tropicales du début de l’Ordovicien.

Autre élément intéressant: certains fossiles sont typiques des faunes antérieures du Cambrien (-541 à -485,4 millions d’années) avec des radiodontes, considérés comme les premiers spécimens de la lignée des euarthropodes (tous les animaux dotés d’un exosquelette, d’un corps segmenté et de membres articulés) ou des lobopodiens, des sortes de vers munis de pattes. Ces animaux sont typiques de la faune de Burgess (Canada) vieille de 540 à 500 millions d’années. “On pensait que ces animaux à l’allure bizarre avaient disparu à la fin du Cambrien et que les ancêtres des groupes d’organismes vivants actuels leur avaient succédé. En fait, il s’agissait plutôt d’un biais lié aux sites que l’on examinait”, corrige Bertrand Lefebvre. Quand les conditions de conservation sont bonnes, elles ne révèlent pas de chute de la biodiversité à la fin du Cambrien: la transition vers les groupes modernes s’est faite bien plus en douceur.

Quelques-uns des fossiles mis au jour à Cabriès. Crédits: Nature Ecology and Evolution.

Il reste encore beaucoup à apprendre de Cabrières où les fouilles se poursuivront pendant encore plusieurs années. Chaque fossile extirpé du sol fera l’objet d’un rapport et les spécimens les plus intéressants seront étudiés avec les toutes dernières techniques d’imagerie afin de révéler leur anatomie externe et interne, leurs relations de parenté et leur mode de vie.

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