Africa-Press – Senegal. La perte d’acuité auditive, aussi appelée hypoacousie, touche 10% de la population française, selon les chiffres de l’Assurance Maladie. Un problème fréquent donc et pourtant mal pris en charge puisque seulement 17% des personnes atteintes possèdent un appareil auditif. Grâce aux données d’une enquête nationale américaine sur la santé et la nutrition, une équipe de scientifiques de l’Université de Californie du Sud a décortiqué les évaluations d’audiométrie de 10.000 adultes. Parmi eux, 1863 souffrent d’une perte auditive.
A partir de leurs réponses à des questionnaires, ils ont également pu identifier un élément clé: la fréquence de port de prothèses auditives. “Nous avons constaté que les adultes malentendants qui utilisent régulièrement un appareil auditif présentent un risque de mortalité 24% inférieur à ceux qui n’en portent jamais”, relate Janet Choi, oto-rhino-laryngologiste et première autrice de l’étude. Ces résultats ont été publiés dans la revue The Lancet Healthy Longevity.
Une différence importante
Entre 1999 et 2012, des milliers d’Américains ont participé à une enquête nationale sur la santé et la nutrition. A partir de leurs examens auditifs et de questionnaires sur leur utilisation de prothèses, les chercheurs ont identifié que moins de 13% des malentendants portent régulièrement un appareil auditif, c’est-à-dire au moins une fois par semaine, à raison de cinq heures. Et parmi les personnes atteintes de perte auditive, 8 sur 10 n’en ont jamais porté.
Pour comprendre l’impact que peuvent avoir ces aides, l’équipe de Janet Choi, née avec une perte auditive à l’oreille gauche, a suivi les patients sur une période moyenne de 10 ans après leurs évaluations. D’après leurs résultats, les appareils auditifs pourraient bien jouer un rôle protecteur dans la santé des malentendants. En effet, les chercheurs ont révélé une différence de près de 25% dans le risque de mortalité entre les utilisateurs réguliers d’aides auditives, et ceux qui n’en portent jamais. “Quelles que soient les variables telles que le degré de perte auditive, l’âge, le revenu, l’origine éthnique ou encore les antécédents médicaux”, rapportent-ils. Reste à présent à identifier les mécanismes qui pourraient expliquer cette corrélation.
Dépression et démence
L’équipe de Janet Choi s’est basée sur d’autres études pour émettre ses hypothèses. En effet, de précédentes recherches ont mis en évidence un raccourcissement de la durée de vie suite à une perte auditive non-traitée. “Et même des conséquences néfastes telles que l’isolement social, la dépression ou la démence”, précisent les chercheurs.
S’ajoutent à ces conclusions de récentes recherches sur l’utilisation des appareils auditifs. Ceux-ci pourraient diminuer l’intensité des dépressions et des démences. “Les améliorations de la santé mentale et de la cognition, associées à une meilleure audition, peuvent favoriser une bonne santé globale, et donc accroître la durée de vie”, suggère la scientifique. Aujourd’hui, elle utilise l’IA pour répertorier les choix d’aides auditives et les adapter aux besoins individuels des patients.
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