Pourquoi la situation des animaux migrateurs dans le monde est alarmante

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Pourquoi la situation des animaux migrateurs dans le monde est alarmante
Pourquoi la situation des animaux migrateurs dans le monde est alarmante

Africa-Press – Senegal. Du 12 au 17 février 2024, Samarkand est le siège de la 14e réunion des 133 Etats membres de la Convention sur les espèces migratoires.

La migration des espèces implique une coopération entre pays

Entré en application en 1979, ce texte international a pour but la protection des espèces les plus menacées. Une action forcément globale. Nombre de ces animaux migrent sur de longues distances, seuls ou en groupe, un mode de vie qui est vraisemblablement un héritage de l’adaptation aux variations climatiques au cours des ères géologiques. Ces espèces se déplacent pour rejoindre des lieux d’accouplement et d’élevage des petits, pour se nourrir ou pour retrouver des espaces de tranquillité. Cela implique donc une coopération entre les pays de départ et d’arrivée pour préserver leurs habitats. Avec, la plupart du temps, une entente entre pays du Nord et du Sud.

La convention fonctionne sur des listes d’espèces prioritaires dont on constate le déclin. L’annexe 1 regroupe les espèces les plus en danger de disparition. Elle comprend 962 espèces d’oiseaux, 94 mammifères terrestres, 58 poissons, 10 reptiles (principalement des tortues marines) et un insecte, le papillon monarque Danaus plexippus.

L’annexe 2 comprend plus de 600 espèces qui sont dans un état de conservation défavorable et qui auraient besoin d’être couvertes par des accords internationaux pour la protection de leurs habitats. Près de 400 espèces qui devraient figurer dans ces accords de protection sont sur une liste d’attente d’une décision des négociateurs de la convention. Entre 1988 et 2020, 70 espèces évaluées ont montré une détérioration de leur statut de protection, contre 14 pour lesquelles la situation s’est améliorée.

Un déclin des populations dues aux pressions humaines

Les constats délivrés par ce premier rapport jamais effectué sur le sujet ne sont pas optimistes. 84% des espèces de la liste 1 sont menacées de disparition et 18% de l’annexe 2, soit au total un quart des espèces en danger. 44% des populations couvertes par la convention sont en déclin. Ce sont les poissons qui sont le plus en péril avec 90% des espèces en forte chute. 58% des zones naturelles fréquentées par les migrateurs que les naturalistes ont pu évaluer subissent des pressions humaines fortes. Car les causes du mauvais état général de ces animaux sont principalement anthropiques.

Trois espèces sur quatre sont affectées par la dégradation et la perte de leur habitat ainsi que la fragmentation de ces zones naturelles, tout obstacle entravant les déplacements des mammifères et des poissons. Sept espèces sur dix sont affectées par leur surexploitation. C’est le cas principalement des poissons. L’agriculture et la pêche figurent parmi les principales causes, avec les pollutions et le changement climatique.

Les espèces migratrices sont d’une importance capitale

Pourtant, note le rapport, ces animaux ont une grande valeur économique, patrimoniale, culturelle qui pourrait être sauvegardée avec des mesures de protection adéquates et une meilleure gestion des prélèvements. Les espèces migratrices sont des acteurs clés de la robustesse des écosystèmes. Ils transportent des nutriments et entrent donc dans les cycles du carbone et du phosphore, sont des pollinisateurs efficaces, participent à la régulation des chaînes alimentaires (ainsi des oiseaux insectivores pour l’Europe), et sont le support d’activités récréatives et économiques, pour peu que les populations soient bien gérées. Le programme européen Diades a ainsi montré que les poissons migrateurs fréquentant les fleuves qui se jettent dans l’Atlantique Nord jouent un rôle essentiel dans la bonne santé des cours d’eau et génèrent des revenus par leur importance culturelle, tels l’alose ou la civelle en Nouvelle-Aquitaine.

Les auteurs de ce premier rapport font des préconisations qui rejoignent peu ou prou les engagements pris par les Etats en décembre 2022 lors de la 15e réunion des Etats signataires de la Convention sur la biodiversité, l’accord de Kunming-Montréal visant à protéger 30% des zones terrestres et maritimes. Il s’agit de protéger, restaurer et reconnecter les espaces naturels entre eux, d’améliorer la protection forte des zones les plus vitales pour la survie des populations, d’accentuer les efforts sur la surveillance de ces espèces et de combattre le braconnage.

Pour les poissons, c’est la surexploitation qui est dénoncée, avec la demande de quotas pour les poissons migrateurs dont l’abondance ne cesse de décroître. Il est également préconisé de réduire les pollutions diverses comme la lumière nocturne, le bruit mais aussi les dommages des pesticides et des plastiques. Une série de préconisations qui s’appliquent également aux espèces qui ne voyagent pas.

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