Africa-Press – Senegal. C’est un spectacle admiré depuis plus de huit siècles, se produisant en moyenne tous les quatre-vingts ans: l’éruption de la nova T Coronae Borealis (T CrB) qui est située dans la constellation de la Couronne boréale est en effet documentée depuis 1217. La prochaine explosion est prévue pour le mois d’avril 2024, bien que cette scène cosmique puisse se dérouler légèrement plus tôt ou plus tard au cours de cette année.
Prochaine éruption de la nova récurrente pour le mois d’avril 2024 ?
T CrB, avec ses explosions à répétition, est classée comme une nova récurrente. Une paire d’étoiles dont l’un des membres est une géante rouge, une étoile similaire au Soleil et qui a entamé une des dernières étapes de sa vie, et l’autre une naine blanche entourée d’un disque d’accrétion qui siphonne la matière de la première étoile. Habituellement stable, ce système connaît périodiquement des perturbations lorsque la naine blanche s’approche de la géante rouge, entraînant une augmentation significative de la matière drainée. Cela provoque des éruptions à la surface de la naine blanche et une brève augmentation de la luminosité de la paire, durant environ une semaine dans le cas de T Coronae Borealis.
Position de T CrB dans la constellation de la Couronne Boréale. Crédits: PopePompus.
Cependant, l’éclat de la nova, même lors de ses phases d’explosion, n’est pas particulièrement flamboyant, atteignant une magnitude maximale d’environ 2,5, légèrement inférieure à celle de l’étoile la plus brillante de la Petite Ourse. Ainsi, seules deux éruptions ont été correctement documentées, en 1866 et en 1946. Avec une période de 80 ans, on s’attendrait donc à ce que la prochaine explosion se produise autour de 2026. “Mais à partir de février 2015, T CrB s’est éclaircie et est devenue un peu plus lumineuse. Et depuis, son comportement correspond parfaitement au schéma qui a débuté en 1938 pour aboutir à l’éruption de 1946”, explique à Sciences et Avenir, Bradley E. Schaefer, professeur d’astronomie et d’astrophysique à l’université d’État de Louisiane.
“Si T CrB se comporte comme dans les années 1940, alors le prochain évènement aura lieu en 2024”, prévoit l’astronome. Plus précisément, il a calculé qu’il y a plus de 95% de chances que la nova ait lieu en 2024, 68% qu’elle se produise entre février et août et selon lui “le meilleur pari est pour avril 2024”. “Toutefois il se peut toujours que des perturbations imprévues aient pu faire dévier le timing entre 1946 et 2024, c’est pour cela que je ne parierais donc pas ma maison sur l’exactitude de cette prédiction, mais il y a peu des choses sur lesquelles je parierais ma maison”, plaisante-t-il.
Deux dates dans les archives historiques
En ce qui concerne les observations historiques, bien que seules deux éruptions aient été scientifiquement étudiées en 1866 et 1946, il est possible que les observations de T CrB remontent bien plus loin dans le temps. Bradley E. Schaefer a ainsi exploré les archives de monastères et de sociétés savantes, identifiant deux dates où des phénomènes lumineux se sont produits dans la même région du ciel. Dans une étude publiée dans le Journal for the History of Astronomy, l’astronome explique qu’il s’agit des deux premières observations documentées de la nova par des témoins humains.
La première remonte à 1217, lorsque des moines dans un monastère près d’Augsbourg, en Allemagne, ont observé le phénomène. L’abbé Burchard, témoin oculaire, a décrit une nouvelle source stellaire dans la Couronne boréale qui “brillait intensément”, était visible pendant “plusieurs jours” et était qualifiée de “signe merveilleux”, excluant ainsi d’autres interprétations telles que les comètes, qui étaient alors considérées comme de mauvais présages.
La seconde observation remonte à 1787, lorsque le révérend Francis Wollaston, membre de la Royal Society et observateur amateur expérimenté, a rapporté des observations faites à au moins quatre reprises avec un grand et un petit télescope, quelques jours avant le 28 décembre 1787. Compte tenu de l’efficience de ses instruments, il n’aurait pas pu observer le système en dehors de sa phase explosive: “la magnitude limite de Wollaston pour son astrométrie est proche de 7,8 or la magnitude de T CrB est autour de 10, quand le système est au repos” précise l’astronome.
Pour 2024, ce sont plusieurs observatoires au sol et télescopes spatiaux qui seront braqués sur cette région du ciel dès que les premiers signes de la nova apparaîtront. Ces observations combinées livreront de nombreuses nouvelles indications qui permettront de mieux modéliser le processus et, peut-être, d’en prévoir la prochaine occurrence avec encore plus de précision.
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