Africa-Press – Tchad. Le décès du président tchadien a été annoncé ce mardi 20 avril. Candidat à un sixième mandat, le 11 avril dernier, Idriss Déby Itno venait d’être proclamé vainqueur du scrutin. Des étendues désertiques de l’Ennedi, où il a grandi, à celles de la frontière libyenne, où il s’était forgé une image de guerrier intrépide, il avait traversé bien des tempêtes. Son portrait, en six actes.
L’annonce a été faite ce mardi 20 avril sur les ondes de la télévision nationale tchadienne : le chef de l’État a succombé à des blessures reçues au combat dans la région du Kanem face aux rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT).
Jeune Afrique vous propose de redécouvrir ce portrait publié début avril, alors qu’Idriss Déby Itno briguait un sixième mandat à la tête du pays.
ACTE I. L’élève
Idriss Déby Itno saurait-il encore déchiffrer le morse ? En 1977, quand il suivait les enseignements de l’école de pilotage Amaury-de-La-Grange d’Hazebrouck, dans le nord de la France, le jeune officier tchadien n’y éprouvait aucune difficulté. À 25 ans, l’enfant de Berdoba (Nord-Est) se révélait même plus à l’aise que ses condisciples à cet exercice. À l’occasion, il aidait son camarade Benaindo Tatola, qui deviendra plus tard son chef d’état-major, à se dépêtrer des examens de codage imposés par la hiérarchie de l’école. « Pour lui, il n’était pas question qu’un Tchadien échoue », racontait le général Tatola, aujourd’hui décédé.
Ancien élève de l’école coranique de Tiné et de l’école française de Fada, Idriss Déby n’a jamais été du genre à jouer solo. À Abéché, le Bideyat [peuple faisant partie des Zaghawas] intègre le lycée franco-arabe, où il devient le « maître de l’internat », relais entre les centaines de pensionnaires et l’administration. Plus tard, à l’école des officiers de N’Djamena, qu’il rejoint en 1975 après un baccalauréat scientifique obtenu à Bongor, il fait aussi figure de chef de groupe. C’était un athlète complet, toujours premier au parcours du combattant