Afrique-États-Unis : ce qui va changer en 2024 pour le Niger, le Gabon, la Centrafrique et l’Ouganda

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Afrique-États-Unis : ce qui va changer en 2024 pour le Niger, le Gabon, la Centrafrique et l’Ouganda
Afrique-États-Unis : ce qui va changer en 2024 pour le Niger, le Gabon, la Centrafrique et l’Ouganda

Maÿlis DUDOUET

Africa-Press – Tchad. Les quatre pays ont été exclus début janvier de l’Agoa, un dispositif qui ouvre le droit à des exemptions douanières pour les exportations à destination des États-Unis. Décryptage en infographies.

C’était prévu de longue date. Avant même que ne se tienne la grand-messe annuelle de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), début novembre, à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le 1er janvier 2024, le Niger, le Gabon, la Centrafrique et l’Ouganda ont été sortis de la liste des pays bénéficiant des règles douanières préférentielles dans leurs relations commerciales avec les États-Unis. Le continent ne compte donc plus désormais que 32 États « éligibles à l’Agoa ».

« Il s’agit fondamentalement d’un partenariat, de ce que les États-Unis peuvent faire avec les pays africains, et non pour les pays africains », affirmait, en novembre 2023, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, qui entame ce lundi 22 janvier une tournée africaine qui va le conduire du Cap-Vert à l’Angola, en passant par la Côte d’Ivoire et le Nigeria.

Ce texte, qui régit une grande partie des échanges entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne, est en vigueur depuis l’année 2000. En 2015, Barack Obama avait signé sa prolongation jusqu’en 2025. Le principe est simple: Washington accorde aux pays intégrés à l’Agoa des tarifs douaniers préférentiels, en échange du respect d’un certain nombre de « conditions d’éligibilité ». Parmi elles, l’obligation pour les États de respecter – ou à défaut, de faire progresser – le pluralisme politique, le respect des droits humains ou encore le respect des droits des travailleurs.

Le texte a été plusieurs fois amendé, et la liste des pays bénéficiant des largesses fiscales conditionnées des États-Unis ne cesse d’évoluer au gré de la situation politique internationale ou des changements de régime dans les États concernés.

Au total, ce sont près de 6 800 produits qui s’inscrivent dans le cadre des préférences commerciales prévues par cette loi américaine. Les produits pétroliers constituent pas moins de 45 % du total des exportations, vers les États-Unis, des pays africains producteurs. Au premier rang desquels le Nigeria, le Gabon et l’Angola. Un poids prépondérant des hydrocarbures qui se reflète fortement dans l’importance prise par ces trois pays au niveau des flux entre le continent et les États-Unis (voir graphique ci-dessous).

Des flux qui donnent aussi à voir le poids économique de chaque pays, d’une part, et l’état de ses relations avec Washington, d’autre part. Selon un rapport de la Commission américaine pour le commerce international, sur la période 2014-2021, si l’on exclut les hydrocarbures du décompte, cinq pays concentraient à eux seuls 75 % des exportations de produits relevant de l’Agoa: l’Afrique du Sud, le Kenya, le Lesotho, Madagascar et l’Éthiopie. Ce dernier pays ayant été exclu du dispositif en 2022 en raison de la guerre au Tigré.

La balance commerciale est aussi, très clairement, en faveur des États-Unis. En 2022, ce sont 9 milliards de dollars de marchandises exportées par 32 pays africains qui ont traversé l’Atlantique en profitant d’allègements de taxes douanières. Dans l’autre sens, les entreprises américaines ont exporté pour 30 milliards de dollars de biens…

Pourquoi le Niger, le Gabon, la Centrafrique et l’Ouganda ont-ils été exclus ? Les deux premiers, qui ont été le théâtre de coups d’État au cours de l’année qui vient de s’achever, ne respectent plus le pluralisme politique ni l’État de droit, a avancé Joe Biden dans sa lettre adressée au Congrès, réclamant leur exclusion.

Bangui paie pour sa part « des violations flagrantes des droits humains » et « n’a pas établi, ni fait de progrès dans le sens du droit des travailleurs, de l’État de droit et du pluralisme politique », argue le locataire de la Maison-Blanche. Sans doute, également, que le rapprochement avec Moscou n’est pas vu du meilleur œil par l’administration Biden. Quant à l’Ouganda, elle doit son exclusion aux récentes lois homophobes qui lui ont déjà valu une mise à l’index à la Banque mondiale.

Si elle est très forte sur le plan symbolique, cette ostracisation économique n’aura pas la même incidence dans ces quatre pays. Le Niger n’exportait déjà absolument aucun produit vers les États-Unis relevant de l’Agoa depuis pas moins de quatre ans, de même que la Centrafrique, dont le niveau des exportations était déjà famélique en 2022. L’économie ougandaise ne devrait, elle aussi, pas être réellement bousculée par l’exclusion de l’Agoa: ses exportations à destination des États-Unis s’élevaient à peine à 10 millions de dollars. Le manque à gagner sera en revanche un peu plus important pour le Gabon, exportateur de pétrole, mais ne devrait, là encore, pas bouleverser l’économie du pays.

Source: JeuneAfrique

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