Africa-Press – Tchad. Le Contrôleur Général de l’Autorité indépendante de lutte contre la corruption (AILC), Ousman Abdraman Djougourou, a animé, ce mercredi 4 juin 2025 à N’Djamena, une conférence de presse pour présenter le bilan de ses 100 premiers jours à la tête de l’institution. Cet événement s’est tenu en présence de ses collaborateurs et d’autres invités.
Depuis la prise de fonction de la nouvelle équipe en février 2025, l’AILC a mené 19 missions, dont 6 ont déjà été clôturées « avec succès », selon le Contrôleur Général. Ces missions ont concerné plusieurs institutions, notamment les ministères de la Santé publique, de l’Enseignement supérieur, de la Production agricole, de l’Action sociale, de l’Aménagement du territoire et du Pétrole. Elles ont également visé de grandes entités telles que la Direction générale des douanes, des impôts, du trésor et de la comptabilité, ainsi que la Société nationale d’électricité.
Ces missions ont permis le redressement des créances de l’État s’élevant à environ 632 milliards de FCFA, dont 62 milliards reversés au Trésor public. Elles ont également conduit à la récupération de 28 véhicules de l’État détournés, ainsi qu’à la suspension de 52 agents. Parmi ces derniers, 27 font l’objet de poursuites judiciaires, 4 ont été condamnés à une peine de prison ferme, 14 dossiers sont en correctionnelle, et 5 procédures civiles sont en cours pour le recouvrement des créances de l’État. Par ailleurs, l’AILC a enregistré des résultats “significatifs” au Port Sec de Ngueli. Les recettes, qui s’élevaient à 9 milliards de FCFA pour la période du 1er au 31 mai 2024, ont atteint 14 milliards de FCFA en 2025, soit une augmentation de 5 milliards de FCFA en un mois sous la supervision de l’AILC.
“Les fonds recouvrés à travers ces contrôles représentent pratiquement le tiers du budget de l’État“, a relevé Ousman Abdraman Djougourou.
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Cependant, les constatations de l’AILC sont préoccupantes. Elles révèlent de graves dysfonctionnements dans plusieurs domaines, notamment la mauvaise gestion dans l’attribution des marchés publics, avec des contrats systématiquement accordés à des entreprises écrans ou familiales, sans capacité économique ou technique, une déperdition massive des recettes publiques, ainsi que la nomination de personnes ne répondant pas aux profils requis.
Pour remédier à ces dysfonctionnements, l’AILC propose plusieurs recommandations. Parmi elles, il s’agit de renforcer l’intégrité des processus de nomination dans toutes les structures publiques et parapubliques, d’établir des lois claires pour encadrer les conflits d’intérêts dans l’attribution des marchés publics, d’interdire explicitement l’attribution des marchés aux entreprises familiales ou écrans, de mettre en place des mécanismes de contrôle et de transparence comme un guichet unique de pré-liquidation à Douala et à Kribi, à l’instar de la République centrafricaine, qui a doublé ses recettes grâce à cette initiative. Il est également recommandé de fournir l’accès au système SYDONIA à la BEAC, comme le font les autres pays de la CEMAC, de mettre fin à l’intervention illégitime d’autres services tels que l’Agence nationale de sécurité de l’État, les renseignements généraux, la Police des frontières et la Brigade mobile des douanes dans les activités de dédouanement, ainsi que d’utiliser des systèmes informatiques avancés pour automatiser les déclarations douanières, réduire les risques de fraude et limiter les contacts physiques entre les agents douaniers, les transitaires et les commerçants.
“La lutte contre la corruption est une affaire de tous. Engageons-nous ensemble pour un Tchad plus intègre, plus juste et plus prospère“, a conclu Ousman Abdraman Djougourou.
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