Pannes d’électricité au Tchad: 200 jours de coupures

1
Pannes d'électricité au Tchad: 200 jours de coupures
Pannes d'électricité au Tchad: 200 jours de coupures

Africa-Press – Tchad. Une carte récente publiée par Africa Mistes, une plateforme spécialisée dans les analyses continentales, dresse un portrait alarmant: plus de 200 jours par an sans électricité dans plusieurs pays, un fardeau qui freine le développement économique et accentue les inégalités sociales. Au milieu de ce tableau sombre, le Tchad émerge comme un cas emblématique de vulnérabilité, avec des coupures quasi permanentes qui menacent la stabilité du pays.

La carte, basée sur des données agrégées de 2023-2024 issues de rapports de la Banque mondiale et d’organisations régionales comme l’Union africaine de l’énergie, colorie le continent en fonction des jours de panne annuels. Les pays du Nord, tels que le Maroc, l’Algérie et l’Égypte, affichent un vert rassurant: moins de 30 jours de délestage par an, grâce à des infrastructures modernisées et des investissements dans les énergies renouvelables.

À l’opposé, une large bande rouge s’étend sur l’Afrique centrale et australe, où les délestages dépassent les 200 jours – soit plus de 55 % de l’année dans le noir. Le Nigeria, géant pétrolier, cumule environ 160 jours de panne ; l’Afrique du Sud, malgré ses avancées en 2024, a replongé dans des délestages de stade 6 en 2025, avec plus de 30 jours touchés en 2023 selon Eskom, son opérateur public. Le Congo démocratique (RDC) et l’Angola ferment la marche, paralysés par des infrastructures vieillissantes et des conflits.

Selon un rapport de la Banque mondiale cité par Africa Mistes, les pertes économiques en Afrique subsaharienne avoisinent les 2 % du PIB annuel, soit des milliards de dollars évaporés en productivité perdue. Les entreprises, forcées de recourir à des générateurs diesel coûteux, voient leurs marges fondre ; les hôpitaux opèrent au ralenti, et les ménages ruraux, 70 % de la population, replongent dans une précarité quotidienne. La sécheresse, qui assèche les barrages hydroélectriques comme au Zimbabwe ou en Zambie (où les coupures atteignent 12 heures par jour), et les pannes de réseau au Nigeria (12 effondrements en 2024) exacerbent le problème.

Dans ce contexte, le Tchad se distingue par sa gravité extrême, colorié en rouge vif sur la carte pour plus de 200 jours de panne annuelle. Avec un taux d’électrification nationale de seulement 9,5 % en 2024 – et moins de 3 % en zones rurales –, le pays, producteur de pétrole depuis 2003, ironiquement, prive 90 % de ses 18 millions d’habitants d’un accès fiable à l’électricité. Les données de Africa Mistes, corroborées par un rapport du Center on Global Energy Policy de Columbia University, indiquent 20 interruptions par mois en moyenne, soit près de 240 jours sans courant stable.

L’UE et la Banque mondiale allouent 500 M€ à des projets solaires décentralisés en Afrique centrale, dont 100 M€ pour le Tchad d’ici 2026. À N’Djamena, des mini-réseaux solaires pilotes éclairent déjà 50 000 foyers ruraux. Sans réformes structurelles (diversification énergétique, formation et anticorruption), l’Afrique risque de rester dans l’obscurité. Pour le Tchad, enclavé et fragile, l’accès à l’électricité est vital pour la stabilité.

 

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Tchad, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here