Afrique des arts : suivez le programme !

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Afrique des arts : suivez le programme !
Afrique des arts : suivez le programme !

Africa-Press – Tchad. De la période actuelle à fin octobre, c’est un cocktail d’événements autour de l’art contemporain africain, de la mode du continent et du film panafricain que nous proposons de partager avec vous. Classés dans le respect d’une chronologie progressive, ils se déroulent autant en Europe qu’en Afrique, et quelquefois sur les deux continents, comme c’est le cas l’exposition itinérante « Did Wher You Stand » de l’African Artists’ Foundation, qui commence dans plusieurs villes en Afrique pour se terminer à Lisbonne, au Portugal.

– « Globalisto » : les artistes inventent un nouveau monde à Saint-Étienne

En France, en région, un musée d’Art moderne et contemporain qui donne une carte blanche à un artiste africain, en l’occurrence l’artiste et DJ sud-africain Mo Laudi, pour monter une exposition dédiée à la scène artistique africaine, c’est plutôt rare ! Ce point de vue panafricain autour de « Globalisto », sur la création du continent, offre une belle expérience. Elle réunit 19 artistes, africains ou issus de la diaspora. Philosophie en mouvement, « Globalisto » invite des artistes de différentes générations qui inventent de nouveaux mondes, remettent en question le statu quo, critiquent les systèmes de pouvoir et l’exploitation des ressources. C’est aussi un appel à l’hospitalité radicale, à l’idée d’un monde sans frontières.

Parmi les œuvres, on pourra découvrir, grâce à un prêt exceptionnel provenant d’Afrique du Sud, Song of the Pick (Le Chant de la pioche, 1947) de Gerard Sekoto, une peinture iconique du travail des Noirs juste avant l’instauration de l’apartheid, en 1948. Les ingrédients de ce régime avaient été semés avec le Natives Land Act en 1913, qui réservait 7 % du territoire foncier aux populations noires et leur interdisait d’acquérir ou de louer de la terre ailleurs. Si certains des artistes présentés ont acquis une reconnaissance internationale, par exemple la Nigériane Otobong Nkanga qui présente une tapisserie, Histoires de la noix de cola – Démembrées, d’autres sont des artistes émergents, comme Marie Aimée Fattouche. Celle-ci propose une sculpture qui revisite la fable du pot de fer contre le pot de terre, et l’accompagne d’un poème.

Au-delà, l’exposition est réalisée alors que va se tenir les 6 et 7 octobre un colloque sur les questions postcoloniales et la manière dont l’art met en lumière les débats autour de ces questions. Il sera organisé avec la présence d’Achille Mbembe, Norman Ajari ou encore Elvan Zabunyan à côté d’artistes comme Raphaël Barantini, Samson Kambalu Sara Sadik et Dread Scott.

C’est au MAMC+ , jusqu’au 16 octobre.
– « Africa Fashion » : la mode africaine sur le devant de la scène à Londres

Au Victoria and Albert Museum (V & A), vénérable institution londonienne créée en 1852, la mode africaine est, depuis juillet, sur le devant de la scène. Cette exposition, déjà qualifiée de la plus vaste jamais consacrée à la mode africaine au Royaume-Uni, présente vêtements, textiles, photographies, croquis, films et séquences de défilés. Elle s’ouvre avec l’ère de l’indépendance, celle des années de la libération et de la grande transformation politique, sociale et culturelle du continent.

Le V & A présente les stylistes emblématiques du continent, comme le Nigérien Alphadi, le Malien Chris Seydou ou la Nigériane Shade Thomas-Fahm, mais aussi la jeune génération, comme la Nigériane Bubu Ogisi.

Derrière la mode se cache aussi la politique. Si Michelle Obama, la femme de l’ex-président américain, choisissait ses tenues pour mettre en avant les stylistes afro-américains, elle a eu un devancier. il s’agit du premier président ghanéen Kwame Nkrumah. En 1957, il en a fait un acte politique en s’affichant en pagne kenté, tissu traditionnel coloré et épais. Juste après avoir annoncé l’indépendance du pays, il délaisse ainsi le costume européen dans un geste symbolique.

C’est au Victoria and Albert Museum, jusqu’en avril 2023.
– « Shout Plenty » : là où dialoguent expérience et mémoire à Lagos

Cette exposition collective réunit les œuvres d’une trentaine d’artistes de tout le continent. Elle ouvre un dialogue entre l’expérience individuelle et la mémoire dans les locaux de la Fondation des artistes africains, avec le soutien de l’Alliance française.

Tirant son nom de la chanson « Go Shout Plenty » du célèbre Fela Kuti (1986), musicien révolutionnaire et provocateur, l’exposition défie de la même manière les luttes collectives à travers l’expérience de la création artistique. Sont présents des artistes tels qu’Ayogu Kingsley, Luke Agada, Adebayo Atanda et bien d’autres. Ainsi, l’exposition étudie comment l’art peut agir comme une force puissante et révolutionnaire.

C’est à la Fondation des artistes africains (AAF), du 13 août au 1er octobre 2022.
– « Did Where You Stand », exposition itinérante intercontinentale à partir de Lagos

The African Artists’ Foundation (AAF) a conçu sa première exposition itinérante, qu’elle a baptisée « Did Where You Stand ». Celle-ci se tiendra dans plusieurs lieux en Afrique : d’abord au Savannah Centre for Contemporary Art (SCCA) à Tamale, au Ghana, ensuite au White Cube de Lusanga, en RD Congo, puis au palais de Lomé au Togo enfin, au Hangar Centre de Lisbonne, au Portugal.

Son objectif : créer une nouvelle approche sur des questions comme la décolonisation ou la restitution des œuvres. Cultivant le potentiel réformateur de l’art en mettant l’accent sur les voyages et la migration, l’exposition déplace le paradigme décolonial des musées occidentaux vers une approche spécifique aux lieux où l’exposition est présentée, en se focalisant sur les solutions à apporter. L’idée est de laisser une boîte à outils dans chaque emplacement où elle sera visible pour lancer de nouveaux processus économiques régénérateurs.

C’est par l’African Artists’ Foundation, du 26 août au 2 octobre.
– Dalila Dalléas Bouzar : sa première exposition personnelle à Paris

Pour sa première exposition personnelle à Paris et dans le nouvel espace de la galerie Cécile Fakhoury, l’artiste franco-algérienne Dalila Dalléas Bouzar présente un ensemble de peintures et de broderies inédites. Le titre retenu : « Territoires de pouvoir ». L’artiste explore les pouvoirs de la représentation picturale et met en scène la puissance du corps, la mémoire, mais aussi la résistance face aux dominations.

Artiste peintre, Dalila Dalléas Bouzar a élargi sa pratique et ses expérimentations à la performance et au textile.

Dans sa série Cœur pur, elle présente des tapisseries inspirées de la technique traditionnelle algérienne du karakou, une broderie au fil d’or sur du velours noir. Les scènes sont librement inspirées de tapisseries médiévales telles que La dame à la licorne. La licorne, symbole de pureté et de puissance, devient pour l’artiste une forme protectrice pour une représentation du corps et de la sexualité libre et sans jugement.

L’exposition présente également deux grands tableaux très différents dans leur style de Femmes d’Alger, une série qu’elle poursuit depuis plusieurs années. Elle donne ainsi sa réinterprétation d’une œuvre d’Eugène Delacroix, Femmes d’Alger dans leur appartement. En s’appropriant les techniques et les codes de l’art occidental, elle met en scène sa propre vision. Son style figuratif, délicat, à la croisée du réalisme et de l’onirisme, plonge le spectateur entre ravissement et questionnement sur l’identité, le patriarcat et la domination.

L’exposition va accueillir une rencontre entre l’artiste et l’historien d’art Philippe Dagen le 29 septembre. Elle va être clôturée par une performance de peinture de 24 heures.

C’est à la galerie Cécile Fakhoury Paris, du 8 septembre au 8 octobre.
– « Le souffle des ancêtres » à Kinshasa

Cette exposition s’effectue dans le cadre de la deuxième édition de Congo Biennale et se tiendra du 16 septembre au 23 octobre 2022 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Cette biennale d’art contemporain célèbre la création congolaise, africaine et internationale. Si la première édition avait été dédiée à la riche scène congolaise et à sa diaspora, cette année, elle prend une dimension beaucoup plus large en accueillant des artistes du continent et d’ailleurs.

Parmi les 44 artistes exposés, 7 sont congolais ou issus de sa diaspora, les autres viennent de tout le continent : Afrique du Sud, Angola, Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal, Maroc, Kenya, etc., mais aussi des États-Unis, de Suisse, de Colombie…

Cette édition s’ouvre aussi à tous les arts : la peinture, l’architecture, le design, la sculpture, la photographie, l’installation, le cinéma et la vidéo, la performance, l’art numérique…

Les œuvres seront présentées dans l’espace du Kin ArtStudio : 2 500 m2 à l’emplacement d’anciennes usines textile au cœur du centre-ville de Kinshasa. On va également y trouver une exposition à l’Institut français. Des projets en résonance avec la biennale seront proposés dans divers lieux de la ville, comme l’Académie des Beaux-Arts ou le Musée national de la RD Congo. Pour le off, la Biennale se déploiera dans l’espace public. « Nous imaginons cette deuxième édition de Congo Biennale comme un parcours physique, visuel ou encore spirituel. Mais aussi comme un nouveau chapitre, celui d’une humanité qui tente de se relever face aux maux qu’elle a créés. Nous parlons d’un monde “d’après” qui se doit d’être à nouveau en harmonie avec ce qui nous entoure, qui appelle à une autre manière d’interagir avec notre environnement », détaille Vitshois Mwilambwe Bondo, directeur artistique de Congo Biennale.

En choisissant ce thème, « le souffle des ancêtres », Armelle Dakouo et Fahamu Pecou, les deux curateurs de cette biennale, invite à revisiter « les liens entre l’Afrique, ses diasporas et ses afro-descendants ». « C’est aussi une remarquable occasion de développer des échanges artistiques entre les Amériques, le Congo, et les pays du continent africain », précisent-ils.

C’est au Congo Biennale 2022, du 16 septembre au 23 octobre.
– William Kentridge : sa grande exposition à Londres

C’est la plus grande exposition au Royaume-Uni de l’artiste sud-africain William Kentridge. La Royal Academy of Arts à Londres présentera à partir du 24 septembre ses œuvres des années 1980 à aujourd’hui. Sa pratique s’étend de la gravure, du dessin, du collage, du film et de la sculpture à la tapisserie, au théâtre, à l’opéra, à la danse et à la musique.

Né à Johannesburg, il a réalisé ses premiers travaux pendant la période du régime d’apartheid des années 1980. Ses productions et animations à grande échelle ont depuis été montrées à travers le monde. « De nombreuses pièces n’ont jamais été vues auparavant, et certaines ont été fabriquées spécialement », précise la Royal Academy of Art, qui considère cette exposition comme « l’expérience artistique immersive de l’année ».

C’est à La Royal Academy of Arts, du 24 septembre au 11 décembre.
– Foire 1-54 : l’art contemporain africain de nouveau à Londres

1-54, Foire dédiée à l’art contemporain africain et fondée par Touria El Glaoui, fête ses 10 ans, à Londres. Elle va réinvestir le très bel espace du Somerset House, où elle va accueillir 50 exposants internationaux de 21 pays, son record de pays représentés depuis son lancement. Sur les 50 exposants, 17 galeries sont originaires du continent africain et 14 participent pour la première fois à cette édition londonienne. Pour rappel, 1-54 se décline aussi à Marrakech, à New York et à Paris. Parmi les nouveaux exposants à la foire, on découvrira, entre autres, Albertz Benda (New York), Berntson Bhattacharjee Gallery (Londres), Galleria Poggiali (Milan, Florence), Portas Vilaseca Galeria (Rio de Janeiro), Selebe Yoon (Dakar) et Unit London.

Les visiteurs pourront découvrir les œuvres de 130 artistes, des confirmés comme Ibrahim El-Salahi, Hassan Hajjaj et Zanele Muholi, des émergents aussi comme Sola Olulode et Pedro Neves.

Dans la cour de la Somerset House, Grada Kilomba, artiste basée à Lisbonne, présentera son installation O Barco/Le Bateau, qui sera visible du 29 septembre au 19 octobre 2022. L’impressionnante œuvre de 32 mètres de long est composée de 140 blocs dont la configuration décrit la « cale » inférieure d’un navire négrier. Outre ses éléments sculpturaux, des performances en direct, combinant chants, musique et danse, seront réalisées. Une production musicale par l’écrivain et musicien Kalaf Epalanga est également programmée.

Comme les années précédentes, un riche programme de conférences, de projections, de performances, d’ateliers et de lecture sera proposé.

C’est au Somerset House, du 13 au 16 octobre 2022.
– Foire AKAA : l’art contemporain africain à Paris

La foire d’art contemporain africain AKAA, qui se déroule traditionnellement à Paris en novembre, change de date. Pour sa septième édition, elle se déroulera du 20 au 23 octobre 2022. Au Carreau du Temple, dans le quartier du Marais, elle accueillera 38 galeries, internationales et africaines, qui présenteront les œuvres de 128 artistes.

Cette foire veut porter « un regard contemporain sur ces scènes artistiques, un regard au-delà des frontières géographiques, ouvert aux dialogues, à la découverte et à l’émerveillement sans clichés ou préconceptions », explique Victoria Mann, fondatrice et directrice d’AKAA. « Toute notre programmation culturelle sera en écho à cette thématique – du mouvement –, avec cinq tables rondes invitant artistes, critiques et commissaires à échanger autour de celle-ci », explique Armelle Dakouo, directrice artistique. AKAA éditera pour l’occasion un livre d’art, autour du mouvement.

Comme chaque année, la foire donne une carte blanche à deux artistes invités. Le Malien Abdoulaye Konaté, connu pour ses grandes tapisseries, présentera son installation monumentale dans la nef centrale de la halle du Carreau du Temple. L’artiste nigériane Nnenna Okore, qui utilise le textile pour créer des sculptures abstraites, déploiera ses œuvres dans l’espace des Rencontres AKAA. Enfin, le fonds Ellipse Art Projects présentera l’artiste primé cette année, l’Ivoirien Assoukrou Aké. Le prix Ellipse est décerné chaque année à un artiste émergent non représenté par une galerie.

– FIFP : le film panafricain à Cannes

Cannes, c’est la magie du cinéma… Pour sa 19e édition, le Festival international du film panafricain (FIFP) célèbre le cinéma indépendant du continent et de ses diasporas. « Une édition qui s’annonce merveilleuse… Certains réalisateurs se jouent des codes existants, d’autres innovent dans leur écriture cinématographique. Normal ! Ils font du cinéma… Ouf, il souffle un vent frais, un regard panafricain sur le monde ! », commentent les organisateurs. Près de 50 films seront projetés et près de 400 professionnels de l’écosystème de la culture et de l’éducation sont attendus.

Chaque année, le jury du festival décerne des Dikalo Awards (« messages » en langue douala du Cameroun) au meilleur long et court-métrage (fiction), au meilleur long et court-métrage documentaire, au meilleur acteur et à la meilleure actrice. Le FIFP, c’est aussi des conférences, des cafés littéraires, de la musique, un dîner de gala, des expositions…

C’est à l’espace Miramar et à l’hôtel Martinez, du 18 au 23 octobre.

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