A propos de l’Education des enfants au TCHAD y compris les réfugiés

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Une école primaire officielle au Tchad

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Tchad. L’éducation au Tchad est difficile en raison de la population dispersée du pays et d’une certaine réticence de la part des parents à envoyer leurs enfants à l’école. Bien que la fréquentation soit obligatoire, seuls 68 % des garçons poursuivent leurs études après l’école primaire et plus de la moitié de la population est analphabète. L’enseignement supérieur est dispensé quant à lui, à ceux qui l’ont mérité, à l’Université de N’Djamena.

A titre d’exemple, dans la région isolée du Lac Tchad, où vivent beaucoup de réfugiés, 62% des enfants ne sont pas scolarisés… Plus de la moitié d’entre eux sont des enfants en âge scolaire ayant des besoins urgents en matière d’éducation.

L’éducation est non seulement un droit fondamental, comme le souligne la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, mais elle permet également d’accéder à tous les autres droits fondamentaux, selon l’UNESCO, et est le fondement de l’exercice de la citoyenneté des individus.

Enfants non scolarisés dans une zone rurale

Bien que le Tchad ait ratifié la Convention relative aux droits de l’Enfant et la Charte Africaine sur les droits et le bien-être de l’Enfant, leur application s’est avérée être très difficile. Il y a beaucoup de problèmes auxquels les enfants doivent faire face tels qu’un manque d’éducation, un manque d’accès aux soins de santé, la pauvreté, le travail des enfants…

A noter que les preuves existent de l’impact de l’éducation comme un instrument efficace pour lutter contre les inégalités. Elle est au cœur des stratégies de développement et entraîne de réels progrès sur la croissance économique, le progrès vers l’égalité, un meilleur état de santé, l’accès aux droits et tous les objectifs qui concourent au développement durable.

Il est donc nécessaire d’encourager une éducation de qualité gratuite et accessible à toutes et tous, objectif de longue date déjà adopté lors du Forum mondial de l’éducation Pour Tous.

Il nous a été permis de constater la difficulté pour le dispositif d’éducation officiel de toucher l’ensemble de son public présumé. Les pratiques et principes éducatifs, dans les lieux autorisés de leur application, semblaient tenus en échec parce qu’ils reproduisaient un modèle unique, étranger, installé de longue date par l’Europe.

Les efforts du gouvernement sont toujours insuffisants

Dans ce contexte, on constate que le Plan intérimaire pour l’éducation au Tchad 2018-2020, adopté en 2017, a été la stratégie sectorielle du gouvernement tchadien en matière d’éducation. Elle s’articule autour de 3 grandes priorités :
* Poursuivre la scolarisation primaire universelle de qualité en élargissant l’éducation de base au premier cycle du secondaire en veillant à la réduction des disparités,
* Améliorer la qualité et la pertinence des apprentissages à tous les niveaux,
* Renforcer la gouvernance du secteur en améliorant le pilotage, la coordination et la déconcentration.
En outre, il faut reconnaître que le Tchad a toujours accordé une importance particulière à l’éducation. Entre 1990 et 2014, il a connu une augmentation impressionnante de ses effectifs du primaire, passant de 0.5 millions d’élèves à 2.4 millions. Face à cette augmentation, amplifiée par une forte pression démographique, de nouvelles écoles ont vu le jour, et de nombreux enseignants, en particulier communautaires, ont été recrutés pour absorber les nouveaux élèves. L’implication communautaire est particulièrement forte au Tchad où les Associations de Parents d’Elèves (APE) avaient recruté elles-mêmes leurs enseignants communautaires, et d’après certaines données, non actualisées, ces derniers représentants 69 % du corps enseignant national.

Comment rendre le sourire à des enfants non-scolarisés dont des réfugiés ?

Cependant, les effectifs du primaire ont commencé à baisser en 2016 en passant de 2.4 à 2.2 millions d’élèves. En effet, la crise économique que subi le pays depuis 2016 a eu un impact important sur les scolarisations en raison de la fermeture des écoles due à la suspension des paiements des subventions des maitres communautaires. Les difficultés économiques sont par ailleurs exacerbées par la situation sécuritaire des pays voisins ainsi que la présence des groupes armés (terroristes et rebelles) dans le bassin du Lac Tchad.

Plus récemment, la crise du COVID-19 a entrainé la fermeture de tous les établissements d’enseignement du pays de mars à juin 2020 impactant la scolarisation de millions d’enfants et de jeunes.

Les zones rurales se métamorphosent, mais…

Le monde rural n’est plus un monde autocentré et isolé comme avant, dont les héritages et les messages pourraient encore être transmis sur le mode de la reproduction et de l’enfermement. Les groupes et associations urbaines s’inscrivent majoritairement dans un autre rapport à l’éducation. S’il s’agit bien de transmettre messages et techniques, langages et normes, ces pédagogies dégagent des perspectives dans le rapport au savoir et à l’autorité.
Ces espaces sont ceux de l’innovation et il est pertinent de les nommer ainsi, parce qu’ils ne peuvent être approchés ni par le modèle du métissage ni celui de l’hybridation, mais représentent une forme de créolisation soumise, “à des distorsions crées par les différentiels de pouvoirs”.

La guerre civile tchadienne a également posé des problèmes à l’éducation :
• Le manque de sécurité dans de vastes régions du pays qui a rendu difficile l’envoi et le maintien à leur poste des enseignants,
• De plus, la mobilité occasionnée par la guerre qui a fait des ravages avec des tentatives d’amener les enfants à fréquenter régulièrement les cours,
• Le détournement de ressources vers le conflit qui a également empêché le gouvernement de maintenir les niveaux de dépenses,
• Et enfin, la violence qui a fait des ravages parmi les enseignants, les étudiants et les établissements.

Exploitation des enfants dans le travail

Des enfants en âge de scolarisation exploités dans le travail

Pourtant, le gouvernement a fait des efforts considérables pour surmonter tous ces problèmes, sauf que les enfants du Tchad vivent souvent les pires situations de travail infantile, dans l’élevage de bétail et dans le travail domestique qui peuvent parfois mener au trafic d’êtres humains.
En 2018, on a considéré que le pays avait plus ou moins avancé dans ses efforts pour éliminer les pires formes de travail infantile.

Le nombre d’enfants tchadiens qui errent et vivent dans les rues est en constante augmentation et cela est principalement dû à la situation financière très instable au Tchad. Leurs droits au logement, à la santé, à l’éducation et à la nutrition ne sont pas respectés.

Que prévoit le gouvernement de transition pour sauver ces enfants et remédier au problème de leur éducation ?

Rappelons qu’au Tchad, 34,4 % des enfants entre 6 et 11 ans sont déscolarisés, tandis que plus de 800.000 enfants entre 9 et 14 ans ne vont pas à l’école. Le taux de scolarisation varie en tout entre 95 % dans le sud et de 20 à 40 % dans le nord

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