BILAN chronologique des évènements politiques survenus au Tchad en 2021

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BILAN chronologique des évènements politiques survenus au Tchad en 2021
Les Armoiries de la République tchadienne

Africa-Press – Tchad. Ce bilan à chronologie inversée retrace ici des derniers aux premiers évènements qui ont marqué la vie politique au Tchad, durant l’année 2021.

**Des défenseurs des droits humains, ont pressé le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, dans la journée du lundi 3 Janvier 2022, pour qu’il mette à profit la présidence de l’Union africaine (UA), qu’il s’apprête à assumer, pour débloquer l’indemnisation de milliers de victimes de l’ancien président tchadien Hissène Habré, aujourd’hui disparu.

Une commission d’enquête tchadienne avait chiffré auparavant à 40.000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré.

**Sept mois après s’être approprié à sa manière le pouvoir au Tchad, Mahamat Idriss Déby, 38 ans, s’efforce de se délester des conflits qui ont balisé l’existence de son paternel et fini par l’emporter en avril dernier.

Adoption de projets de loi sur l’amnistie générale

Adoptés lundi 29 novembre au conseil ministériel extraordinaire, les projets de loi d’amnistie générale accordée « à ceux qui, pour une raison ou une autre, avaient choisi la voie de l’exil et/ou de la violence pour exprimer leurs divergences politiques », répondent à une intention du président de transition de « faire table rase des vestiges hérités des périodes sombres de son pays ».

Le premier texte de loi, qui doit encore être soumis au CNT, le Parlement intérimaire, concerne « 39 personnes condamnées pour des faits d’atteinte à l’intégrité de l’Etat et de délits d’opinion ».

Le second texte concerne « 257 membres » de groupes armés, détenus et jugés après l’offensive des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR) en février 2019, pour des faits « de terrorisme, de complicité, de recrutement et d’enrôlement des mineurs de moins dans les forces armées ».

Mahamat Idris Deby, compte ainsi tourner la page du passé et l’amnistie était l’un des préalables des politico-militaires pour participer au dialogue national, permettant également à tout le monde de rentrer à la maison.

**Les principaux groupes rebelles tchadiens se sont dits, le mardi 2 novembre 2021, « disposés » à participer au dialogue national « sous certaines conditions », après des rencontres à Doha et à Paris avec le comité chargé de préparer l’événement.

Rebelles tchadiens

A noter que Mahamat Idriss Déby avait mis en place en août dernier un « Comité technique spécial (CTS) » chargé de préparer le Dialogue national inclusif (DNI), qui doit conduire à des élections présidentielles et législatives.

**Cinq mois après s’être proclamé président du Tchad, le chef de la junte militaire a désigné, le vendredi 24 septembre 2021, les 93 députés composant le parlement de transition.

**L’ancien président du Tchad, Hissène Habré, est mort à l’âge de 79 ans, au Sénégal, où il avait été condamné à la prison à perpétuité, en 2016, pour crimes contre l’humanité.

Hissène Habré après sa condamnation à perpétuité au Sénégal

**Le samedi 7 août 2021, vingt-deux personnes ont été tuées dans des affrontements survenus entre agriculteurs et éleveurs, à 200 km de la capitale, N’Djamena, une région à l’Est en proie à des conflits meurtriers entre diverses communautés, parti d’un problème foncier.

**Trois jours avant, le mercredi 4 août, au moins 26 militaires tchadiens ont été tués et plusieurs blessés, dans une attaque perpétrée par Boko Haram dans la région du lac Tchad.

**Le président français Emmanuel Macron a « réitéré son soutien à la transition » au Tchad et promis « à échéance rapprochée, une nouvelle aide budgétaire », le 5 Juillet 2021, a indiqué l’Elysée le lundi soir, à l’issue d’une rencontre avec le chef de la junte militaire et président autoproclamé tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, invité à Paris dans le cadre de la préparation du prochain sommet du G5 Sahel.

Il s’agit de la première visite officielle de travail en France du général Mahamat Idriss Déby.

**Dans un communiqué rendu public, le vendredi 4 juin 2021, l’ONU a indiqué qu’un tiers de la population du Tchad, soit 5,5 millions de personnes, a « besoin d’aide humanitaire d’urgence », a indiqué vendredi 4 juin l’ONU, qui presse la communauté internationale de débloquer rapidement des fonds supplémentaires pour les plus vulnérables.

Antonio Guterres SG des Nations-Unies

**L’Union africaine (UA) a exigé, le jeudi 20 mai 2021, que la junte qui a pris le pouvoir au Tchad après la mort du président Idriss Déby Itno achève « en dix-huit mois » un processus de « transition démocratique » débouchant sur des élections « libres, justes et crédibles ».

Rappelons qu’un Conseil militaire de transition (CMT) composé d’une quinzaine de généraux, et présidé par Mahamat Idriss Déby, fils de l’ancien président tué, lui-même général à 37 ans, a pris le pouvoir le 20 avril après avoir annoncé la mort de son père tué au front contre des rebelles.

Le CMT a immédiatement dissous le gouvernement et le Parlement et abrogé la Constitution tout en promettant des élections « libres et démocratiques » au terme d’une « transition » de dix-huit mois renouvelable une fois.

**Les militaires au pouvoir au Tchad depuis la mort du président Idriss Déby Itno ont annoncé, dimanche 25 avril soir, leur refus de négocier avec les rebelles du FACT qui ont lancé il y a deux semaines une offensive contre la capitale et s’étaient dit la veille « ouverts à un cessez-le-feu ».

Mahamat Idris Deby Président de la République de transition

**Le président français Emmanuel Macron, s’est déplacé à N’Djamena pour assister aux funérailles d’Idriss Déby, qui se sont déroulées le vendredi 23 avril 2021.

**Les principaux partis d’opposition tchadiens ont dénoncé, le mercredi 21 avril « un coup d’Etat institutionnel », au lendemain de la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, suite à la mort de son père, Idriss Déby Itno. Une trentaine de « partis politiques de l’opposition démocratique ont appelé à l’instauration d’une transition dirigée par des civils (…) à travers un dialogue inclusif », selon un communiqué publié à cette date. L’opposition « a même appelé la population tchadienne à ne pas obéir aux décisions illégales, illégitimes et irrégulières prises par le CMT, notamment la charte de la transition, le couvre-feu, la fermeture des frontières ».

Parmi les signataires du communiqué des opposants figurent le parti de Saleh Kebzabo, opposant « historique » d’Idriss Déby, et la formation de Succès Masra, un des plus farouches contempteurs du régime de l’ancien président.

**Un Conseil militaire de transition, dirigé par l’un des fils du président défunt s’est arrogé tous les pouvoirs, et la rébellion a promis de marcher sur N’Djamena « dans les heures ou les jours qui viennent ».

A noter que le général quatre étoiles de 37 ans, Mahamat Idriss Deby, qui a fait ses preuves à la tête du contingent tchadien déployé en 2013 au Mali pour épauler l’intervention militaire française « Serval », avait été nommé par son père à la tête de la Direction générale des services de sécurité des institutions de l’Etat (DGSSIE), héritière de la garde présidentielle, corps d’élite le mieux équipé et le mieux organisé de l’armée.

**La présidence française a rendu un fervent hommage, le mardi 20 avril, au président du Tchad, Idriss Déby, mort un peu plus tôt des suites de blessures contractées sur le champ de bataille.

Funérailles d’Idriss Deby Itno
Le Président français lors des obsèques à N’Djamena

L’Elysée a salué la mémoire d’un « ami courageux », « qui a œuvré sans relâche pour la sécurité du pays et la stabilité de la région durant trois décennies ».

La France « perd un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », a souligné, de son côté, la ministre des armées, Florence Parly. En effet, M. Déby était l’allié le plus solide des Occidentaux contre le terrorisme dans cette région tourmentée d’Afrique, où l’ancienne colonie française entourée d’Etats faillis faisait jusqu’ici figure d’îlot de relative stabilité.

Il n’avait de cesse de se présenter comme un « guerrier ». C’est en guerrier qu’il serait mort, selon l’armée.

**Le 19 avril 2021, le président Idriss Déby Itno, qui dirigeait le Tchad d’une main de fer depuis trente ans, fût réélu pour un sixième mandat avec 79,32 % des suffrages exprimés, selon des résultats officiels rendus publics.

Le taux de participation a été de 64,81 % pour ce scrutin remporté sans surprise dès le premier tour par le chef de l’Etat sortant. La Cour suprême devait encore les approuver après l’étude d’éventuels recours contentieux.

**L’armée tchadienne avait affirmé avoir défait une rébellion lancée le jour du scrutin, notamment le 11 avril, et tué « plus de 300 ennemis ».

La même armée avait également affirmé avoir « complètement détruit », le samedi 17 avril, la colonne de rebelles qui a attaqué le nord Kanem dimanche (11 avril), jour de l’élection présidentielle, a assuré un communiqué TV de l’état-major.

D’ailleurs, dans la capitale tchadienne, N’Djamena, quatre chars et de nombreux militaires étaient positionnés la veille des élections, le samedi soir à l’entrée nord et des véhicules militaires continuaient de sortir en direction du front, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse.

**Une semaine avant, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), un groupe politico-militaire tchadien à dominance « Gorane », une ethnie saharienne, avait fait une incursion dans le nord du pays, et avait revendiqué « la libération totale de la région du Tibesti », dans le nord du pays.

Logo du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad

**Le chef de l’Etat sortant se sentait rassuré de remporter le scrutin qui devait se tenir le 11 avril, mais son clan est fissuré par les divisions internes.

**Human Rights Watch (HRW) a accusé, le jeudi 8 avril 2021, les forces de sécurité tchadiennes d’avoir mené « une répression implacable » contre des opposants à l’approche de la présidentielle du 11 avril que le président sortant, Idriss Déby Itno, candidat à un sixième mandat, était assuré de remporter.

L’organisation des Droits de l’Homme HUMAN RIGHTS WATCH

Depuis plusieurs mois, des partis et organisations de la société civile appelaient chaque samedi à marcher « pacifiquement » pour une « alternance au pouvoir ». Des marches interdites et violemment dispersées au moindre rassemblement, les policiers cernant le siège des partis et le domicile de leurs leaders. Selon des témoins interrogés par HRW, « des forces de sécurité auraient passé à tabac des manifestants avec des fouets, des bâtons et des matraques ».

« Un manifestant avait également déclaré qu’il avait été soumis à des décharges électriques pendant sa détention », indiquait l’ONG de défense des droits humains, dans son communiqué.

**Le principal opposant au Tchad, Saleh Kebzabo, avait procédé au retrait, le lundi 1er mars 2021, sa candidature de la présidentielle du 11 avril, en accusant le président Idriss Deby Itno, grand favori pour un sixième mandat, d’intimider ses rivaux par l’usage de la répression.

Le candidat malheureux des présidentielles Saleh Kebzabo

Kebzabo, à quatre reprises candidat malheureux contre Deby père, avait annoncé son retrait au lendemain d’une sanglante tentative d’arrestation par l’armée à son domicile à N’Djamena d’un autre candidat déclaré, qui s’était soldée par la mort d’au moins trois personnes : la mère du candidat et deux militaires.

Condamnant « l’attaque militaire du domicile de Yaya Dillo Djerou », le député de l’opposition a dénoncé « le climat d’insécurité qui entachera certainement la campagne électorale pour les candidats qui vont affronter Deby »

**Deux personnes ont été tuées et cinq blessées, le dimanche 28 février, à N’Djamena, au cours de la tentative d’arrestation d’un opposant, candidat déclaré à la présidentielle du 11 avril au Tchad.

« Il y a eu deux morts et cinq blessés, dont trois parmi les forces de l’ordre », lors d’une tentative d’interpeller l’opposant Yaya Dillo Djerou à son domicile de la capitale tchadienne, a indiqué dans un communiqué Chérif Mahamat Zene, porte-parole du gouvernement.

Ancien chef rebelle, Yaya Dillo Djerou avait rallié en 2007 le président Deby, dont il était devenu ministre avant d’occuper plusieurs postes de conseiller à la présidence de la République. Il fut ensuite représentant du Tchad à la Commission des Etats de l’Afrique centrale (Cémac) jusqu’en 2020.

Le maréchal Idriss Deby Itno (de son vivant)

A noter qu’Idriss Deby Itno avait lancé un avertissement sec : « Chaque Tchadien et Tchadienne est tenu de respecter les lois du pays. Quand vous vous mettez en travers de la loi, ne vous étonnez pas. Vous n’êtes pas au-dessus de la loi. Je n’accepte pas le désordre. »

**Le 16 Février 2021 – Alors que cinq pays du Sahel, réunis lundi 15 février en sommet avec la France à N’Djamena, ont réclamé des efforts financiers supplémentaires pour combattre les djihadistes, le président tchadien, Idriss Deby, avait pris les devants, annonçant dans la soirée l’envoi de 1.200 soldats dans la zone dite des « trois frontières », entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour lutter contre les djihadistes, selon un tweet publié par la présidence.

L’envoi de soldats tchadiens avait été annoncé il y a un an lors du précédent sommet de Pau. Mais plusieurs facteurs avaient empêché leur déploiement : une menace djihadiste grandissante sur les bords du lac Tchad, mais également un désaccord constant entre N’Djamena et ses partenaires sur les modalités de ce déploiement.

**Le 6 Février 2021 – Le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno, avait été investi sans surprise par son parti en tant que candidat pour un sixième mandat à l’élection présidentielle du 11 avril, pour laquelle il faisait figure de grand favori, malgré ses trente ans au pouvoir.

Personne ne pouvait contester que Déby Itno, âgé de 68 ans, dirigeait le Tchad d’une main de fer, tout en étant largement soutenu par la communauté internationale, qui voyait en lui un allié de taille et essentiel dans la lutte contre les groupes armés, et également un élément stabilisateur dans la région, alors que son pays est entouré d’Etats aussi faillis que la Libye, la République centrafricaine ou le Soudan.

On devrait se poser tant de question sur la « présidentielle du 11 avril 2021 au Tchad. En effet, à quoi servait encore une élection présidentielle au Tchad ?

Sans rival, sans compétition ouverte, doté de tous les moyens de l’Etat, y compris la force, qui demeurait pour lui une éternelle option, le président sortant Idriss Deby avançait sans risque vers sa réélection. Un sixième mandat qu’il devrait s’offrir par les urnes, trente ans après avoir conquis le pouvoir par les armes.

Selon les observateurs, le scrutin, vidé de toute substance démocratique, et qui était prévu le dimanche 11 avril 2021, semblait bien être une simple formalité. Le moindre rassemblement de protestataires est aussitôt maté. Aucun des six candidats qui se présentaient contre le chef de l’Etat sortant n’apparaissait en mesure de provoquer ne serait-ce qu’un second tour. L’idée n’était jamais évoquée par les acteurs politiques tchadiens ou par la société civile.
Anouar CHENNOUFI

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